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UN PEU DE TOUT - Page 104

  • Et si l'on reparlait de Joe Biden ?

    A ceux qui n'ont cessé de pourfendre Donald Trump durant son mandat, de se moquer de lui, de l’affubler de sobriquets les plus dégradants, je leur dédie l’article qui suit :

     
    Publié par Jean-Patrick Grumberg le 23 septembre 2021 sur Dreuz Info
     

    Les membres de la presse affectés à la couverture de la Maison-Blanche ont déposé une plainte officielle contre Joe Biden, pour avoir refusé de répondre aux questions des médias, pendant sa rencontre avec le Premier ministre britannique Boris Johnson dans le Bureau ovale.

    Après son discours de l’ONU, le président Biden a tenu une réunion dans le bureau ovale avec Boris Johnson. Le personnel de Biden lui avait préparé des notes, et une photo a permis d’apercevoir qu’étaient écrites des instructions basiques expliquant par exemple au président qu’il devait souhaiter la bienvenue à Johnson à la Maison-Blanche, et parler positivement des relations entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Comprenez-vous l’état mental de cet homme, s’il faut lui rappeler par écrit ce genre de choses ?

    Et c’est justement à propos de son état mental que l’incident qui a été suivi de la plainte des journalistes – cela ne s’est jamais produit avec le très détesté président Donald Trump – s’est produit.

    Boris Johnson a répondu à plusieurs questions des journalistes des médias britanniques, mais ensuite, les collaborateurs de Joe Biden ont demandé aux journalistes de quitter la pièce, coupant Boris Johnson au milieu d’une phrase. Puis ils ont crié sur les journalistes pour interrompre celui qui posait une question au président.

    M. Biden devait être protégé des journalistes, ce qui explique pourquoi ses collaborateurs ont commencé à s’énerver. Johnson a répondu à trois questions. Joe Biden a aucune. Et ce ne sont pas des journalistes de droite, de qui l’on est habitué à lire des critiques de Biden, qu’est venue la plainte, qui a été déposée mardi.

    « Les assistants de la Maison-Blanche ont repoussé les tentatives américaines de poser des questions. J’ai interrogé Biden sur la frontière sud et nous n’avons pas pu déchiffrer ce qu’il a dit », a tweeté Ed O’Keefe, journaliste de CBS News.

    Le président de l’Association des correspondants de la Maison-Blanche, Steven Portnoy, a immédiatement déposé une plainte officielle auprès de l’attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

    « L’ensemble de la rédaction du pool américain s’est immédiatement rendue dans le bureau de Jen Psaki pour déposer une plainte officielle contre le fait qu’aucun journaliste américain n’a été accepté pour poser des questions dans le Bureau ovale du président et que des collaborateurs ont crié par-dessus le président alors qu’il commençait à répondre à la question d’Ed O’Keefe sur la situation à la frontière sud. La réponse de M. Biden n’a pas pu être entendue malgré les cris », indique le communiqué.

    Plusieurs journalistes grand public ont exprimé leur stupeur au sujet de l’incident et du manque de transparence de l’administration Biden avec la presse. Ce qu’ils avaient craint du président Trump et qui ne s’est jamais produit une seule fois vient de se dérouler devant leurs yeux.

    • Andrew Restuccia, The Wall Street Journal :

    « Scène chaotique dans le Bureau ovale aujourd’hui, alors que Boris Johnson a répondu aux questions des journalistes britanniques, et que les assistants de la Maison-Blanche criaient sur les journalistes américains alors que nous essayions de poser des questions à Biden. »

    • Darren Grimes, GB News :

    « Boris Johnson a répondu à deux questions de la presse britannique, le président Biden a refusé d’en prendre une seule, nationale ou internationale. J’imagine bien les gros titres si Trump faisait de même, il serait décrié comme ‘autoritaire’, ‘dictateur fasciste’ échappant à tout contrôle. »

    • Ashley Parker, The Washington Post (Le WaPo a passé 4 ans à marteler Trump en le tenant responsable de tous les maux de la terre, même ceux pour lesquels il n’avait rien à voir, et qu’il passe son temps désormais à innocenter Biden, même pour les dégâts qu’il a directement provoqués) :

