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  • Je dénonce la turpitude d'une Maison d'édition

    L’AFP nous apprend que l’éditeur français Fayard vient d'annoncer la publication le 2 juin de son édition critique de «Mein Kampf», exposé de l’idéologie raciste et antisémite d’Adolf Hitler, et le versement des bénéfices à la Fondation Auschwitz-Birkenau. C’est l’aboutissement d’un projet d’une dizaine d’années pour cette maison d’édition, qui a décidé d’intituler le livre «Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf», nous apprend l'AFP 1).

    Je dénonce la turpitude de l’éditeur Fayard. Je pense que le versement des bénéfices à la Fondation Auschwitz-Birkenau, ne peut servir l'indécence. Diantre, à quoi bon pondre une critique sur l'odieux ouvrage écrit par un hideux personnage. La théorie rebutante et révoltante qu'il contient doit nous faire vomir tous. Analyser le gazage de six millions de juifs dans un contexte historique est fondamentalement pervers, car cela sous-entendrait que la Shoah fut dans l'ordre des choses. Un quiconque va-t-il aussi examiner la persécution des juifs depuis des siècles et des siècles, dont la Shoah fut le summum, dans des contextes historiques ? Alors, trêve d'inepties pseudo-rationnelles ! Aucun génocide, aucun crime, aucune action infâme, ne peuvent logiquement s’expliquer, car ils n’ont pas de logique, mais relèvent des instincts les plus bas de l'homme. Le sang de l'horreur coule encore dans les veines des petits-enfants dont les grands-parents ont été exécutés sur l’autel du nazisme allemand. Alors, un peu d'empathie s'il vous plait !

    Aussi ajouté-je qu'à l’heure où l’antisémitisme dans le monde est exponentiel, remettre sur le tapis cette période douloureuse nous rappelle que pour Israël, pour l’État juif, l'histoire hélas se répète. Le monde n'a que faire des menaces d'annihilation que pèsent sur ce petit État. Le Hamas, l'Iran, la Turquie, pour ne citer qu'eux, peuvent expectorer leur dessein de se débarrasser du juif des nations sans que cela ne soulève ni condamnation officielle, ni condamnation médiatique.

    La publicité de l’AFP pour ce genre d’ouvrage est donc fort malvenue. Et si cette Agence est tant sensible à un ouvrage qui historicise un génocide, elle qui ne cesse de parler de « territoires palestiniens occupés » à la moindre occasion, puisse-t-elle prendre connaissance de l’excellent article de Jean-Patrick Grumberg que je reproduis ici en son intégralité afin d'historiciser l'établissement des juifs sur leur terre ancestrale.

    1) voir l'intégralité de l'article sur https://www.lematin.ch/story/une-edition-critique-de-mein-kampf-paraitra-debut-juin-163923167647

    David Frenkel

    Fausses cartes montrant qu’Israël vole « la terre » des Palestiniens : « c’est de l’art » dit le New York Times !

    Publié par Jean-Patrick Grumberg le 29 mai 2021

    Si vous avez passé un peu de temps sur Twitter, vous avez probablement vu ces cartes. Elles sont fausses, mais les antisémites s’en fichent : elles servent leur cause. Et les médias l’adorent : elles confirment leur culpabilité anti-colonialiste.

    Il en existe de nombreuses variantes, mais elles prétendent toutes raconter la même histoire de terres « volées » aux Palestiniens par les Juifs. La série de cartes ci-dessus est très similaire. Eh bien, cette version vient d’être publiée dans le New York Times (2) comme illustration d’un article d’un Palestinien intitulé « Le mythe de la coexistence en Israël ».

    Ces cartes sont toujours postées par des personnes troubles, qui traitent Israël de terroriste.



