^{C’est un mot passe-partout utilisé à tout bout de champ, comme s’il collait à la bouche de nombreux individus, et surtout à mauvais escient. On dirait que les adverbes alors, donc, par conséquent, de ce fait, à la suite de quoi, se perdent dans le brouillard d’un coup. Tendez l’oreille aux bavardages de la rue et l’expression « du coup » revient sans coup férir sur bien des langues. A force d’entendre cette redondance à la mode populaire cela en devient un tic à l’air de l’uniformisation orale. Foin de langage varié, seul fait florès ce tic qui est toujours dans le coup.}

^{Le « e » peut devenir un autre tic lorsqu’on le fait entendre alors qu’il devrait rester muet. Que de fois cette voyelle se rappelle-t-elle à notre bon souvenir à la fin d’un mot. Pourtant, elle devrait se faire discrète dans la bouche d’aucuns. Les «bonjoure» pullulent lors d'un accueil, lors d’un salut dans les rues ou encore résonne de manière agaçante quand l’aide soignante ou l’aide soignant nous rend visite. Et en parlant de ces derniers, les hop par ci, hop par là, peuvent nous donner envie de déguerpir et rejoindre le pire.}

^{Bien d’autres tics de langage peuvent taper sur les nerfs lorsque prononcés à satiété, il peuvent dénoter cette paresse verbale que l’on trimbale.}

^{David Frenkel}

Débarrassé des pesanteurs

Lorsque le train prend son élan,

L'homme s'évade avec lenteur

Des tracas lourds et accablants.

Les tentacules d'une ville,

Viles usines encombrantes,

Plongent la souillure servile

Dans les campagnes enivrantes

Fleurant bon le pays fourré.

Le soleil plein de mimosas

Déroule avec ses doigts dorés

Le tapis mouvant de colza

Suivant à reculons l'oiseau

De vénus, la blanche colombe

Et la fauvette des roseaux ;

Chantant à travers monts et combes.

Le train, ce serpent à lunette,

Rampe sur la colline verte

Bouclée de maintes maisonnettes,

Tout au long des vignes inertes

Lorsque le raisin est encore

Dans les entrailles du printemps.

L'homme se grise au décor

De la colline s'arc-boutant

Contre le fleuve entortillé

Suivant les sinuosités

Des flancs abondamment striés

S'exposant à l'immensité.

Le train de son enfance file

Sur de lénifiants souvenirs :

Les rails le reliaient au fil

D'un éblouissant avenir

Se propageant dans le salon ;

Mu par la fibre voyageuse

L'enfant parcourait le vallon

Imprégné de verve outrageuse.

David Frenkel (publié sur De Plume en Plume qui en a fait l'illustration)

A écouter : https://www.youtube.com/watch?v=4Sr6d_ocbfk

Il fut un temps où le journaliste chargé d’informer le public devait se rendre sur les lieux de l’événement pour confirmer l'information. Son travail n’était pas de tout repos, il fallait se rendre dans des endroits pouvant le mettre en danger, sans parler que souvent il devait faire une course contre la montre pour être le premier à détenir la primeur de l’information. Parfois, le journaliste encourait le risque d’être à la vindicte de ceux désirant taire une information pour quelle que raison que se soit. De nos jours, bien des journalistes ne se déplacent plus laissant diverses agences de presse effectuer le travail à leur place, grâce aux réseaux de correspondants qu’elles entretiennent dans bien des pays.

Cette façon de procéder sert hélas d’oreiller de paresse à bien des journaux qui recopient la tête dans le sac les articles de l’Agence France-Presse, sans que les personnes chargées de les mettre en ligne s’efforcent d’avoir un œil critique sur la syntaxe stylistique, grammaticale, et même l’orthographe. Par ailleurs, on y trouve tant de redites et de redondances que les articles, et pour ne citer que celles de l’AFP, devraient être retravaillés. Surtout, et là il faut le déplorer, quand cette dernière se complaît régulièrement dans le même mensonge véhiculé par une ONU où les 21 États arabes, soutenus par les pays musulmans et leur alliés du bloc des non-alignés constituent une « majorité automatique » garantissant ainsi l'adoption de résolutions anti-israéliennes par l'Assemblée générale. Un grand nombre de fois lorsqu’un incident ensanglante la Cisjordanie (Judée Samarie), les lecteurs ont droit à l’axiome bidon¹⁾ : « territoire palestinien occupé depuis 1967 ».

Aussi doit-on déplorer l’atonie dont souffre la presse francophone en ligne qui s’encroûtent dans une pratique paresseuse. A force de donner un blanc-seing à une AFP décidant de l’actualité internationale à laquelle le public est tenu de s’identifier, celui-ci perd les repères objectifs lui permettant de se faire une opinion sur la marche du monde. Et pour ne citer que cet exemple : les internautes de la presse sont informés de chaque Palestinien — terroriste s’attaquant soit à des civils soit à des soldats — tué, mais ne sont guère informés du génocide quasi quotidien des chrétiens et des Baháʼís^{2), 3)}.

Il est grand temps que les magnats de la presse prennent conscience que se satisfaire d'un copier/coller de l’information internationale conduira à la longue à la perte d’un lectorat en ligne. L’uniformité de l’information va finir par détourner le public soit vers les chaînes satellitaires étrangères soit vers les réseaux sociaux.

David Frenkel

^{1) https://www.tribunejuive.info/2022/09/06/premiere-au-parlement-europeen-des-deputes-rappellent-que-selon-le-droit-international-israel-nest-pas-coupable-doccupation/}

^{2) https://mabatim.info/2022/08/15/il-y-a-persecution-et-persecution-mais-un-seul-apartheid/#more-23578}

^{3) https://lemonde.co.il/mozambique-soeur-maria-de-coppi-religieuse-catholique-italienne-assassinee-par-des-djihadistes-silence-fracassant-a-linternational/}