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  • Un permis de pollution

    Dans le ramdam médiatique du réchauffement climatique, la voix étatique a instauré une taxe sur les billets d’avion et sur l'essence. Mis à part l’injustice sociale qu’engendre de telles mesures, les effets que l’on pourrait en escompter se présenteront comme une goutte d’eau dans une mer de pollution. Son pouvoir coercitif ne se limite qu’à la classe qui peine à joindre les deux bouts, car gageons que la classe moyenne économiserait sur d’autres dépenses pour pouvoir se payer des voyages aériens et routiers. Sans parler de la classe supérieure qui n’a rien à cirer de taxes ne les empêchant guère de faire ce que bon leur semble. Alors pourquoi vouloir se donner bonne conscience avec des mesures de négligeable efficience écologique ? Ne vaudrait-il pas mieux, par exemple, obliger les propriétaires d’assainir les constructions qui consomment un pourcentage élevé d’énergie non renouvelables et affranchir d’impôts les entreprises spécialisées dans les énergies vertes ? Poser ces questions, c’est aussi pointer le doigt sur une disposition inepte qui débouche perversement sur un permis de pollution.

  • Bientôt les onomatopées...

    Je ne comprends plus leur sabir.

    Les gens parlent à leur façon ;

    On ne construit plus une phrase.

    Le langage frôle le pire,

    Personne ne fait la leçon

    Aux gens qui ne sont pas en phase

     

    Avec le charme du français.

    Ne vénérant plus cette langue,

    Ils la broient dans l’abréviation

    Des mots se taillant un succès,

    Dans la littérature exsangue,

    De nos jeunes en perdition.

     

    Bientôt les onomatopées

    Se substitueront aux paroles

    Des individus angoissés ;

    On entendra la mélopée

    Des hommes pleurant leur école.

    Français, vous avez trépassé

     

    Dans la flemme et la nonchalance

    Des hommes jetant au rebut

    Les mots brillamment ordonnés

    En phrases pleines de bon sens.

    Pauvres individus imbus

    De platitudes fredonnées

     

    Par les journaux de boulevard,

    Par les sirènes cathodiques,

    Faisant fi de toute grammaire.

    Ils moulent l’information phare

    Dans l’expression journalistique

    Des publications éphémères

     

    Encombrées de néologismes.

    Las leur langage fait florès

    Dans une société qui court

    Après le sensationnalisme.

    Malheureux lecteurs, pauvre presse,

    La médiocrité vous entoure.

     

     

     

  • L'été n'est plus

    Ô couleurs d’une nouvelle saison ;

    Le feuillard va tomber en pâmoison

    Car l’automne reproduit à foison

    Les ressemblances d’une floraison.

     

    L’été ne réchauffe plus ce jardin ;

    L’automne refroidit les citadins

    Quand un jour ils s’aperçoivent soudain

    Que les œillets d’un bel incarnadin

     

    Ternissent sous une clarté laiteuse.

    Les œillets offriront leur mine honteuse

    A la vigne aux vendanges prometteuses ;

    Ils rosiront une vigne juteuse.

     

    L’été n’est plus, il soutenait le jour ;

    L’automne favorise le séjour

    De la nuit mais le soleil est toujours

    L’astre passant à travers les ajoures

     

    Qui percent la sombre voûte céleste.

    Même quand la froide saison se leste

    D’une grande obscurité qui déleste

    Le jour ; la lumière surgit de l’est.

     

    L’été trépasse sur l’abricotier;

    L’automne va naître sur l’églantier;

    Il ne sucrera son fruit qu’à moitié.

    L’été trépassé sur l’arbre fruitier

     

    A défini la couleur abricot,

    Mais le cynorhodon dans les bocaux,

    A la couleur rouge coquelicot,

    N’a pas de couleur qui lui fait écho.

     

    L’été plonge dans un ciel étoilé.

    Il retire un automne qui s’est voilé

    D’une nova. L’éclat va s’étaler

    Sur les plaines qui vont étinceler.

     

    Un jour, quand l’automne devra mourir,

    La nova va de nouveau recouvrir

    D’une aura l’étoile qui va nourrir

    Le ciel. Et la plaine va s’assombrir.