    En 2015, l’écrivain Shany Mor a écrit un long article sur toutes les façons dont ces cartes sont inexactes. J’ai moi-même montré (1) qu’elles correspondent à des mensonges historiques au point que rien dedans n’est vrai. Il est difficile de résumer son article détaillé, alors voici un extrait :

    En prenant chaque carte l’une après l’autre, il est facile de démontrer que la première est de loin la plus malhonnête du lot. Pour autant que j’aie pu le déterminer, elle est basée sur une carte des achats de terres du Fonds national juif (FNJ) datant approximativement des années 1920. Le FNJ a été fondé pour acheter des terres pour les résidents et les immigrants juifs dans la Palestine de l’époque, et était en partie financé par des associations caritatives que l’on trouvait autrefois dans presque toutes les écoles et organisations juives en Occident. Ironiquement, cette carte ornait souvent les murs de ces organisations.
    La malhonnêteté consistant à utiliser une carte périmée pour l’achat de terres juives avant 1948 est en fait relativement mineure. Tout comme le fait de ne pas omettre le contexte politique : Après 1939, les autorités britanniques ont interdit aux Juifs de procéder à tout nouvel achat de terres, une mesure prise pour faire un geste en réponse au terrorisme arabe. Même l’utilisation trompeuse des terres du FNJ, et uniquement des terres du FNJ, pour représenter l’ensemble de la présence juive en Palestine, n’est qu’une broutille comparée au mensonge épique représenté par cette carte : elle confond délibérément la propriété privée et le contrôle politique.
    Ce n’est pas du tout la même chose.
    Le fait est qu’avant 1948, aucune partie de la Palestine n’était sous l’autorité politique des Arabes ou des Juifs. Elle était dirigée par le gouvernement mandataire britannique, établi par la Société des Nations, dans le but exprès de créer un « foyer national juif ».
    C’était aussi – contrairement à ce que prétendent d’innombrables activistes pro-palestiniens – la première fois qu’une entité politique distincte appelée « Palestine » existait dans l’histoire moderne. Et cette entité a été établie afin d’atteindre un objectif qui était essentiellement sioniste par nature.
    Mais ce mensonge est aggravé par un autre, qui a une portée encore plus colossale : L’étiquetage de chaque parcelle de terre non possédée par le FNJ comme étant arabe ou palestinienne.
    Ce n’était tout simplement pas le cas.
    Nous disposons de données incomplètes sur la propriété foncière dans la Palestine moderne, et encore moins sur la propriété arabe que sur la propriété juive, en partie à cause de la nature très complexe du droit de propriété à l’époque ottomane. Mais la carte de la propriété privée en Palestine mandataire de cette période serait en grande partie vide : la moitié du pays est, après tout, un désert. Elle montrerait de petites parcelles de terres privées juives – comme cette carte le fait – à côté de petites parcelles de terres privées arabes, comme cette carte ne le fait pas, sans vergogne.

    Et après avoir passé en revue les problèmes des trois autres cartes, voici une partie de la conclusion de Mor :

    Dans l’ensemble, nous n’avons pas ici quatre cartes dans une série chronologique, mais quatre catégories différentes de contrôle territorial présentées avec des degrés variables d’inexactitude. Ces catégories sont :
    • la propriété privée (« 1946 »),
    • le contrôle politique (« 1967 » et « 2005 ») et
    • les plans de partage internationaux (« 1947 »).
    Elles sont présentées d’une manière qui est soit tendancieusement inexacte (« 2005 »), soit essentiellement mensongère (« 1947 » et « 1967 »), soit radicalement fausse (« 1946 »).

     

    Le rédacteur en chef adjoint du NY Times a offert une explication (3) à quelqu’un qui demandait pourquoi ils avaient utilisé cette image mensongère. Il a répondu que « c’est de l’art ».

    L’affirmation selon laquelle il ne s’agit que d’art « véhiculant un sentiment de rétrécissement de l’espace pour les Palestiniens » sonne faux lorsqu’elle reprend fidèlement à 100% des cartes reproduites partout et qui prétendent montrer les frontières. S’il s’était vraiment agi « d’art » les cartes auraient eu un aspect très différent, a répondu Shany Mor.