    « Il convient de noter que Biden s’est présenté aux élections en promettant de restaurer la démocratie après 4 ans de Trump. Mais aujourd’hui, c’est le dirigeant britannique, et NON l’américain, qui a mis en lumière un principe clé d’une démocratie florissante – le respect d’une presse libre – en répondant aux questions de son corps de presse. »

    • Stephen Miller, The Spectator :

    « Joe Biden n’a pas pris ou répondu à une seule question concernant la frontière, les boosters de la FDA qui se font critiquer, et la frappe de drone qui a tué 7 enfants. Ses assistants bousculent les journalistes et les font sortir des salles, et la presse s’exécute. »

    • Jennifer Jacobs, Bloomberg News :

    « Les assistants de Biden ont crié sur le président dans le bureau ovale, essayant d’empêcher un échange entre @POTUS et le corps de presse. »

    • Amber Athey, Spectator World :

    Le plus honteux a été la façon dont le personnel de Biden, après que BoJo a répondu à des questions de la presse britannique, a interrompu le Premier ministre britannique au milieu d’une phrase, en hurlant aux médias de quitter la pièce. M. Biden a finalement semblé prêt à répondre à une question sur la frontière posée par Ed O’Keefe de CBS, mais les membres de l’équipe ont continué à crier.

    Amber Athey conclut ainsi (1)

    C’est déjà assez grave que des employés du service de presse de rang inférieur aient empêché leur patron de s’adresser aux médias, mais il est tout à fait honteux qu’ils aient également jugé bon d’interrompre un dirigeant mondial en visite.

    Pouvez-vous imaginer l’incident international qui aurait éclaté si les fonctionnaires britanniques avaient refusé de laisser le président [américain] s’adresser librement à la presse pendant son séjour à l’étranger ?

    J’ai été dans le bureau ovale en tant que membre du pool de presse. Pendant l’administration Trump, j’ai vu des agents de liaison canaliser les journalistes de manière plutôt agressive. Mais ils ont toujours reculé lorsqu’un dirigeant mondial a indiqué qu’il souhaitait répondre à d’autres questions de la presse.

    https://spectatorworld.com/topic/need-talk-about-press-joe-biden/

    Et le coup de grâce – toujours sous la plume d’une journaliste de gauche :

    La détérioration mentale de Biden doit être encore plus grave que nous le pensons, si les membres de son équipe sont prêts à traiter des dirigeants étrangers avec un manque de respect flagrant pour l’empêcher de parler à la presse.

    Leurs actions s’apparentent davantage à un régime autoritaire qu’à un pays dont la Constitution garantit le droit à une presse libre.

    Jusqu’à présent, de nombreux membres des médias grand public ont affirmé qu’il était cruel de remettre en question l’état mental de Biden. N’est-il pas pire de prétendre que tout va bien alors que notre commandant en chef embarrasse et dégrade régulièrement notre pays sur la scène internationale ?

    https://spectatorworld.com/topic/need-talk-about-press-joe-biden/

    Je suppose que ce grave incident – il s’agit de l’état mental du président de la première puissance mondiale qui a les codes nucléaires – a fait la Une de vos journaux télévisés. Ah non ? Tiens tiens, ne sont-ils pas là pour informer ?

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  • Une folie obsessionnelle !

    Voici ce que l'on peut lire ce jour dans 20Minutes en page 8 de la version imprimée : Ariel.png

    MARRE DE LA COLONISATION

    CISJORDANIE Les Palestiniens ont lancé une action de protestation contre la colonie israélienne d'Ariel, au centre de la Cisjordanie occupée...

    Alors que des dizaines de territoires sont disputés, colonisés dans ce bas monde, les Palestiniens ont de la chance : on parle régulièrement d'eux. On ne parle pas autant des Kurdes qui sont victimes du partage colonial, des Tibétains dont les territoires ont été absorbés par la Chine, des Chypriotes du Nord qui subissent l'occupation turque, et le reste à l'avenant. Seuls les Palestiniens qui cultivent ce "juif des nations" que l'on peut houspiller sans passer pour un antisémite, retiennent l'attention de la presse x fois par année.

