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UN PEU DE TOUT - Page 218

  • Les persécutions des juifs en Allemagne IV (tiré de wikipedia)

    La République de Weimar et les Juifs

    L'intégration

     
    Walter Rathenau est l'exemple même du Juif allemand intégré. Industriel et ministre de la République de Weimar, il est assassiné en 1922.

    Sous la République de Weimar, tous les citoyens sont désormais égaux91, plus aucun emploi n'est interdit aux Juifs, et le judaïsme est reconnu au même titre que le protestantisme ou le catholicisme. C'est même un Juif prussien, Hugo Preuss, qui rédige la Constitution de la jeune République. Ceci explique pourquoi ses adversaires l'appellent Judenrepublik51. Les Juifs jouent un rôle important dans la vie politique, principalement à gauche, au SPD comme au KPD où ils occupent une place déterminante1. Cependant, les élites conservatrices continuent à contrôler l'armée, l'administration et la justice92. La culture d'avant-garde est largement animée par des intellectuels juifs. Éric Weil et Paul Hindemith s'illustrent dans la musique. Les mises en scène de Max Reinhardt, les romans historiques de Lion Feuchtwanger, les symphonies de Gustav Mahler connaissent un grand succès dans toute la bourgeoisie et la classe moyenne allemande. Le Frankfurter, la Vossische Zeitung et le Berliner Tageblatt sont de grands journaux dont les directeurs sont juifs51. Les scientifiques juifs continuent de briller : Otto Fritz Meyerhof reçoit le prix Nobel de médecine en 1922.

    La population juive se regroupe dans les grandes villes. Berlin accueille en 1925 le tiers de la population juive allemande, soit 175 000 Juifs. Munich en regroupe près de 100 000, soit près de 5 % de la population de la ville1. Il convient aussi de citer Francfort, Leipzig, Hambourg. Les Juifs allemands continuent leur progression sociale. À Berlin, par exemple, le , plus de la moitié des 3 400 avocats de la ville sont d'origine juive. Certains comme Erich Frei, sont renommés dans tout le pays.

    Plus de 100 000 Juifs prussiens de Pomérélie ou de Posnanie annexées par la Pologne, émigrent vers l'Allemagne. Leurs conditions sociales sont beaucoup plus misérables que celle de leurs coreligionnaires de la République de Weimar. Ils sont l'objet du traditionnel mépris pour le Juif, Ostjude « sale, malpropre, dépenaillé ». Ils sont rejetés par la population allemande, y compris par des Juifs assimilés. Ils font de Berlin un centre important de la culture yiddish68. Dans le territoire de l'Allemagne du traité de Versailles, les Juifs sont 564 000 en 1925 mais ils ne sont plus que 500 000 en 193367. L'assimilation totale d'une partie des Juifs allemands explique ces chiffres. En 1925, près de 30 % des Juifs allemands ont un conjoint non juif. En 1927, pour 100 mariages, 39 le sont avec des non juifs1.

     
    Le philosophe Franz Rosenzweig

    Franz Rosenzweig écrit en 1923, peu après la publication de son ouvrage théologique L’Étoile de la Rédemption : « Je pense que mon retour au judaïsme (Verjudung) a fait de moi un meilleur et non un pire Allemand… Et je crois qu’un jour L’Étoile sera reconnue et appréciée à juste titre comme un cadeau que l’esprit allemand doit à son enclave juive »93. Il y explique son cheminement intérieur de l'agnosticisme à la tentation chrétienne pour finalement revenir à ses racines juives94. Dans les bibliothèques des Juifs allemands, on trouve à cette époque Schiller, Kant, Goethe avec les ouvrages des rabbins orthodoxes du maître de Franz Rosenzweig, Anton Néhémia Nobel51.

