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  • Naplouse n'est pas occupée !

    Par ce billet je fais part de mon écœurement de ne cesser de lire les mensonges que profère l’AFP et qui sont reportés sans autre par maints et maints journaux imprimés ou numérisés.

    Sous le titre Un Israélien poignardé à mort près de Tel-Aviv1), je lis "«Un homme est décédé à l’hôpital après avoir été poignardé par un suspect palestinien qui a été arrêté sur place», a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, précisant que le suspect était originaire de Naplouse, en Cisjordanie occupée, et avait obtenu un permis pour travailler en Israël. Or, selon les accords d’Oslo qui ont été signés à Washington le 28 septembre 1995, la Judée Samarie est découpée en trois zones. Les zones A comprenant les grandes villes palestiniennes : Jénine, Tulkarem, Naplouse, Qalqilya, Ramallah, Bethléem et Jéricho sont entièrement sous administration et sous contrôle sécuritaire de l’Autorité palestinienne. Les zones B sont sous contrôle civile de cette dernière, mais sont sous contrôle sécuritaire conjoint israélo-palestinien. Les zones C, quant à elles, sont entièrement sous administration et sous contrôle israélien.

    Il est donc mensonger d'écrire que Naplouse est située en Cisjordanie occupée. Non seulement l’AFP (l’ATS aussi) passe à la trappe le nom biblique « Judée Samarie » écrire que la Judée Samarie est occupée, si, sous-entendu qu'elle le soit par Israël, aurait été un non sens—, mais va à l’encontre d’une réalité factuelle qui est l’effet d’une réalité de droit.

    Je fais de l'esclandre aux responsables des rubriques «Monde» de tant de rédactions. Comment peuvent-ils déontologiquement  recopier une menterie pareille, et  contrevenir ainsi à l’article 5 de La Déclaration des devoirs et des droitsdu/de la Journaliste, je cite : Rectifier toute information publiée qui se révèle matériellement inexacte ?

    1) https://www.tdg.ch/un-israelien-poignarde-a-mort-pres-de-tel-aviv-219446249500

  • Les joies et les peines du football

    On a appris que seize agents des forces de l'ordre ont été blessés, 12 magasins ont été attaqués, et une quinzaine de véhicules ont été dégradés, dimanche soir durant et après le match Paris-SG– Bayern Munich comptant pour la finale de la ligue des champions qui a vu le club allemand l’emporter par 1 à 0. Lors de la victoire du PSG contre Leipzig, 36 personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre pour divers actes de violence. Que le PSG gagne ou qu'il perde, il draine une faune ayant envie d’en découdre. Cela m'a amené à faire la réflexion suivante :

    Les stades sont les temples du football dans lesquels on communie avec sa foi inébranlable lorsque les dieux tout en couleur se battent pour un ballon tacheté. Sus aux ennemis voulant violer les  pénates de onze preux. les joutes remplacent les fêtes religieuses. la foule implore l’appui des jambes musclées afin qu’elles frappent un ballon diabolique, afin qu’elles terrassent par un goal magique, l’adversaire ce Satan d’un jour. L’arbitre est le diable ou l’ange suivant l'équipe qu'on supporte. L’imprécation siffle l’ardeur belliqueuse, le chant fouette le cœur des idoles. La balle fait rouler les cris d’un orgasme lorsqu’elle pénètre l’arrière-garde. La croix du martyr rend au vaincu sa vertu. Tête froide ne cherche pas l’homme, sa grandeur s’échappe par les trous du chauvin, son esprit se recouvre d’un drapeau. Les individus gomment bien des différences lorsqu’ils évoquent les « allez, hop ! » Le vainqueur a pu compter sur les poteaux, le ballon a touché du bois. Le perdant allonge sur le gazon sa peine. Ses pleurs n’éteignent pas le feu de son enfer, l’objet tant convoité est du mauvais côté. La souffrance est clouée sur un ballon, la joie tourne en boucle autour d’un succès. Les foudres de la déception et les éclairs du bonheur tombent des esprits embrumés et s’abattent aveuglement. Quand la clameur cesse, lorsque la déception s’évapore, la foule exhorte les pères du ballon de servir derechef la messe du football.

    David Frenkel

     

     

  • Les persécutions des juifs en Allemagne IV (tiré de wikipedia)

    La République de Weimar et les Juifs

    L'intégration

     
    Walter Rathenau est l'exemple même du Juif allemand intégré. Industriel et ministre de la République de Weimar, il est assassiné en 1922.