    Se servir d’une carte discréditée qui prétend présenter des informations factuelles et la qualifier “d’art” est une assez mauvaise idée pour le quotidien de référence. En 2015, MSNBC s’était excusé après avoir montré la même à l’antenne.

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © traduction et adaptation Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info, à partir d’un texte publié sur HotAir (4).

    1. Cette carte que vous voyez partout est mensongère, voici pourquoi

    2. nytimes.com/israel-palestinian-citizens-racism-discrimination

    3. https://mobile.twitter.com/AssafChriqui/status/1397901149118865418

    4. hotair.com







  • Des propos assassins au goût du "déjà entendu" !

    Monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères vient de dégainer les paroles suivantes : Pour la première fois, on a pu constater une conflictualité dans les localités israéliennes. Les communautés se sont affrontées. Le risque d’apartheid est fort si on continue à aller dans une logique à un État ou du statu quo. ».

    Après Charles De Gaulle qui, suite à la victoire éclatante d'Israël en 1967 contre les armées arabes désirant l'anéantir, fit cette déclaration absurde et nuisible : « les Juifs, un peuple sûr de lui-même et dominateur », et qui fut ainsi le premier à décocher officiellement sur les cendres encore brûlantes de la Shoah la première salve antisémite, et sans parler des autres officiels français qui depuis lors enfoncèrent le clou, voilà qu’un ministre français éructe sur Israël une image sortant droit de l’imaginaire anti-israélien.

    Il faut sacrément abhorrer Israël pour le jeter aux frontières d’un État palestinien qui sous l’égide du Hamas l’anéantirait.

    Il faut diablement feindre d’ignorer que des députés arabes sont représentés à la Kneset et qu’ils y représentent une force politique pouvant cracher en toute impunité sur l’État dont ils sont citoyens. On les a vu sortir de l’enceinte gouvernementale lorsque l’hymne national israélien y était entonné. Aussi Ayman Oudeh, président de la Liste arabe représentée au parlement israélien a-t-il pu écrire sans être pénalement inquiété : « La révolte décisive s’achèvera avec la fin de l’occupation et lorsque le drapeau de la Palestine flottera sur les mosquées, les églises et les murailles de Jérusalem, de la Jérusalem libérée ! »

    Il faut malhonnêtement ignorer que les Arabes israéliens, qui représentent 20% de la population du pays, font partie intégrante de la société israélienne. Juifs et Arabes israéliens travaillent ensemble depuis des décennies dans nombre d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’entreprises, de centres de recherches. Le président de la première banque du pays fut récemment un Arabe israélien, tout comme le juge à la Cour suprême israélienne qui a envoyé l’ancien président de l’Etat d’Israël Moshe Katsav en prison.

    Lorsqu’on se tient à la définition du mot « Apartheid », tel que définit par le Larousse : "Discrimination, voire exclusion, d’une partie de la population, qui ne dispose pas des mêmes droits, lieux d’habitation ou emplois que le reste de la collectivité", on peut se demander si Monsieur Le Drian a été enivré par la violence communautaire entre une minorité d’arabes israéliens et de juifs israéliens. Qu’il cuve alors son enivrement après avoir lu que la semaine dernière à Tel-Aviv des milliers de Juifs et d’Arabes se sont rassemblés pour la coexistence, et que sur Facebook, des Juifs et des Arabes ont aussi changé leur photo de profil pour y ajouter des slogans anti-guerre ou pour proclamer qu’ils "refusaient d’être des ennemis". "Citoyens juifs et arabes d’Israël, vivons ensemble", a été affiché dans un éditorial publié le 18 mai dernier dans le quotidien Haaretz.

    Alors, Monsieur Jean-Yves Le Drian, après que le premier ministre Jean Castex, lors de son intervention à l’Assemblée nationale appelant tous les acteurs au calme, n’eut aucun mot pour condamner le Hamas pour avoir tiré 4000 missiles qui visaient les civils israéliens, vous entendre évoquer un éventuel apartheid de la part de l’État juif, nous renvoie aux sombres années où l’on affublaient les juifs de maux sortant des esprits judéophobes.

