Ô défunts, levez-vous !
L’automne plombe le ciel ;
La chape de plomb s’étale,
Recouvrant le ciel opale ;
Le jour, rayons livides,
D’une face automnale
Grisaille les humeurs
Coulant d’une terre attristée,
Ternit les humeurs
Tombant d’une tête ombrageuse ;
L’automne célèbre les morts.
Le lumignon d’un sourire céleste
Éclaircit par moment la destinée funeste.
La mort crie sous les ailes grises d’un oiseau,
Et les cils d’une paupière d’automne
Battent la lueur d’un fragile flambeau.
Mais en méditerranée,
Le cyprès toute l’année éclaire la mort ;
Il fait briller la prunelle
Perdue dans la nuit éternelle.
Maints doigts verts d’une plante de cimetière
Verdissent la pâleur qui plombe
Des visages familiers ;
Le deuil surplombe leur esprit.
Le cyprès, fusée verdâtre,
Propulse leurs pleurs vers les cieux
Et dégage cette quiète verdeur
Qui rassérène les hiboux
Au pied de l’automne.
Les écailles du cyprès,
Les tenailles d’une illusion,
Semblent verdir les morts
Plongés dans l’obscurité,
Semblent couvrir le hululement
D’une verte musique.
C’est la ritournelle d’un arbre
Annonçant aux morts
L’air de la Toussaint.
Ô défunts, levez-vous,
La messe du souvenir
Célèbre l’automne,
Le printemps de vos nuits.
David Frenkel (Publié aussi sur le site De Plume en Plume)