    Pour en revenir au journal 20Minutes situant Ariel en Cisjordanie occupée, le public doit savoir qu'Ariel est situé dans la zone C qui selon les accords d'Oslo conclus avec l'OLP en 1993 est sous souveraineté Israélienne. L'occupation de l’État hébreu y a cessé le 31 juillet 1988, lorsque le Royaume hachémite a renoncé à ce territoire. Ce sont précisément les « accords israélo palestinien de paix d’Oslo » qui ont organisé les modalités de la présence israélienne sur le territoire, désormais fondée sur un contrat, non sur une occupation. Ladite présence contemporaine en zone C est bien le résultat d’une décision internationale négociée entre palestiniens et israéliens. La Cisjordanie (Judée Samarie) n’est donc pas occupée puisque c’est la convention israélo palestinienne du 28 septembre 1995 (Oslo II) qui en a organisé l’exercice du pouvoir.

    Que prenne donc fin cette folie obsessionnelle qui ne cesse de s'emparer des médias; à longueur d'année ils n'ont qu'Israël dans le viseur.

    voir aussi https://www.jforum.fr/droit-europeen-pourquoi-les-implantations-juives-ne-sont-pas-illegales.html

    David Frenkel
     

  • Une femme d'ambition

      Assise derrière le bar, elle regardait, sans les voir, ces hommes qui se délaissaient de leurs sous pour courir le guilledou ; ses yeux noirs truffés de douceur poétisaient les cernes d’une âme en berne. Elle n’arrivait pas à faire le deuil de son ambition née un certain après-midi, lorsqu’elle déambulait à la main de son père dans le port d’Alger et qu’elle vit une baladine à la grâce féline se déhancher sur le quai sur un air de balalaïka ; la danseuse, avec ses pas de bourrée, papillonnait en décrivant des arabesques sur la grande natte qui recouvrait le bitume. Elle, la petite Fatima, du haut de ses neuf ans, contemplait la virtuosité de cette créature ; l’impétuosité des mouvements magistralement enlevés fouettait son esprit enfantin ; la fougue de la ballerine traversa sa frêle silhouette. La gamine rêva : elle se vit fracasser la monotonie de son existence avec la folie que dégageait un corps plein de passion. Éperdue, l’enfant s’écria : 

    – Papa ! J’aimerais apprendre à danser car maintenant je sais ce que j’aime : j’adore cette vie qui me sourit lorsque de beaux mouvements l’appellent.

          Une voix métallique troua alors ses petites oreilles :

          – N’as-tu pas honte, toi la bonne musulmane, de proférer des propos méphistophéliques ?

          – Papa, que signifient proférer des propos méphistophéliques ?

          – Dire des choses qui semblent venir du diable, lui répondit son père.

          Il baissa sa tête et ajouta d’une voix basse comme s’il s’adressait à lui-même :

          – Lorsque les formes d’une femme appâtent la gent masculine, elle n’est plus en odeur de sainteté dans la Maison d’Allah car elle engendre un mal-être qui suce sa pureté.

          Il y eut des mots qui ne faisaient pas partie du vocabulaire de Fatima ; elle comprit ce que voulait dire « sucer », « pureté », elle adorait sucer un bonbon ; l’enfant observait souvent la pureté d’un ciel sans nuage par un beau matin printanier ; mais comment pouvait-on sucer la pureté ? se demanda-t-elle. Fatima aspirait effectivement à devenir une bonne musulmane mais, dans sa petite tête, la religion devait être sans cesse une fête dans laquelle on se réjouit de vivre ; cette gosse voulait constamment remercier Allah pour tout. Le cœur de la petite avait senti l’Être ineffable à travers la musique et avait perçu de manière diffuse qu’en mouvant son corps au rythme des instruments on se rapprochait de la nature divine, principe de vie.

