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  • Coup de gueule : Monsieur Trump, reconnaissez le génocide arménien !

    Alors que le congrès américain a reconnu la semaine dernière le génocide arménien, sous les applaudissements, le porte parole du gouvernement de Donald Trump refuse de considérer la tuerie, durant la première guerre mondiale, de 1.2 à 1,5 millions d’Arméniens par les troupes de l'Empire ottoman, comme un génocide. Ce plan d’extermination avait été pourtant planifié par le gouvernement turc et avait été mis à exécution par l’armée et par diverses instances policières.

    On ne peut être que révolté par ce déni qui obéit à des considérations bassement économiques et politiques.

    Le jour où un président, à la tête d’une des plus grande puissances mondiales, osera faire fi de ces considérations et avoir la probité morale d’appeler un chat un chat, la paix sera rendue au monde. Et celle-ci ne peut être rendue qu’en annihilant un des facteurs de haine, tel que la non-reconnaissance d’un génocide.



  • le cheminement égoïste et injuste des cheminots français

    En observant la grève des cheminots qui a lieu en France, et sans entrer en matière sur la question de savoir si la cause est justifiée, on est amené à à découvrir une grave injustice. Dans le secteur privé, et dieu sait s’il y a matière à revendiquer, aucun syndicat n’ordonnerait de faire grève, car il sait que cela n’aurait pas un grand impact. Seuls en seraient affectés les particuliers qui s’approvisionnent auprès de l’entreprise entrée en grève; ils risqueraient d'ailleurs d’aller s’approvisionner chez la concurrence. De plus, dans un marché d’emploi saturé, les patrons auraient beau jeu de brandir l’arme du licenciement.

    Il est donc inique qu’une classe d’employés, chargés de faire fonctionner un service public, prennent, par leur grève, des centaines de milliers de gens en otage, protégés qu’ils sont par un statut qui prohibe le licenciement des grévistes. Il est scandaleux que les cheminots, par exemple, fassent subir des pertes financières collatérales à ceux qui, étrangers à leurs revendications, sont dans l’attente d’un train devant leur amener à leur lieu professionnel. Si les chefs syndicalistes avaient aussi tant soit peu de sens loyal du devoir envers les citoyens, ils penseraient aux personnes pour qui la grève occasionne des préoccupations qui sont sans commune mesure avec des revendications bassement matérielles dont, rappelons-le, elles ne sont pour rien.

  • Nouvelles (I)

        Des vacances mal placées

     

    Florence entra au service de la Maison lorsque Marie était encore emmitouflée dans les langes. Elle s’était hissée à la force du poignet au rang d’une juriste hautement qualifiée. Ce petit bout de femme, au corps trapu et au physique ingrat était pleine d’énergie. Son incroyable dextérité à venir à bout des imbroglios juridiques forçait le respect de son entourage professionnel. Son autorité naturelle savait rappeler à l’ordre ceux qui n’avaient pas tenu leurs engagements. Au fil du temps, elle devenait la béquille sur laquelle l’entreprise trouvait appui.

         Marie fut engagée comme réceptionniste-téléphoniste lorsque Florence fêta ses cinquante ans L’exubérance de ses vingt ans donnait une touche gaie à l’austérité du monde du travail. Ses charmes et ses formes avaient raison des hommes ; son aplomb et sa répartie redressaient les femmes qui voyait en cette hôtesse l’ambassadrice de la cause féminine auprès d’une direction essentiellement masculine. Après deux ans de service, on la nomma mandataire commercial. Sa promotion était due à son charisme et non à son professionnalisme.

         Un jour, Florence demanda à Marie d’envoyer par télécopie un document confidentiel à un juge chargé de statuer sur la mise en poursuite d’un débiteur indélicat. Marie fit un faux numéro et envoya ce document à un avocat chargé de défendre un autre client ayant aussi maille à partir avec l’entreprise. Cette bévue aurait éclaboussé la distraite si Florence, dans un élan de générosité, n’avait pas pris sur elle la faute de l’étourdie. En effet, la violation du secret professionnel que cet homme de loi avait entre ses mains aurait pu obliger la société à renoncer à toutes poursuites envers le débiteur qui était défendu par lui.

         Florence souffrait du vide de son existence. Elle n’avait aucun violon d’Ingres, aucune attache amoureuse ou affective. Fille unique, elle perdit ses parents l’un après l’autre dans un court laps de temps lorsqu’elle était jeune. A cinquante trois ans, elle commença déjà à se demander comment elle allait remplir ses journées après sa retraite. De nature altruiste, elle prit un jour la décision de se consacrer au bénévolat lorsqu’elle sera pensionnée. L’envie de parsemer le bien autour de soi ne venait pas de son éducation mais était innée dans son cœur. Aussi, lorsque Marie avait risqué de perdre son emploi, elle avait écouté sa générosité et n’avait pas prêté attention à son esprit qui lui avait ordonné de ne point se mêler des affaires de sa collègue. Elle paya cher sa spontanéité. Car la nouvelle présidence avait décidé de licencier une dizaine d’employés afin d’améliorer les résultats de la société. Après sa soi-disant faute, Florence faisait immanquablement partie de la charrette et, peu après, elle reçu effectivement sa lettre de congé avec préavis de trois mois. La longanimité et la conscience professionnelle de Florence était tout à son honneur. Elle ne présenta aucun certificat médical de complaisance afin de pouvoir régler toutes les affaires courantes.

         Marie se cachait derrière son petit doigt; grisée par sa jeunesse et par sa beauté, elle croyait que sa couardise lui était pardonnée. Certes, le jour même, elle alla trouver Florence dans son bureau, tomba en larmes, s’agenouilla devant sa bienfaitrice en lui témoignant sa grande gratitude. Dans son élan, Marie assura même Florence qu’à la moindre petite anicroche elle volerait à son secours. Pourtant, lorsqu’elle apprit que Florence avait été mise à la porte, elle ne broncha pas. L’ingrate enfouissait sa reconnaissance sous un amas d’indifférence. Trop occupée par sa vie sentimentale – elle collectionnait les amants – et prise dans le tourbillon de la réussite professionnelle, elle ne souciait guère de Florence

         Lorsque Florence passa le seuil de l’entreprise pour la dernière fois, la vergogne envahit Marie. Elle était mal à l’aise. Pour se donner une contenance, elle lança sans réfléchir à la face de l’infortunée : «alors, bonnes vacances !» Quand elle s’aperçut de sa maladresse, c’était comme si elle reçu un électrochoc qui la transporta dans un monde sans fioriture où la bassesse ne s’habille pas de clinquants. Marie se leva et courut après Florence. Elle voulait implorer son pardon non seulement pour l’humour mal placé dont elle avait fait preuve tout à l’heure mais aussi pour sa veulerie. Marie était persuadée que la générosité de Florence allait lui accorder l’absolution. Hélas, devant ses yeux ahuris, un véhicule roulant à vive allure percuta celle-ci de plein fouet : la malheureuse disparut alors dans la nuit éternelle.

         La police ne laissa pas Marie s’approcher du corps de Florence. Les paroles prononcées il y a peu raisonnaient à présent comme un écho multiple et douloureux dans les oreilles délicates et finement ourlées de la belle éplorée. Cette phrase idiote : «alors, bonnes vacances», martelait sa cervelle à coup de remords douloureux. Les mots malheureux fracassèrent sa carapace d’insensibilité et firent jaillir du fond d’un abîme d’ingratitude une affection qui venait enfin combler la vacuité de ses sentiments, mais il était trop tard.