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UN PEU DE TOUT - Page 21

  • Rouge et variations

    L'étoffe rouge enrage les taureaux ;

    Les drapeaux galvanisent les humains ;

    Servant leur pays, ils sont des héros,

    Pourtant l’infamie coule entre leurs mains.

     

    Les fous endoctrinés ont le béguin

    De ces vierges immaculées de sang

    Les recouvrant de rouge, de sanguin,

    Dans un paradis qui tue l'innocent.

     

    L'âme vaurienne rouge de vergogne

    Se morfond sous la chape des remords ;

    Aux peines des martyrs elle se cogne ;

    Les sanglots la hantent jusqu'à la mort.

     

    La couleur rouge de maintes passions

    Scintille dans l'antre de la folie ;

    La haine flamboie dans l'aberration ;

    L'amour rallume la chair ramollie.

     

    Rougit par le désir, il court la gueuse ;

    Lorsqu'il l'aperçoit, son âme frémit ;

    Félicité suprême ou passion nargueuse,

    Aux brumes du matin, l'amant gémit.

     

    Le fil rouge du défavorisé

    Entoure la révolte ensemencée

    Dans les joies qui se sont vaporisées

    En de vertes chimères insensées.

     

    Elles ont été marquées au fer rouge ;

    Sous l'horrible cagnard, les femmes pleurent,

    La faim tenaille l'homme dans un bouge ;

    Jour après jour, des milliers d'enfants meurent.

     

    L'homme repu manquant de fantaisie

    Se noie dans un vin rouge capiteux ;

    Les malheurs du monde s'anesthésient,

    Ailleurs, on entend hurler le miteux.

     

    A l'aube de la nuit, l'astre rougit ;

    En colère devant la destinée,

    Il éclaire la chance qui surgit

    Dans les infortunes abandonnées.

    David Frenkel

  • Ode aux fleurs

    Quand la noirceur m’effleure,

    Je cours au jardin des fleurs ;

    De leurs merveilleux pétales,

    De bonnes odeurs s’exhalent ;

    Ces parfums capiteux

    M’enivrent tant soit peu ;

    Leur inflorescence

    Me met en présence

    De l’indicible nature

    Où le passé, le futur

    Se confondent avec le présent,

    Je n’ai plus la notion du temps.

     

    Lorsque les abeilles butinent,

    Le miel m’en lèche les babines ;

    Je pense à cette douceur

    Qui met du baume à mon cœur.

     

    Fleurs, quand je vous observe,

    Je retrouve ma verve ;

    Votre belle corolle

    Devient mon auréole ;

    Les papillons qui se posent

    Sur les tulipes et les roses

    Mouchettent le fleurage

    En décorant le village

    D’un superbe tableau

    M’immergeant dans les flots

    Tranquilles de l’espérance.

     

    Je repose ma souffrance

    Et je me délecte de l’idylle

    Entre l’étamine et le pistil ;

    Lorsque mon nez, sensible à ce phénomène,

    Se débarrasse bruyamment du pollen,

    Je ne cesse de méditer

    Sur cette immense faculté

    De l’intelligente nature

    Qui se reproduit à mesure

    Que les organismes se meurent.

    Je suis vivifié par les fleurs,

    Les fruits savoureux qui leur succèdent

    Me montrent que la mort n’est pas laide.

    David Frenkel

     

     

  • Le temps, cette immensité

    L’infatigable tic tac des horloges

    S’égrène sur le tapis du destin.

    Les pas du temps qui passe

    S’ébruitent à nos oreilles.

    Les étapes de l’existence

    Irréversiblement s’alignent

    Sur le galop des secondes,

    Irrévocablement se règlent

    D’après le trot des minutes,

    Irrémédiablement s’ordonnent

    Selon la marche des heures

    Qui parcourent nos journées.

    Dans la foulée du temps qui passe,

    Se multiplient les semaines,

    Se reproduisent les années

    Qui marquent de leurs empreintes

    L’imagination de l’univers.

    Les images du monde s’essoufflent

    En parcourant les bornes du temps ;

    Les représentations du divin

    S’évanouissent aux distances du temps.

     

    Le temps compose en musique

    L’existence des vivants :

    Les aubades printanières

    Déroulent les aurores du cœur;

    Les sérénades estivaux

    Déploient les sommets de l’âge ;

    Les concertos automnales

    Étalent les années du corps ;

    Les nocturnes hivernales

    Étendent la camarde éternelle.

     

    Le temps, cette immensité,

    Se conjugue éternellement

    Au passé et au futur ;

    Le présent provisoirement

    Se conjugue aux fuyant moments.

    David Frenkel