          Fatima adorait son père : il représentait pour elle l’autorité dans laquelle elle aimait s’oublier. Bien que déjà grande, il lui faisait toujours les mêmes recommandations : « ne t’arrête pas à écouter leurs billevesées », « fais attention à ta ligne ». Ce genre de petites phrases avaient une emphase qui la rassurait. Par ailleurs, elle lui en voulait car son ambition gisait dans les profondeurs de la conviction paternelle. Heureusement pour elle, sa mère, ne pouvant voir sa fille se morfondre, lui offrait des cours de danse auprès d’un ancien danseur étoile qu’elle réglait en cachette grâce à une cagnotte qu’elle s’était constituée à l’insu de son époux. Ainsi, la mère avait l’impression, à travers sa fille, de s’affranchir des contraintes d’une société patriarcale. Néanmoins, Fatima n’était pas à l’aise face à la complicité maternelle qui la projetait dans un monde responsable ; elle eût préféré que sa maman épousât l’étroitesse d’esprit de son géniteur même si sa grande ambition dût être mise sous l’éteignoir et qu’elle eût broyé du noir ; entre une existence morne et le défi qui ne laissait à sa culpabilité aucun répit, Fatima, à cette époque, aurait alors choisi d’emboîter le pas de son papa. La fille se sentait coupable d’accepter de son père bien-aimé les ordres qui la confinaient dans un cocon et de rejeter ce qui relevait de sa foi intime. Afin de rendre sa culpabilité moins présente, elle était devenue une bonne pratiquante en se soumettant avec ferveur aux cinq piliers de l’islam ; la dévote portait la burqa bien avant sa puberté. Toutefois, sa bigoterie s’entrechoquait régulièrement à sa rouerie lorsque trois fois par semaine elle faisait croire à son entourage qu’elle allait s’isoler à la mosquée pour prier, alors qu’elle se rendait auprès d’un beau ténébreux en s’imaginant psalmodier des versets du Coran, tant sa passion rejoignait le sacré quand il sculptait ses mouvements à la barre de danse. En enlevant sa burqa avant chaque leçon, la grande enfant avait l’impression d’effeuiller son corps en gage d’un amour qu’elle ne connaissait pas encore. Le professeur la troublait. Ses mirettes d’azur teintaient un visage volontaire d’un romantisme mystérieux ; son nez épaté aux narines dilatées avaient l’air de humer la sensualité latente que dégageait sa lèvre lippue lorsqu’elle s’entrouvrait ; une petite calotte brune incrustée dans sa chevelure d’ébène donnait un aspect savant au personnage ; son front bien galbé appelait la tendre caresse. Cet amour imaginaire et puéril galvanisait Fatima, et était la cause de ses fulgurants progrès. Dès que Fatima eut terminé sa scolarité obligatoire, sa mère lui trouva un gîte auprès de sa riche nièce afin qu’elle fût plus libre de ses mouvements ; son père donna son accord après qu’on lui laissa entendre que cette femme avait besoin de quelqu’un pour s’occuper de son ménage et d’une parente grabataire. Fatima s’exerça à la danse dès l’âge de dix ans. Bien qu’ayant débuté relativement tard, son talent enchantait rapidement un public de connaisseur lors des représentations où elle dansait masquée et sous le pseudonyme de « Rose ». La fille venue de nulle part s’éleva au rang de danseuse étoile. Sa logeuse lui paya aussi un garde du corps qui éloignait tout journaliste ; prétextant une fragilité psychologique, aucun entretien n’était accordé. Le voile seyait bien à cette coquine car, à mesure qu’elle grandissait, la religion se réduisait pour l’impudente à une mascarade derrière laquelle la rusée s’abritait, soit pour tromper son entourage, soit pour mettre la danseuse en cage ; le masque lui collait aux basques. Pour finir, les médias s’habituaient à l’énigme de cette jeunotte ; les critiques la surnommaient : « la rose d’Alger ».

        Fatima prenait conscience qu’il fallait qu’elle coupât le cordon ; la danse lui avait appris qu’un être charnel pouvait rejoindre le spirituel lorsque par un travail astreignant et régulier, il arrive à sublimer son corps et donner du plaisir à l’ensemble des spectateurs sans la distinction du bien et du mal. Elle ne supportait plus le carcan des traditions. De plus, l’irrationnel taraudait son esprit ; elle avait l’impression, quand elle parlait à son père, que la rougeur de son hypocrisie fardait outrageusement son visage et la rendait méconnaissable car parfois il ne la reconnaissait pas. La pauvre ne se doutait pas que les prémices d’une maladie hautement dévalorisante tourmentaient le cerveau de son père.

