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  • Ô défunts, levez-vous !

    L’automne plombe le ciel ;

    La chape de plomb s’étale,

    Recouvrant le ciel opale ;

    Le jour, rayons livides,

    D’une face automnale

    Grisaille les humeurs

    Coulant d’une terre attristée,

    Ternit les humeurs

    Tombant d’une tête ombrageuse ;

    L’automne célèbre les morts.

    Le lumignon d’un sourire céleste

    Éclaircit par moment la destinée funeste.

    La mort crie sous les ailes grises d’un oiseau,

    Et les cils d’une paupière d’automne

    Battent la lueur d’un fragile flambeau.

     

    Mais en méditerranée,

    Le cyprès toute l’année éclaire la mort ;

    Il fait briller la prunelle

    Perdue dans la nuit éternelle.

    Maints doigts verts d’une plante de cimetière

    Verdissent la pâleur qui plombe

    Des visages familiers ;

    Le deuil surplombe leur esprit.

    Le cyprès, fusée verdâtre,

    Propulse leurs pleurs vers les cieux

    Et dégage cette quiète verdeur

    Qui rassérène les hiboux

    Au pied de l’automne.

    Les écailles du cyprès,

    Les tenailles d’une illusion,

    Semblent verdir les morts

    Plongés dans l’obscurité,

    Semblent couvrir le hululement

    D’une verte musique.

    C’est la ritournelle d’un arbre

    Annonçant aux morts

    L’air de la Toussaint.

    Ô défunts, levez-vous,

    La messe du souvenir

    Célèbre l’automne,

    Le printemps de vos nuits.

    David Frenkel (Publié aussi sur le site De Plume en Plume)

  • Deux sonnets

    Nature, je te glorifie en permanence ;

    Tu ne connais point la fatigue, la faiblesse.

    Les fruits savoureux, les belles inflorescences

    Depuis des millénaires content ta noblesse ;

     

    Les planètes tournent à la même cadence,

    Les galaxies s’éloignent à toute vitesse.

    Extasions-nous devant l’admirable constance

    De cette nature qui fait preuve de sagesse.

     

    La beauté du ciel, la couleur d’une campagne

    A chaque instant de la vie, nous accompagnent,

    Exaltent, ravissent, enchantent les prunelles.

     

    Depuis la naissance jusqu’à notre trépas

    Nous sommes plongés dans les lois universelles

    Elles nous rassurent et guident bien nos pas.

     

     

    L’oncle Joseph était un personnage rustre ;

    Ses yeux en amande reflétaient la bonté

    D’un petit homme trapu aux manières frustres

    Qui comprenait le malheur des déshérités.

     

    Son nez ressemblait à celui d’un clown illustre ;

    Son air comique déchaînait l’hilarité.

    Souvent installé dans une chaise à balustre,

    Il imitait les grandes personnalités

     

    Parfois, il prenait les poses les plus burlesques

    Pour mimer les caractères les plus grotesques

    Et fustiger ceux à l’ego démesuré.

     

    Sous son comique terriblement ravageur,

    Se cachait un bel altruisme, bien inséré

    Dans les profondeurs de son esprit, de son cœur.

    David Frenkel

  • Criez désormais !

    Garder le silence ?

    Devant les insultes

    A son obligeance.

    Tenez votre langue,

    Affreuses vipères, 

    Vous l’avez blessé.

    Vos phrases balancent

    Le cruel tumulte

    De votre arrogance

    Dans la vile harangue.

    Ses pleurs vitupèrent

    L’affront ressassé.

     

    Garder le silence ?

    Devant la famine

    Exterminatrice.

    Comment restez cois !

    Que vos intestins

    Gargouillent de faim

    Devant l’insolence

    De vos vitamines

    Quand la cicatrice

    Rend inadéquat

    Vos royaux festins.

    Pleurez donc enfin !

     

    Garder le silence ?

    Devant les massacres

    Honte à nous humains !

    Nous sommes coupables

    De n’avoir jamais

    Hurlé le dégoût

    Pour la nonchalance

    Qui hélas consacre

    Les vilaines mains

    A l’insupportable.

    Criez désormais !

    Ayez du bagout !

    David Frenkel

    (Publié sur le site De Plume en Plume)