    David Frenkel

    PS Et voici un communiqué du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme, BNVCA,

    BNVCA. Les Nations définitivement unies contre Israël

    COMMUNIQUE

    Le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme, BNVCA,  dénonce et condamne le parti prix discriminatoire de l’ONU à l’encontre de l’Etat juif d’Israël.

    Israël a été condamné 17 fois en 2020, contre 6 condamnations pour le reste du monde, y compris la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, etc…

    Manifestement le petit pays juif cumule l’ire des nations du monde ou du moins du monde arabo-musulman qui a une majorité automatique dans cette illustre enceinte.

    De très nombreux correspondants et internautes nous expriment leur indignation face au scandale perpétré par le haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, qui a déclaré jeudi que les frappes meurtrières d’Israël sur Gaza “pourraient constituer des crimes de guerre”. 

    Michelle Bachelet a déclaré que son bureau avait vérifié la mort de 270 Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dont 68 enfants, lors des violences de ce mois-ci. 

    De toute évidence, les 5000 missiles meurtriers et destructeurs lancés intentionnellement sur les populations civiles juives d’Israël semblent moins la préoccuper, le lynchage de citoyens juifs israéliens, la mort de nombre d’entre eux, les incendies de synagogues, pas plus.

    Le BNVCA comprend que si, en l’absence de Dôme de fer, Israël avait subi des milliers de morts, la situation eût été différente. Les Nations Unies, comme tant d’autres, préfèrent toujours les juifs morts et donc à commémorer.

    Rappelons la définition de l’antisémitisme donné par Zeev Jabotinski: “Détester les juifs plus qu’ils ne le méritent”.

    Les Nations Unies condamnent Israël plus qu’Israël ne le mérite.

    Les Nations Unies manifestent ainsi leur antisémitisme, lié à la majorité automatique donnée par le monde arabo-musulman, incapable de supporter l’existence de l’unique et minuscule pays juif.

    Nous sommes désormais en droit de penser que les valeurs de l’ONU sont inversées.  Force est de constater que cette instance internationale protège le terrorisme islamiste du moment qu’il s’attaque aux Juifs et à l’Etat juif.

  • Deux poids, deux mesures

    Avant d’en venir à l’objet de mon propos, il n’est pas inutile de rappeler que les lignes d’armistice ne sont pas des frontières ; suivant le résultat des négociations entre les pays qui étaient en guerre, ces lignes peuvent être considérées comme telles ou être peuvent être modifiées. Et pour rappel : la ligne d’armistice sur laquelle les soldats israéliens et arabes ont arrêté de combattre en 1949, aussi nommée ligne verte, sépare encore aujourd’hui Israël et la Judée Samarie, nommée Cisjordanie par la monarchie hachémite jordanienne qui a annexé et occupé ce territoire jusqu'en 1967. Seules l’Australie et la Grande Bretagne ont reconnu l'annexion.

    Les journaux français, et aussi les journaux suisse-romands, qualifient les juifs résidant au-delà de la frontière verte de « colons », et cela nonobstant les accords d’Oslo qui attribuaient à Israël l’administration de la zone C en Judée Samarie, tandis que les arabes qui y résident sont qualifiés de « palestiniens ». Lorsque la Jordanie a renoncé à la Judée Samarie en 1988 à la suite du traité de paix conclu avec Israël, les arabes y séjournant de nos jours pourraient pourtant aussi être considérés comme colonisant un territoire  dont ils n'ont aucun lien historique, les arabes ayant refusé en 1948 le plan de partage de l'ONU leur attribuant l'entière Judée Samarie; un État palestinien aurait pu alors y voir le jour. A l'heure actuelle, les négociations entre Israël et le Fatah pour y établir un État palestinien n'ont toujours pas abouti. Il en est de même pour Jérusalem-Est située également au-delà de la ligne verte. Pour quelles raisons donc y nomme-t-on les habitants juifs "colons" alors que les habitants arabes ou arabes israéliens y sont nommés "palestiniens"? Pourtant, la partie orientale de Jérusalem n’a jamais fait partie d’un État palestinien, et mise à part l'occupation jordanienne de 1948 à 1967, cette partie de la ville a toujours été juive.