    Sous la République de Weimar, tous les citoyens sont désormais égaux91, plus aucun emploi n'est interdit aux Juifs, et le judaïsme est reconnu au même titre que le protestantisme ou le catholicisme. C'est même un Juif prussien, Hugo Preuss, qui rédige la Constitution de la jeune République. Ceci explique pourquoi ses adversaires l'appellent Judenrepublik51. Les Juifs jouent un rôle important dans la vie politique, principalement à gauche, au SPD comme au KPD où ils occupent une place déterminante1. Cependant, les élites conservatrices continuent à contrôler l'armée, l'administration et la justice92. La culture d'avant-garde est largement animée par des intellectuels juifs. Éric Weil et Paul Hindemith s'illustrent dans la musique. Les mises en scène de Max Reinhardt, les romans historiques de Lion Feuchtwanger, les symphonies de Gustav Mahler connaissent un grand succès dans toute la bourgeoisie et la classe moyenne allemande. Le Frankfurter, la Vossische Zeitung et le Berliner Tageblatt sont de grands journaux dont les directeurs sont juifs51. Les scientifiques juifs continuent de briller : Otto Fritz Meyerhof reçoit le prix Nobel de médecine en 1922.

    La population juive se regroupe dans les grandes villes. Berlin accueille en 1925 le tiers de la population juive allemande, soit 175 000 Juifs. Munich en regroupe près de 100 000, soit près de 5 % de la population de la ville1. Il convient aussi de citer Francfort, Leipzig, Hambourg. Les Juifs allemands continuent leur progression sociale. À Berlin, par exemple, le , plus de la moitié des 3 400 avocats de la ville sont d'origine juive. Certains comme Erich Frei, sont renommés dans tout le pays.

    Plus de 100 000 Juifs prussiens de Pomérélie ou de Posnanie annexées par la Pologne, émigrent vers l'Allemagne. Leurs conditions sociales sont beaucoup plus misérables que celle de leurs coreligionnaires de la République de Weimar. Ils sont l'objet du traditionnel mépris pour le Juif, Ostjude « sale, malpropre, dépenaillé ». Ils sont rejetés par la population allemande, y compris par des Juifs assimilés. Ils font de Berlin un centre important de la culture yiddish68. Dans le territoire de l'Allemagne du traité de Versailles, les Juifs sont 564 000 en 1925 mais ils ne sont plus que 500 000 en 193367. L'assimilation totale d'une partie des Juifs allemands explique ces chiffres. En 1925, près de 30 % des Juifs allemands ont un conjoint non juif. En 1927, pour 100 mariages, 39 le sont avec des non juifs1.

     
    Le philosophe Franz Rosenzweig

    Franz Rosenzweig écrit en 1923, peu après la publication de son ouvrage théologique L’Étoile de la Rédemption : « Je pense que mon retour au judaïsme (Verjudung) a fait de moi un meilleur et non un pire Allemand… Et je crois qu’un jour L’Étoile sera reconnue et appréciée à juste titre comme un cadeau que l’esprit allemand doit à son enclave juive »93. Il y explique son cheminement intérieur de l'agnosticisme à la tentation chrétienne pour finalement revenir à ses racines juives94. Dans les bibliothèques des Juifs allemands, on trouve à cette époque Schiller, Kant, Goethe avec les ouvrages des rabbins orthodoxes du maître de Franz Rosenzweig, Anton Néhémia Nobel51.

    Sous la République de Weimar, l'organisation communautaire reste très décentralisée. Chaque communauté peut prélever une taxe sur tous les habitants nés dans le Judaïsme sauf s'ils ont publiquement renoncé à leur judaïsme. Il existe aussi dans certains Länder des organisations régionales comme en Bavière. L'organisation prussienne regroupe plus de 70 % des Juifs allemands. En 1932, son président Leo Baeck négocie un "concordat" avec la Prusse95.

    Face à la montée de l'antisémitisme, les Juifs allemands s'abstiennent de toute attaque verbale. Ils préfèrent montrer l'apport bénéfique des Juifs à l'Allemagne. Certains refusent de manifester, en tant que Juifs, aux côtés de sociaux-démocrates et des communistes96. Cependant, la virulence de l'antisémitisme pousse une partie d'entre eux à se poser la question de leur spécificité juive. Ainsi l'écrivain Arnold Zweig, d'abord nationaliste et belliciste, s'engage ensuite pour le renouveau juif et devient sioniste97. Des grands penseurs juifs émergent : Franz Rosenzweig, Martin Buber, Walter Benjamin et Gershom Sholem98. Du milieu du XIXe siècle à 1933, les publications d'intellectuels juifs en langue allemande sont impressionnantes par leur importance.

