Ô défunts, levez-vous...
L’automne plombe le ciel ; la chape de plomb s’étale, recouvrant le ciel opale. Le jour, rayon livide, d’une face automnale grisaille les humeurs coulant d’une terre attristée ; ternit les humeurs tombant d’une tête ombrageuse : l’automne célèbre les morts.
Le lumignon d’un sourire céleste éclaircit par moment la destinée funeste. La mort crie sous les ailes grises d’un oiseau, et les cils d’une paupière d’automne battent la lueur d’un fragile flambeau.
Mais en méditerranée, le cyprès, toute l’année, éclaire la mort ; Il fait briller la prunelle perdue dans la nuit éternelle. Maints doigts verts d’une plante de cimetière verdissent la pâleur qui plombe des visages familiers ; le deuil surplombe leur esprit.
Le cyprès, fusée verdâtre, propulse leurs pleurs vers les cieux et dégage cette quiète verdeur qui rassérène les hiboux au pied de l’automne. Les écailles du cyprès, les tenailles d’une illusion, semblent verdir les morts plongés dans l’obscurité, ont l'air de couvrir le hululement d’une verte musique. C’est la ritournelle d’un arbre annonçant aux morts l’air de la Toussaint.
Ô défunts, levez-vous, la messe du souvenir célèbre l’automne, le printemps de vos nuits.
David Frenkel