    Sous la République de Weimar, l'organisation communautaire reste très décentralisée. Chaque communauté peut prélever une taxe sur tous les habitants nés dans le Judaïsme sauf s'ils ont publiquement renoncé à leur judaïsme. Il existe aussi dans certains Länder des organisations régionales comme en Bavière. L'organisation prussienne regroupe plus de 70 % des Juifs allemands. En 1932, son président Leo Baeck négocie un "concordat" avec la Prusse95.

    Face à la montée de l'antisémitisme, les Juifs allemands s'abstiennent de toute attaque verbale. Ils préfèrent montrer l'apport bénéfique des Juifs à l'Allemagne. Certains refusent de manifester, en tant que Juifs, aux côtés de sociaux-démocrates et des communistes96. Cependant, la virulence de l'antisémitisme pousse une partie d'entre eux à se poser la question de leur spécificité juive. Ainsi l'écrivain Arnold Zweig, d'abord nationaliste et belliciste, s'engage ensuite pour le renouveau juif et devient sioniste97. Des grands penseurs juifs émergent : Franz Rosenzweig, Martin Buber, Walter Benjamin et Gershom Sholem98. Du milieu du XIXe siècle à 1933, les publications d'intellectuels juifs en langue allemande sont impressionnantes par leur importance.

    Un antisémitisme de plus en plus virulent

    Pendant toute la République de Weimar, l'antisémitisme est vigoureux. La jeune république ne parvient pas à lutter contre la montée du nationalisme agressif attisé par le rejet du Diktat de Versailles. À ses débuts, elle compte plus de 100 associations nationalistes et antisémites. La plus importante des alliances antisémites est la Deutschvölkischer Schutz- und Trutzbund (DSTB), la Ligue allemande d'attaque et de défense, créée en 191999. Des orateurs parfois très renommés appellent à chasser les Juifs de l'Allemagne. Ils sont décrits comme des êtres nuisibles, de la vermine, des parasites100. Le DSTB va même jusqu'à appeler au meurtre des Juifs. L'assassinat en 1922 du ministre des Affaires étrangères Walter Rathenau, qui a joué un rôle fondamental pour le retour de l'Allemagne dans le jeu diplomatique international, est une manifestation de cet antisémitisme. Mais un million de personnes viennent rendre hommage à Rathenau lors de son enterrement101. Ses assassins sont graciés en 1930 et amnistiés totalement par les nazis en 1933. À leur mort, les nazis leur construisent un tombeau triomphal, orné des casques d'acier de la Première Guerre mondiale.

     
    Couverture du livre antisémite de Henry Ford, (en) The International Jew vol. II, édition allemande, 1922-24

    Rathenau n'est pas la seule personnalité juive victime d'attentats. Maximilian Harden, Max Warburg, Oscar Cohn sont eux aussi la cible d'actes de terrorisme102. Mais l'assassinat de Rathenau marque la fin du DSTB. Il est interdit dans la plupart des Länder allemands.

    La ruine des classes moyennes et des petits paysans par l'hyperinflation de 1922 attise les mécontentements. Il est alors facile aux nationalistes de pointer du doigt la « République enjuivée ». L'été 1922 voit se multiplier les profanations de cimetières juifs et les inscriptions sur les synagogues.

    Dès 1920, les Burschenschaften, les corporations étudiantes, décident de ne plus admettre de membres juifs ou d'ascendance juive et sanctionnent les membres qui épousent une juive. Le cartel des associations des étudiants catholiques prend la même décision97.

    Les Juifs sont bannis de toutes les organisations völkisch sans exception. En 1929, le Parti national du peuple allemand refuse désormais toute adhésion juive. Les Juifs sont également exclus de l'association des anciens combattants du Casque d'acier, Stahlhelm103.

    Les publications antisémites sont légions. Les Protocoles des Sages de Sion sont publiés en 1920 en Allemagne et connaissent un succès immédiat. 120 000 exemplaires en sont écoulés en moins d'un an. Le livre a certainement beaucoup contribué à la propagation de la folie nazie sous le régime démocratique et libéral de la République de Weimar21. De retour en Allemagne, après sept ans passés en Suisse, Albert Einstein déclare : « Je crois que le judaïsme allemand doit sa survie à l'antisémitisme »104.

