«Arrêtons de prendre Donald Trump pour un psychopathe
FIGAROVOX/ANALYSE - Alors que nombre de commentateurs se refusent à voir la politique de Donald Trump et préfèrent le réduire à des pathologies cliniques, il faudrait plutôt juger ce dernier sur ses résultats, pour lesquels il n'a pas à rougir, analyse Nicolas Lecaussin.
Nicolas Lecaussin est Directeur de l'IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales), think-tank libéral.
Difficile d'y échapper. Emissions de radio ou de télé, articles, reportages, débats ou conférences, la très grande majorité ont pour sujet la santé mentale de Donald Trump. Le bruit court qu'il serait «psychopathe». Aux États-Unis, d'après une lettre «anonyme» provenant, selon le New York Times, de l'intérieur de l'administration, Trump serait «atteint de folie». Un livre intitulé «Fear» («Peur») vient de paraître. En France, on voit même Trump sur la couverture d'un livre intitulé «Ces psychopathes qui nous gouvernent», entouré de plusieurs figures toutes plus sanguinaires les unes que les autres.
Comme il s'agit du président des États-Unis, pourquoi prendre des gants? Il est bien digne de ses prédécesseurs. On le sait bien, nous les Français, les hôtes de la Maison Blanche sont presque tous des demeurés arrivés à la fonction suprême par on ne sait quel miracle! Carter n'était qu'un vulgaire «marchand de cacahuètes», Reagan un «cow-boy excité», George W. Bush «un véritable idiot». Et maintenant voici Trump le «psychopathe».
Rassurons ceux qui sont convaincus de la maladie mentale de Trump: la Constitution et le système politique américain ont tout prévu. Il est possible de destituer un président atteint par la folie. Un vice-président est prêt à prendre la relève. Le Congrès est suffisamment puissant pour pouvoir assurer le fonctionnement de la démocratie. Et, après tout, plusieurs anciens présidents - Wilson, Eisenhower, Johnson - ont continué à exercer malgré la maladie, plus ou moins cachée. Aucune crainte à avoir de ce côté.
Trump a mis en place une réforme fiscale tout à fait cohérente qui n'a rien à envier à celle de Reagan au début des années 1980, et il a fait repartir la machine économique américaine.En revanche, on peut s'inquiéter de la facilité avec laquelle ces experts se laissent convaincre avant tout examen sérieux. Déjà plusieurs journalistes américains, dont un ancien Pullitzer, ont été licenciés ou ont démissionné pour avoir raconté n'importe quoi sur l'actuel président.
Il est vrai que Trump adore tweeter. Ses tweets sont parfois trop spontanés, instinctifs, voire virulents. Certains sont très vulgaires. Ils comportent souvent des attaques envers les personnes. L'hôte de la Maison Blanche gagnerait beaucoup en faisant attention avant de rédiger son message. Mais, parfois, ses tweets ne font pour la plupart que rendre compte de la situation des États-Unis en reprenant des statistiques et des chiffres officiels.
Dans le pays du «psychopathe» Trump, le taux de chômage est à 3.8 %, celui des Afro-américains n'a jamais été aussi bas, les investissements des entreprises battent des records, l'indice de confiance des consommateurs atteint le plus haut niveau depuis 18 ans et la croissance économique a été revue à la hausse: 4.7%! Les experts hostiles à Trump en tiennent-ils compte?
Très impliqué dans les primaires républicaines avant les élections de midterm (mi-mandat) de novembre, Trump a fait gagner les candidats qui se réclamaient de lui. Sur 37 candidats républicains qu'il a soutenus, seuls deux ont perdu. Très bizarre, ce président «psychopathe». En outre, il a mis en place une réforme fiscale tout à fait cohérente qui n'a rien à envier à celle de Reagan au début des années 1980 et il a fait repartir la machine économique américaine.
On peut très bien critiquer Trump, mais avec des arguments solides. Ce qui demande un minimum de culture et de compétence. L'insulter à longueur de journée est indigent et grotesque.L'adversaire numéro 1 de la plupart des médias américains a aussi choisi de déréglementer en supprimant des normes inutiles, il a donné de l'air aux entreprises et aux investisseurs. Pire encore: il a facilité l'embauche et le licenciement des fonctionnaires fédéraux afin de diminuer le rôle et le pouvoir de nuisance des syndicats. Délire de psychopathe?
Sur le plan international, le même «psychopathe» a tendu la main au dictateur de la Corée du Nord alors que tout le monde craignait un affrontement militaire. Il a demandé un effort supplémentaire aux membres de l'OTAN - rien de vraiment anormal - sans rien changer aux engagements de l'Amérique. Il vient de signer un nouvel accord commercial avec le Mexique et il y en aura probablement un autre avec l'Europe.
On peut très bien critiquer Trump, mais avec des arguments solides. Ce qui demande un minimum de culture et de compétence. L'insulter à longueur de journée est indigent et grotesque. C'est obsessionnel, pour reprendre le titre du célèbre livre de Jean-François Revel à propos de l'antiaméricanisme des Français. À tel point qu'on se demande parfois qui est vraiment «psychopathe».
DERNIÈRE MINUTE : (Dreuz Info)
- Le chef de la police du Capitole, Steven Sund apporte la preuve que Trump n’a pas incité les émeutiers à forcer l’entrée du capitole lors de son discours :
lors de sa première interview à la caméra depuis l’attaque du Capitole mercredi, a déclaré qu’il a demandé aux responsables de la sécurité de la Chambre et du Sénat la permission de faire appel à la Garde nationale deux jours auparavant et que cette demande lui avait été refusée.