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UN PEU DE TOUT - Page 25

  • L'amour dans les mains d'un répondeur

    «Belle inconnue, bonjour ! Je vous ai aperçue il y a peu de temps. Je rentrais de mon travail entre chien et loup. Le train était bondé, et vous vous teniez à quelques pas de moi. Vous me paraissiez si sombre et si lumineuse à la fois. Je vous imaginais à travers vos cheveux d’ébène reflétant des brindilles d’amour calciné, mais je vous envisageais aussi à travers vos yeux de biche, d’un noir profond, diffusant une passion étoilée. Comme le soleil s’apprêtant à darder ses rayons sur la lune, votre fureur se préparait à percer l’ombre amoureuse lorsque vous avez sorti votre portable de votre sac. Sur un ton réprobateur, vous avez dit à votre interlocuteur qu’il ne fallait pas confondre le commerce et le cœur. Vous étiez prête à lui vendre votre voiture et lui avez demandé s’il était disposé à s’aligner sur votre prix. Puis, prenant une voix envoûtante, vous l'avez prié de vous donner de ses nouvelles en laissant un message sur votre répondeur, car vous partiez le soir même en vacances, et votre portable n’avait pas de boîte vocale. Lorsque je vous ai entendue lui donner le numéro de votre téléphone fixe, l’espoir de servir vos ardeurs vrombissait dans ma tête comme un essaim de cupidons. Je vous avais observée durant toute la conversation. Votre emportement faisait frémir sensuellement les narines de votre petit nez en trompette. Vos lèvres semblaient palpiter comme la fleur au creux de vos reins. Votre oreille ornait élégamment, tel qu'un col de dentelle, votre téléphone bleu. Votre main si délicieusement féminine relevait gracieusement une mèche rebelle s’agitant sous le vent coulis. Devant tant d’attraits, je désirais enfouir ma tête dans le creux de vos seins, et boire la sève montant de vos reins. Le courant d’un désir m’amène vers vous. Sans crainte d’échouer contre votre réprobation, je me laisse emporter comme un rêveur au fil de l’eau. Sachant que vous ne m’écoutez pas, ma présente déclaration flotte sur un espoir voluptueux qui s’évanouira ou prendra corps au fond de votre oreille. Rappelez-moi au plus vite au vingt, cent neuf, trente-et-un. Entendez aussi par là : mon appel n’aurait pas été vain, si du sang neuf me mettait sur mon trente et un. Votre beauté sanglote en moi, elle me fait trembler. Dans l’attente de votre coup de fil, la divinité que votre allure et votre expression inspirent m’aidera à traverser le couloir d’une attente interminable. Je ne sais si dans le chaudron de vos amours un autre amant bout déjà. Si tel devait être le cas, mes paroles galantes se consumeraient avec joie sur le couvercle de votre cœur en feu. De leurs cendres renaîtraient, j’en suis certain, d’autres mots enflammés échauffant alors l’amante à moi consacrée. Je ne vous embrasse pas car, vos appas ne m’entourant pas, mon baiser risque de ressembler à un amuse-bouche qui laisse le pique-assiette sur sa faim.»

    David Frenkel (publié aussi sur le site De Plume en Plume)

     

     

  • L’amitié des fleurs de pensées

    Ôtez-vous gerbes d’idées viles

    Devant l’homme perméable

    Idées exterminatrices

    Gerbes de flammes sataniques

    Vous êtes cette géhenne

    Qui carbonise la paix

    L’enfer d’idées épineuses

    Darde sur l’humain conciliant

     

    Des idées en bouquets vicieux

    Éclosent dans maintes personnes

    La noirceur de leur bassesse

    Éclipse la lumière humaine

    Les bourgeons du soleil noir

    Se ramifient aux horreurs

    Dans l’obscurité des idées

    Bien des conduites s’égarent

    La morale ténébreuse

    S’abreuve d’idées tombales

     

    Offrez-vous fleurs de pensées

    Pour l’humanité malheureuse

    Pensées hypocoristiques

    Fleurs tendres et bienfaisantes

    Vous êtes cette déité

    Qui dissout la malédiction

    Votre esprit fleure l’affection

    Embrassant l’être en perdition

     

    L’amitié des fleurs de pensées

    S’incarne en chasseur de tourments

    Le souffle de leur fragrance

    Éconduit bien des souffrances

    Les pétales de votre âme

    S’émiettent en mille morceaux

    Sur les chemins de croix

    Bon nombre d’individus

    Jonchés de vos pétales

    Suçotent vos fleurs de pensées

    David Frenkel (publié aussi sur le site De Plume en Plume)

     

     

  • Le printemps d'un vieil Andalou

    Au cœur d’une carcasse,

    Une fleur andalouse

    Au printemps se boutonne

    Sur l’ardeur qui fracasse

    La chimère jalouse

    D’une passion gloutonne.

     

    L’incarnat de la fleur

    Empourpre l’olivier 

    Stimulant le vieillard.

    Le printemps plante un leurre

    Dans le vert nourricier,

    Dans un amour criard.

     

    Le cri de la pie bleue

    Appelle le printemps,

    Et les passions chenues

    Des vétérans calleux

    Chantent l’amour d’antan

    Devenu saugrenu.

     

    Les eaux d’Andalousie

    Reposent sur l’azur

    D’un printemps merveilleux ;

    Le vieux, tout cramoisi,

    Repose sur l’usure

    D’un amour prodigieux.

     

    Quand le printemps se meurt,

    Le tournesol fleurit ;

    Lorsque l’ardeur s’efface,

    Le vieux, dans sa demeure,

    Cultive la prairie ;

    De beaux cœurs lui font face.

     

    Sur la terre ibérique,

    Le printemps espagnol

    Soulève les passions

    D’un vieil esprit féerique ;

    Au chant du rossignol

    Meurt la belle fiction.

    David Frenkel (Publié aussi sur le site De Plume en Plume)