    1) François-Georges Dreyfus, « Les juifs en Allemagne » » [archive], sur http://www.clio.fr [archive] (consulté le 21 mars 2008)

    21) Esther Benbassa, « Antisémitisme », Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007

    51) Les cahiers de la Shoah, n°1, « Juifs et Allemands : une "symbiose" problématique » [archive], sur anti-rev.org (consulté le 23 mars 2008)

    67) Jacques Houdaille, La population juive en Allemagne de 1852 à 1939, Population, 38e année, no 3, mai, juin 1983, p. 605-609

    68) Enzo Traverso, « Cosmopolitisme et transferts culturels, le cas des Juifs allemands » [archive], sur revue-de-synthese.eu (consulté le 17 avril 2008)

    91) Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen Âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 136.

    92) Daniel Aberdam, Berlin entre les deux guerres, une symbiose judéo-allemande, L'Harmattan, 2000, p. 33

    93) Michael Löwy, La culture juive allemande entre assimilation et catastrophe, Plurielles numéro 9 - Les juifs et l’Europe

    94) Joëlle Hansel, « Un judaïsme aux multiples facettes, Rivka Horwitz » [archive], sur scribd.com (consulté le 3 avril 2008)

    95) Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Foliohistoire, 2006, p. 318

    96) Raul Hilberg, p. 97

    97) Daniel Aberdam, p. 95-96

    98) Stéphane Mose, L'Ange de l'histoire, Rosenzweig, Benjamin et Sholem, Paris, Seuil, 1992

    99) Helmut Berding, p. 165

    100) Helmut Berding, p. 172

    101) Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen Âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 142.

    103) Paul Tolila, « Nazisme et génocide : approche de la brutalisation » [archive], sur revue-lebanquet.com (consulté le 8 avril 2008)

    104) (de) Albert Einstein, « Wie ich Zionist wurde » [« Pourquoi je suis devenu sioniste »], Judische Rundschau,‎ , p. 351

     

     

     

     

  • Nombre de faussetés et de non-dits...

    Je lis dans un billet intitulé Gaza/Israël: nouvelles frappes israéliennes vendredi matin publié sur le blog de la Tribune de Genève : "À 21 h 25 jeudi soir, les militants palestiniens ont lancé leur première attaque à la roquette " Dois-je rappeler au journaliste qui a rédigé ce billet que les tireurs de roquettes sont des terroristes. Qu'ils soient membres du Jihad islamique ou qu'ils soient même membres du Hamas, pas d'importance, l'Union Européenne a aussi classé ce dernier comme terroriste. Alors, de grâce n'utilisons pas un vocabulaire édulcoré lorsqu'il s'agit de nommer des individus qui au nom de l'Islam veulent libérer la "Palestine" de toute présence juive.

    Par ailleurs, et là je m’adresse aux deux agences de presse AFP et ATS qui sont la source recopié sur nombre de journaux : diantre, lorsque vous rapportez les guerres que se livrent le Hamas et Israël, veuillez a) ne pas utiliser des mots inappropriés, et b) divulguer les informations qui pourraient former l’opinion des lecteurs.

    En prenant par exemple l’article intitulé Conflit israélo-palestinien Nouvelles représailles israéliennes contre Gaza,1)  je lis :

    1) ...Israël a aussi resserré son blocus sur Gaza, en vigueur depuis plus d’une décennie…, puis quelques lignes après ...et en fermant le seul point de passage des marchandises entre Gaza et Israël... Tous lecteurs lambda pourraient se demander, sachant qu’un blocus signifie que l’on empêche toute relation commerciale avec l'extérieur, comment peut-on parler d’un blocus en vigueur depuis plus d’une décennie si Israël vient de fermer le point de passage de marchandises entre Gaza et Israël ? Pensons aux lecteurs qui s'arrêteraient au mot "blocus". Ils pourraient se faire une fausse idée de la situation que l’État hébreu impose à Gaza