    Un antisémitisme de plus en plus virulent

    Pendant toute la République de Weimar, l'antisémitisme est vigoureux. La jeune république ne parvient pas à lutter contre la montée du nationalisme agressif attisé par le rejet du Diktat de Versailles. À ses débuts, elle compte plus de 100 associations nationalistes et antisémites. La plus importante des alliances antisémites est la Deutschvölkischer Schutz- und Trutzbund (DSTB), la Ligue allemande d'attaque et de défense, créée en 191999. Des orateurs parfois très renommés appellent à chasser les Juifs de l'Allemagne. Ils sont décrits comme des êtres nuisibles, de la vermine, des parasites100. Le DSTB va même jusqu'à appeler au meurtre des Juifs. L'assassinat en 1922 du ministre des Affaires étrangères Walter Rathenau, qui a joué un rôle fondamental pour le retour de l'Allemagne dans le jeu diplomatique international, est une manifestation de cet antisémitisme. Mais un million de personnes viennent rendre hommage à Rathenau lors de son enterrement101. Ses assassins sont graciés en 1930 et amnistiés totalement par les nazis en 1933. À leur mort, les nazis leur construisent un tombeau triomphal, orné des casques d'acier de la Première Guerre mondiale.

     
    Couverture du livre antisémite de Henry Ford, (en) The International Jew vol. II, édition allemande, 1922-24

    Rathenau n'est pas la seule personnalité juive victime d'attentats. Maximilian Harden, Max Warburg, Oscar Cohn sont eux aussi la cible d'actes de terrorisme102. Mais l'assassinat de Rathenau marque la fin du DSTB. Il est interdit dans la plupart des Länder allemands.

    La ruine des classes moyennes et des petits paysans par l'hyperinflation de 1922 attise les mécontentements. Il est alors facile aux nationalistes de pointer du doigt la « République enjuivée ». L'été 1922 voit se multiplier les profanations de cimetières juifs et les inscriptions sur les synagogues.

    Dès 1920, les Burschenschaften, les corporations étudiantes, décident de ne plus admettre de membres juifs ou d'ascendance juive et sanctionnent les membres qui épousent une juive. Le cartel des associations des étudiants catholiques prend la même décision97.

    Les Juifs sont bannis de toutes les organisations völkisch sans exception. En 1929, le Parti national du peuple allemand refuse désormais toute adhésion juive. Les Juifs sont également exclus de l'association des anciens combattants du Casque d'acier, Stahlhelm103.

    Les publications antisémites sont légions. Les Protocoles des Sages de Sion sont publiés en 1920 en Allemagne et connaissent un succès immédiat. 120 000 exemplaires en sont écoulés en moins d'un an. Le livre a certainement beaucoup contribué à la propagation de la folie nazie sous le régime démocratique et libéral de la République de Weimar21. De retour en Allemagne, après sept ans passés en Suisse, Albert Einstein déclare : « Je crois que le judaïsme allemand doit sa survie à l'antisémitisme »104.

    1) François-Georges Dreyfus, « Les juifs en Allemagne » » [archive], sur http://www.clio.fr [archive] (consulté le 21 mars 2008)

    21) Esther Benbassa, « Antisémitisme », Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007

    51) Les cahiers de la Shoah, n°1, « Juifs et Allemands : une "symbiose" problématique » [archive], sur anti-rev.org (consulté le 23 mars 2008)

    67) Jacques Houdaille, La population juive en Allemagne de 1852 à 1939, Population, 38e année, no 3, mai, juin 1983, p. 605-609

    68) Enzo Traverso, « Cosmopolitisme et transferts culturels, le cas des Juifs allemands » [archive], sur revue-de-synthese.eu (consulté le 17 avril 2008)

    91) Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen Âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 136.

    92) Daniel Aberdam, Berlin entre les deux guerres, une symbiose judéo-allemande, L'Harmattan, 2000, p. 33

    93) Michael Löwy, La culture juive allemande entre assimilation et catastrophe, Plurielles numéro 9 - Les juifs et l’Europe

    94) Joëlle Hansel, « Un judaïsme aux multiples facettes, Rivka Horwitz » [archive], sur scribd.com (consulté le 3 avril 2008)

    95) Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Foliohistoire, 2006, p. 318

    96) Raul Hilberg, p. 97

    97) Daniel Aberdam, p. 95-96

    98) Stéphane Mose, L'Ange de l'histoire, Rosenzweig, Benjamin et Sholem, Paris, Seuil, 1992

    99) Helmut Berding, p. 165

    100) Helmut Berding, p. 172

    101) Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen Âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 142.

    103) Paul Tolila, « Nazisme et génocide : approche de la brutalisation » [archive], sur revue-lebanquet.com (consulté le 8 avril 2008)

    104) (de) Albert Einstein, « Wie ich Zionist wurde » [« Pourquoi je suis devenu sioniste »], Judische Rundschau,‎ , p. 351