    Il y a donc deux poids et deux mesures. Si l’on prend la définition de l’antisémitisme, ce traitement différencié pourrait être assimilé à une discrimination s’apparentant à de l’antisémitisme, à cet antisémitisme qui se définit comme une doctrine ou une attitude systématique envers les juifs et pouvant entraîner contre eux des mesures discriminatoires.

    Quand la Russie construit des maisons en Crimée, lorsque la Chine construit des maisons au Tibet, sans parler de la Turquie, du Maroc et de bien d’autres pays qui en font de même dans les régions qu’elles ou qu’ils occupent, nul ne parle de menaces contre la paix. Mais si Israël construit en Judée Samarie ou à Jérusalem-Est, les trompettes de l’indignation sonnent à tout va, et que d’encres se déversent pour dénoncer cet Israël servant d’exutoire à la bête immonde qui s’agite encore dans nombre d’esprits.

    David Frenkel

    PS Et pour en revenir à la guerre de Gaza, eceux que cela intéresse, je vous reproduis ci-après l'article suivant :

    MABATIM.INFO

    Regards Juifs de Versailles

    La guerre des dix jours

    (Source : REVUE DES DEUX MONDES 26 mai 2021)

    ce que l’Allemagne nazie avait testé en Espagne en 1936, l’Iran vient de le tester à Gaza : expérimenter ses armes, mettre au point ses méthodes et sa tactique de guerre, autant qu’évaluer la riposte de son ennemi. Le grand allié du Hamas fonctionne à l’identique. L’Allemagne nazie avait aussi pris la mesure de la mollesse des démocraties à se mobiliser en faveur de la République espagnole. Malgré le décalage historique, malgré, les différences politiques, il reste une constante : les régimes totalitaires connaissent les couardises des démocraties, leur lenteur à comprendre l’enjeu pour elles-mêmes. Au conseil de sécurité de l’ONU, qualifier les termes du conflit, nommer l’agresseur a été impossible. À l’Assemblée nationale, le Premier ministre Jean Castex a prioritairement exprimé son souci pour les malheurs de Gaza. Des salves de roquettes tirées indistinctement sur Israël, il ne fit pas mention.

    Ici s’arrête la comparaison.

    À la différence de la République espagnole, Israël a non seulement su contenir son agresseur, il a aussi réussi à l’affaiblir durablement sans pour autant le détruire. Rien n’est donc réglé. Un autre ennemi bien plus redoutable fourbit ses armes qu’il espère définitives. La pluie de roquettes tirées indistinctement sur tout le territoire israélien témoignait d’un projet guerrier exterminateur : sans la protection du dôme de fer, il y aurait eu des milliers de victimes civiles en Israël. Ces attaques indistinctes du Hamas révèlent un modèle stratégique dont on peut tirer la leçon : l’Iran n’hésitera pas à utiliser l’arme nucléaire contre Israël, dès qu’il en aura la capacité. Le djihad nucléaire sera l’étape suivante de l’affrontement.

    Cette perspective ne procède en rien d’un souci quelconque pour la Palestine. Le sort du peuple palestinien est le dernier souci du pouvoir iranien et de ses créatures Hamas, Hezbollah et autre djihad islamique. Cette rente idéologique n’est que l’alibi de son projet. La vision apocalyptique iranienne obéit à un projet messianique que les ayatollahs au pouvoir n’ont jamais dissimulé : détruire cette enclave juive incrustée au cœur d’un espace tout entier supposé appartenir à la sphère de l’islam.