    2) ...Mais la trêve prévoyait aussi...l’octroi de permis de travail en Israël à des ouvriers gazaouis… Or, quelques lignes plus loin, il est écrit : ... Le Hamas a demandé de doubler, à 10’000, le nombre d’ouvriers gazaouis pouvant traverser en Israël pour y travailler… Ce qui sous-entend que des permis de travail sont déjà octroyés aux Gazaouis. Ceux qui ne lisent pas l’article en son entier, et il y en a, pourraient croire qu’Israël ne délivre aucun permis de travail.

    En outre, l’article mentionne l’aide financière attendue du Qatar, mais il n'y est pas fait mention de la suspension des versements des salaires par l’autorité palestiniennes aux 41 % des actifs qui travaillent pour elle dans la Bande de Gaza.

    Il est vraiment déplorable de constater le nombre de faussetés et de non-dits qui circulent dans les articles consacrés aux guerres que doit livrer Israël à un groupe terroriste qui jure de l’annihiler, et qui s’est emparé d’un territoire qu’Israël a libéré dans un geste de paix.

    Par ailleurs, jamais je n’ai lu un article relatant le danger que représente le Hamas non seulement pour Israël, mais aussi pour une population pouvant servir de bouclier humain en cas d'attaques israéliennes. Nombre de roquettes sont tirées depuis les zones urbaines. Également ne trouve-t-on sur aucun de nos journaux imprimés ou numérisés un écrit signalant la paupérisation de la population gazaoui par une entité terroriste qui non seulement se sert de la largesse internationale à des fins d'enrichissement personnel de la hiérarchie, mais préfère investir dans l'arsenal militaire que de les investir dans des infrastructures au service des habitants.

    1) https://www.tdg.ch/nouvelles-frappes-disrael-sur-la-bande-de-gaza-910354365841

    David Frenkel

     

  • Le dramatique échec de la Suède

    La Suède qui pensait être plus intelligente que les autres nations au point de refuser le confinement et autres impositions sanitaires doit faire face à une réalité cauchemardesque. En effet, selon une étude publiée mardi (1) dans le Journal of Royal Society of Medicine, qui a scruté les taux d’infection dans ce pays en regard à d’autres pays voisins et analogues, la durabilité d’une contamination et la létalité sont nettement plus élevées en Suède. Ces taux dépassent largement ceux observés au Danemark, en Finlande et en Norvège dont les dispositions du prompt confinement semble avoir été plus opérant pour enrayer l’épidémie. En effet, par comparaison avec les autres pays nordiques, ses proches voisins, les chiffres de la Suède par rapport à 1 million d’habitants sont ô combien plus tragiques selon le tableau suivant :

    Suède : 574 morts

    Danemark : 107 morts

    Norvège :48

    Finlande 60.

    Et que l'on ne me sorte pas des théories du genre "Vous vous appuyez sur des chiffres sans connaître comment ils sont pris dans les statistiques" ou encore "Ils ne reflètent pas la réalité des populations qui dépendent de nombre de facteurs mis de côté". Car primo, c'est douter du sérieux d'une revue phare de la Société Royale de médecine réputée pour son indépendance éditoriale. Et secundo, c'est la même population scandinave. Tertio, dire qu'elles dépendent de nombre de facteurs mis de côté, sans pouvoir préciser lesquels, relève de la rhétorique généraliste pour masquer le manque d'arguments.

    La stratégie suédoise qui tablait sur l’immunité collective est donc un dramatique échec dû au constat suivant : ce que l’on sait du Covid19 est diablement moindre de ce que l’on ignore de lui. Dans ces conditions, il faut suivre la logique de la non-prolifération qui commande d’éviter, dans toute la mesure du possible, d’exposer autrui à un risque contagieux. Pour s’être aventurée dans une théorie plus risquée que celle du confinement, la Suède en paie hélas le prix.

    1) https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0141076820945282

    David Frenkel