        Un jour, la danseuse en herbe lut une petite annonce : «  Cherchons belles jeunes filles aux formes parfaites pour intégrer l’équipe des ”Ballets Mauves” à Bienne, Suisse ». Fatima présenta l’annonce à sa cousine, toutes deux subjuguées par le mot « Ballet » ne comprirent pas ce qu’il fallait. Aucune ne déchiffra le mensonge ; la riche Helvétie s’abandonna dans leur songe. Sa parente lui avança gracieusement les frais de voyage. Ni son père, devenu sénile, ni sa mère, déjà au courant de tout, ne s’opposèrent à son départ. Et c’est avec un cœur plein d’ambitions que Fatima s’en allait sous d’autres horizons.

        Lorsque la crédule découvrit le pot aux roses, affolée, elle se présenta sous le pseudonyme « Rose » mais celle-ci s’étalait dans les frimas de l’anonymat. Le rictus du maquereau laissèrent entrevoir des dents pareilles à des crocs ; entièrement à sa merci, il lacéra l’univers qu’elle s’était forgé et, quand le gérant du cabaret « Les Ballets Mauves » troqua son prénom Fatima contre celui de Katia, les mots que son père avait proférés ce fameux jour sur le quai du port d’Alger : «…Un mal-être qui suce sa pureté », prenaient alors un tour cauchemardesque.

    ... La démunie vit ce vieux bedonnant se nourrir de son innocence et excréter sur les autres mâles les restes de son ingénuité transformée en une concupiscence nauséabonde. Dépourvue de son identité, Fatima l’ambitieuse devint Katia la vicieuse lorsque, avec son air de sainte-nitouche, sa bouche affriolante promettait aux hommes l’amour, à condition qu’ils lui offrent et boivent avec elle un champagne dispendieux. Mais après avoir réglé l’addition, les assoiffés de plaisir réalisaient qu’ils caressaient une chimère car la passion adhérait au fond des verres. En effet, Katia ne pouvait s’offrir aux râles d’un amour triste, elle languissait après les hourras qui ponctuaient les ballets de Fatima. Le patron de l’établissement, souffrant d’impuissance, était hypnotisé par la gracieuse désespérance de cette nouvelle venue et ne la força pas à tenir ses promesses. Aussi, se disait-il, laissons son minois de pucelle remplir mon escarcelle, je rendrai à la demoiselle sa liberté lorsque les clients ne voudront plus l’inviter. Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse : après quelques semaines déjà, il congédia Katia car beaucoup de clients, ayant pris une veste, la fuyaient comme la peste. Pourtant, c’était un beau brin de fille ; son hâle éclatait la brillance d’un caramel sur des traits finement dessinés, de longs cheveux acajou coiffaient une tête qui couronnait brillamment sa plastique ; sa vénusté entrebâillait les portes du sublime.

        Bien qu’elle se fût régulièrement entraînée, Fatima n’avait plus la force morale de se présenter à un concours et voulut attenter à ces jours car la vilenie de Katia l’avait plongé dans la neurasthénie ; elle ne s’était pas imaginée qu’elle tomberait dans un traquenard qui anéantirait son art. Avant de se jeter sous un train, elle voulut s’offrir une dernière danse. Devant une foule amassée sur le quai de la gare, elle s’éleva vers le ciel avec la grâce d’une sylphide, retomba sur le perron comme une plume, se dressa sur ses pointes, tourna en cercle autour d’un mignon bambin pendant de longues minutes en imitant avec ses bras le battement d’ailes des oiseaux et termina sa démonstration par quelques pirouettes digne d’une danseuse étoile avant de faire une révérence royale. Un homme s’approcha de l’intrépide, lui parla, c’était le grand maître chorégraphe Maurice Tarbej.

          Une salve d’applaudissement ponctua la première représentation de Fatima en Suisse. Lors du sixième rappel elle tint dans sa main le télégramme lui annonçant le décès de son père. La voix implorante de Fatima brava les vivats d’un public enthousiaste ; elle s’écria : « Papa ! Donne-moi l’absolution, je suis une femme d’ambition ».

    David Frenkel