    « Ce conflit en annonce un autre qui ne saurait tarder entre Israël et un Iran nucléaire dont la Palestine est l’alibi. »

    Toutes les démocraties le savent, tous les dirigeants du monde occidental connaissent les données de l’enjeu. Ce qui vient de se dérouler à Gaza sert de test pour elles autant que pour le mentor du Hamas. Sont-elles prêtes à reconnaître que l’idéologie du Hamas est le variant islamisé d’un projet qui a sa source dans un nazisme oriental ? Sont-elles prêtes à l’affronter ? Ou bien estiment-elles au contraire que l’on peut négocier avec cette puissance et sacrifier Israël pour une paix illusoire ? En 1938, à Munich, la France et l’Angleterre estimèrent que sacrifier les Sudètes à l’Allemagne nazie allait sauver la paix. On connaît la suite et le mot de Churchill sur Daladier et Chamberlain : « Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre, ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ». Les négociations de Vienne sur le nucléaire iranien seront-elles de la même veine ? Ce conflit en annonce un autre qui ne saurait tarder entre Israël et un Iran nucléaire dont la Palestine est l’alibi.

    Après dix jours d’intenses combats entre le Hamas et Israël, un cessez-le-feu a été imposé aux belligérants. Deux cent quarante-huit tués côté palestinien dont soixante-six enfants, dix-neuf morts dont un enfant, côté israélien. Comment interpréter ces chiffres si différents ? Tandis qu’Israël protège sa population des roquettes du Hamas, à la fois par les abris et son système de défense anti-missiles, le Hamas se protège des frappes israéliennes en s’abritant derrière sa population civile pour tirer ses roquettes. Grace à un réseau de souterrains bétonné, le Hamas a enterré ses structures militaires au cœur des villes, au milieu des immeubles civils. Les millions de dollars de l’aide internationale récoltés depuis 2014 ont été utilisés pour bâtir ce « métro » abritant ses armes.

    Cet affrontement entre un mouvement islamiste et l’État juif ajoute un nouveau chapitre sanglant à l’histoire déjà longue de cette guerre de cent ans ou de mille ans selon qu’on lise cette histoire dans le registre de la rivalité entre Ismaël et Isaac ou dans celle de l’histoire du siècle dernier et de celui qui commence. Au-delà de sa seule dimension locale, proche-orientale, la récurrence de cette affaire nous concerne, en Europe, en France particulièrement, parce que son écho déchaîne d’autres passions enfouies, nées d’un passé pas si lointain. Le poids de la Shoah d’une part, des culpabilités et d’autre part le poids des relations entre l’Occident et le monde arabo-musulman, entre la France et ses anciennes colonies surdéterminent le regard porté sur le conflit. C’est dans la trace de Vichy, de ses effets mémoriels, autant que dans le reflet de la guerre d’Algérie, de ce qu’elle implique des deux côtés de la Méditerranée, des affects nés de cette mémoire, de ses souffrances, qu’il faut fouiller pour se prémunir, ici, des guerres civiles à venir.

    « La nazification d’Israël permet simultanément de délégitimer le droit d’Israël à être : en renversant les termes de l’histoire, en identifiant les Palestiniens comme les nouveaux Juifs et Israël comme le nouveau nazi, le gauchisme retrouve en Palestine une cause exemplaire. »

    Ce Proche-Orient par procuration nous oblige ici même. C’est peut-être en France, à Sarcelles, à Trappes, à Bondy, que pourraient s’imaginer d’autres constructions intellectuelles indispensables pour sortir de ces schizophrénies identitaires qui annoncent le pire. Pour le moment, nous en sommes très loin : ce sont des manifestations de fureur haineuse qui ont déferlé dans les rues de Londres, Montréal, New York, Paris. Cette ivresse répétée apparaît davantage relever d’une pathologie collective inscrite au cœur de l’imaginaire arabo-musulman. Ce ressentiment, cette frustration, vise aussi la France quand la pensée dite décoloniale perpétue ici une guerre d’Algérie jamais finie.

