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UN PEU DE TOUT - Page 46

  • Rideau !

    Les tissures séparent bien des mondes.

     

    La vergogne se drape d’une étoffe.

    Entrez donc chairs flasques, corps difformes,

    Le regard stoppe à la frontière d’un tissu ;

    L’œil ne se pose pas sur votre bande intime ;

    La nudité est plus belle ou moins cruelle

    Quand le vêtement étoffe l’imagination.

     

    Rideau, derrière toi on ourdit une intrigue ;

    Mais devant toi on applaudit un drame.

    Sous un manteau d’arlequin,

    La fiction est le fil conducteur.

    Confiné dans les hauteurs,

    Il laisse le champ libre à un auteur.

    La comédie et la tragédie

    S’abandonnent aux trames d’une pièce,

    S’enfilent à travers les chaînes

    Formant la texture d’un monde sur mesure ;

    Le théâtre tisse les habits des hommes ;

    La magie des mots élève un rideau.

     

    La courtine sépare deux classes

    Dans les carcasses vrombissant

    vers maintes destinations aériennes ;

    Mais piégées par les turbulences,

    Prises dans la nasse de la catastrophe,

    La camarde fusionne les deux classes.

     

    Le voile embrume les cieux féminins ;

    Il tamise la beauté d’une vénus

    Lorsque le voilage ondule sous le dogme,

    Il se détache et enveloppe la chair

    D’un ordinaire sans forme ;

    Sous la burqa, seuls des yeux jaillit la flamme

    Des âmes efféminées

    Pointant derrière les rideaux bonne femme

    Retenus par les liens hiératiques.

     

    Parfois la vilenie abaisse.

    Construit sur un sol où pousse la vanité,

    Élaboré par la suffisance,

    Un tissu de mensonges sépare certains;

    Enfoncés dans l’erreur ils se durcissent.

    Les cœurs de pierre jouent sur du velours

    Lorsque les peurs emprisonnent la raison,

    Quand les idéaux asservissent le bon sens.

    Crions alors tous: "Rideau".

    David Frenkel

    Publié sur le site De Plume en Plume qui en a fait l'illustration

     

  • Le français mourant

    Le français c’est un velours qui habille le balbutiement des pensées. L’harmonie des mots bien ordonnés vêt d’élégance la parole. La symphonie des phrases bien écrites habille de poésie la langue. Œuvre retouchée durant des siècles, sa mélodie s’invite dans toutes les bouches.

    Français, tu te meurs ; on te coupe, on te défigure. Tes belles expressions sont tailladées ; le verbe dépérit faute de génie. Le pataquès a été porté au pinacle ; la médiocrité est à la page.

    Une marée de néologismes, les vagues de l’anglicisme, submergent un passé plein de richesse, mettent au rebut les belles envolées. L’écume d’un verbiage plat jette aux foules la balourdise ; la bave d’une langue agonisante coule dans un désert de culture.

    Les cités répandent leur amertume sur les arcanes de la langue française ; foin de grammaire, place au vocable vulgaire. On jette aux orties l’expression savante ; trop de maux entourent les villes. La solitude citadine entame les mots ; rien ne rappelle l’aisance d’une langue lorsque des vies sont exsangues.

    Ne vous essoufflez pas langue de Molière dans les courses de la rue ; ne vous éteignez pas fanal d’un peuple dans les bras de la verte génération ; ne vous en allez pas belles-lettres au musée des langues mortes ; survivez dans le tumulte du commun.

    David Frenkel

     

  • Les couleurs grises de l’arrière-saison

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    Dans la grisaille de la demi-saison

    Le cerisier se déshabille

    Il se défait de ses pavillons empourprées

    Par le printemps de l’automne

    Ou tanné par l’hiver de l’arrière saison

    Ses boucles d’oreilles ont été cueillies

    Et ont été goulûment avalées

     

    Mais le châtaignier ne se dénude pas

    Ses feuilles aux couleurs ensoleillées

    Se meurent sur le ventre automnal

    De l’arbre bicentenaire

    Les oursins des bois parent les ramées

    Des joies gustatives de la demi-saison

    Ils se grilleront au feu de la gourmandise

     

    L’œillet fleur aux couleurs symboliques

    Arpente le réel à l’automne

    Amitié romance amour s’évanouiront

    Refus et dédain s’évaporeront

    Les couleurs grises de l’arrière-saison

    Reflètent sur l’œillet l’éternelle nuit

     

    Aux confins de l’hiver

    Le cyclamen est le réceptacle des larmes

    Maints proches entourent la dernière demeure

    D’un mauve tendre et chaleureux

    Et offrent aux défunts l’infinie beauté

    D’une fleur pétrie de sentiments sincères

     

    La saison automnale

    Enveloppe de blanche cataracte

    Les yeux de la terre

    Maintes et maintes plantes végétales

    Se voilent d’une opale nectique

     

    A l’été de la saint-Martin

    Les brins de l’étoile en feu

    S’étalent sur les effigies

    Des figures du divin

    S’éclairant de félicité

    David Frenkel

    Publié sur le site De Plume en Plume qui en a fait l'illustration