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UN PEU DE TOUT - Page 77

  • A qui de droit

    Pourquoi parler du salut hitlérien ? Certes la liberté d'expression s'affranchit des contraintes dictées par une société bien-pensante. Toutefois, lorsque le sang de la Shoah coule encore dans les veines des petits-enfants, quand  le feu antisémite fait toujours tant ravages, pourquoi se référer à ce salut qui fut pour six millions de juifs la bétaillère d'un dernier voyage ? Et n'est-il pas inapproprié d'y  faire allusion lorsque des groupes terroristes en font de nos jours leurs cris de guerre ?
     
    Je dédie donc le poème qui suit aux personnes prêtant leurs écrits à la parole brute.  

    Le train surgit des ténèbres.

    Réveille-toi, citoyen capon !

    Dans la campagne endormie, la lune est blême ;

    Une colère froide blanchit sa figure ;

    Son rayon balaie des visages apeurés ;

    L’astre pénètre les wagons à bestiaux ;

    Il les accompagne à la nuit du tombeau ;

    L’innocence funèbre roule vers la mort.

     

    Une mélopée lugubre rythme le convoi ;

    La promiscuité d’un univers immonde

    Transforme l’individu en troupeau amorphe.

    Sous les roues, la ferraille entrechoque

    La résistance réfugiée dans la matière.

     

    Les enfants pendent aux basques de l’espoir ;

    Leurs pleurs les attachent à l’humain.

    Mais le destin suit un train d’enfer

    Leurs larmes n’éroderont point les cœurs de pierre.

     

    Le soleil découvre les étoiles jaunes.

    Les nuages peinent à cacher l’infâme ;

    L’éclair ne déchire pas l’ignominie ;

    L’orage ne frappe pas l’opprobre.

    La locomotive siffle la camarde

    Dans un désert d’humanité.

    L’imagination fertile conduit la haine ;

    Elle s’arrêtera à la solution finale.

     

    Les wagons vides repartent vers l’oubli.

    La bétaillère est derechef peuplée ;

    Des bêtes ont remplacé les boucs émissaires.

     

    Six millions ont fait le grand voyage ;

    Leur trajet a strié l’Humanité.

    David Frenkel

     
  • Le mépris et la mort

    • Le mépris suinte des pores
    • D’une énergumène rogue
    • Les mots servent de support
    • A une fierté qui drogue
    • La personne parvenue
    • Au pinacle du succès
    • Elle étrangle l’ingénu
    • La morgue sert de lacet
    •  
    • Le dédain remplit l’honneur
    • D’une créature imbue
    • De sourires ricaneurs
    • Elle a toute honte bue
    • Étalé l’affreux mépris
    • Sur un monsieur gringalet
    • Hélas mal lui en a pris
    • La mort l’a pris au collet
    •  
    • La profonde mésestime
    • D’un directeur arrogant
    • Engendre ce mal intime
    • Qui devient extravagant
    • Son âme traumatisée
    • Par l’homme le dédaigneux
    • Jusqu’au trépas s’est brisée
    • Enterrant le besogneux
    •  
    • Tant et tant d’indifférences
    • Mettent à mal l‘écrivain
    • Un signe d’irrévérence
    • L’amène vers le ravin
    • De l’anéantissement
    • Que parcourt un prosateur
    • Éconduit méprisamment
    • Par de vilains détracteurs
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    • Haro sur les méprisants
    • Sur les convoyeurs de haine
    • Sus aux insidieux artisans
    • Des malheurs qui nous emmènent
    • David Frenkel (publié aussi s/le site De Plume en Plume)
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  • Une 9ème symphonie de Ludwig Van Beethoven théâthralisée

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    Peut-on faire part aux mélomanes des sentiments qu’inspire une œuvre musicale en les conviant à admirer les images ayant germé dans l’esprit d’un artiste ? Mr David Roux, metteur en scène, en a tenté le pari hier soir au Grand Théâtre de Genève. Il a étoffé la 9e symphonie de Beethoven avec des acteurs savamment choisis. Pour que le public puisse apprécier confortablement les divers tableaux, il a fait installer un petit écran vidéo au devant de chaque siège, et c’est à travers des plans filmés sur scène en direct qu'il a voulu transmettre ses sentiments aux spectateurs. Comme pour un opéra, l’orchestre joue depuis la fosse. Les expressions, les mimiques et les gestuels des acteurs sont très parlants. C’est aux opérateurs qu’incombe la lourde tâche de définir la durée des gros plans afin qu’ils épousent au mieux ce qui se passe sur la scène. Ils ont réussi le tour de force fusionner deux prises de vues, celle de l'orchestre et celle des acteurs, dans une image unique.

    Ainsi a-t-on l’impression que chaque groupe d'instrumentistes campe un ou plusieurs personnages aux contours bien définis, et ayant un langage bien à eux.  La mise en scène développe quatre grands thèmes : la douleur dans le 1er mouvement qui est matérialisée par cinq miséreux vêtus de haillons et cinq enfants rachitiques pointant le doigt accusateur vers le ciel ; la révolte, sur arrière fond d’arbres abattus, de maisons en brique rouge suintant l’ennui d’une cité-dortoir, se marie bien avec le 2e mouvement. La grandeur d’âme des petites gens qui prodiguent une caresse, un sourire, à des gens aux visages marqués par la tristesse dans une rue où grouille l’anonymat berce le 3e mouvement. Enfin, la fraternité qui fusionne le bien avec le mal, la beauté avec la laideur, rayonne dans le 4e mouvement. Une sylphide descendant des hauteurs embrassant un sapajou lors du chant « Courez frères », dix paires d’yeux isolés, traduisant les principaux sentiments humains, filmés par la caméra lors du final de l’ « Ode à la joie », sont deux des moments forts de cette exécution musico-picturale. Il faut relever la performance exceptionnelle de tous les acteurs. Galvanisé par le grand chef Mr Jean Ramon ainsi que par les solistes, l’orchestre et le chœur ont fait forte impression. On peut s’interroger sur le bien-fondé d’une telle démarche. Beethoven n’a-t-il pas avant tout composé cette fameuse symphonie sur le thème de Schiller ?

    Une fiction de David Frenkel (publié aussi sur le site De Plume en Plume)

    https://www.youtube.com/watch?v=KtRzuOSCOO0

    Beethoven : Symphonie n°9 (Myung-whun Chung / Orchestre Philharmonique de Radio France)