    Pourtant d’autres voix existent dans le monde arabo-musulman. En Algérie, le Hirak exprime un refus de cette fatalité. Ces voix sont minoritaires, mais elles osent dirent la vérité. Kamel Daoud, Riad Sattouf, Boualem Sansal osent briser cette pensée magique qui dit que son malheur vient d’Israël et des Juifs. « Israël est l’aphrodisiaque le plus puissant pour les arabes », aimait rappeler judicieusement Hassan II, l’ancien roi du Maroc.

    Ce pré-pensé idéologique qui enferme le monde arabe dans la régression, la gauche l’a entretenu, en Occident, en France, en particulier. Cette gauche porte une lourde responsabilité dans l’entretien de ce récit, car c’est encore et toujours à travers la grille de lecture de la guerre d’Algérie que s’interprète le conflit israélo-arabe. Dans une surenchère aveugle, la gauche de la gauche fait sienne la rhétorique indigéniste et décoloniale. Jacques Julliard a parfaitement résumé les choses : « Chaque fois que la France est menacée dans son existence et dans ses raisons d’être, il se forme dans ses marges un parti collabo. D’ordinaire, ce parti est d’extrême droite et se confond avec la réaction. Aujourd’hui, il est d’extrême gauche ». Bien pire, la nazification d’Israël permet simultanément de délégitimer le droit d’Israël à être : en renversant les termes de l’histoire, en identifiant les Palestiniens comme les nouveaux Juifs et Israël comme le nouveau nazi, le gauchisme retrouve en Palestine une cause exemplaire. Ces banderoles affichant un signe = entre la svastika et l’étoile de David, resteront pour la gauche de la gauche, comme une obscénité symbolique majeure.

    « Depuis plus de vingt ans, la Palestine est sortie de ses frontières au profit du choix de la guerre sainte et du djihad dont se nourrit l’imaginaire arabe. Si ces fantasmes mortifères prennent le pas sur la raison, la guerre des dix jours durera encore mille ans. »

    Le pouvoir israélien a ses responsabilités dans l’illusion d’un statu quo dont les effets n’annoncent rien de bon pour l’avenir ; mais ça n’est pas de la politique du gouvernement israélien dont il est question dans ce qui vient de se produire et les cris de victoire du Hamas annonçant sa victoire à venir du fleuve à la mer reprennent tous les slogans matriciels de la rhétorique arabe contre l’entité sioniste. Dans un entretien à Politique Internationale, l’été 1982, Ben Bella, ancien premier président de l’Algérie, signifiait l’importance symbolique de ce conflit pour le monde arabe : « Ce que nous voulons, nous autres Arabes, c’est être, or nous ne pouvons être que si l’autre n’est pas » et il précisait : « S’il n’y a pas d’autre solution, alors que cette guerre nucléaire ait lieu et qu’on en finisse une fois pour toutes ! »

    Depuis la visite de Sadate en 1977, et assassiné pour cela en 1981, c’est toujours le pire qui a eu le dernier mot. Dans un symétrique effrayant, Yitzhak Rabin a aussi été assassiné par un fanatique juif et avec lui, le rêve de la paix d’Oslo. N’était-elle qu’une illusion ?

    Le malheur palestinien est réel et il n’y a dans ces mots aucun misérabilisme compassionnel artificiel, mais il faut se poser une autre question : que préfèrent les Palestiniens ? Quel est leur désir majeur : détruire Israël ou avoir un État ? Depuis plus de vingt ans, des opportunités d’arriver à un accord avec l’OLP ont été refusées par le leadership palestinien qui a toujours choisi la surenchère. Depuis plus de vingt ans, la Palestine est sortie de ses frontières au profit du choix de la guerre sainte et du djihad dont se nourrit l’imaginaire arabe. Si ces fantasmes mortifères prennent le pas sur la raison, la guerre des dix jours durera encore mille ans. Tant que dans la sphère musulmane on n’aura pas eu le courage de rompre avec ses mythes régressifs, tant que sera considéré comme une trahison le fait d’oser regarder en face les raisons de l’incurie qui préside aux destinées de ces peuples, le malheur de ce monde deviendra le bien commun de tous. JT♦

    Jacques Tarnero