Un faux procès
Le ramdam médiatique autour d'un maillot de bain intégral, conçu pour protéger les femmes du regard concupiscent des mâles, prend une tournure biscornue et démesurée. La concupiscence des yeux est une branche du plaisir qui pousse à l'arbre de la vie. On peut l'entourer de perversité, d'où la nécessité pour certains de la recouvrir de l'étoffe des bien-pensants. Mais pourquoi tant discourir sur une tenue vestimentaire qui ne regarde qu'une minorité ? Pour quelles raisons vouloir faire de la publicité pour des convictions rétrogrades ? D'ailleurs, chacun est libre de se vêtir comme il l'entend. L'hygiène ne peut servir d'alibi à ceux qui veulent interdire le port de ce controversé habit. L'insalubrité peut suinter par tous les pores. Aussi me permets-je de faire une réflexion générale. La nudité d'une chair n'engendre pas le crime. Alors que la crudité des scènes violentes projetées à tout va et complaisamment partout dans le monde, non seulement banalise le meurtre, mais légitime, dans l'esprit de certains, le recours au mal absolu. Combattons donc d'abord cette violence gratuite, qui ne relève pas de l'instinct de survie mais d'un sadisme n'ayant pas cours dans le règne animal ou qui est fondée sur une croyance chimérique, avant de nous effaroucher devant une œuvre de la nature.
David Frenkel