Une tempête dans un verre d'eau
Voici le préambule à la constitution suisse :
Au nom de Dieu Tout-Puissant! Le peuple et les cantons suisses, conscients de leur responsabilité envers la Création, résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres, arrêtent la Constitution que voici…
Il se trouve que le conseiller national Fabien Molina trouve à redire sur la mention divine dans un texte officiel. Aussi a-t-il déposé récemment une motion visant à supprimer la référence à dieu, car prétend-il, «le peuple ayant interdit par votation le port de la burqa, cette référence au Tout-Puissant et à la création chrétienne contredit le principe de neutralité de l’État en matière de religion » et ajoute-t-il, la référence à Dieu exclut les personnes de confession non-chrétienne et les non-croyants ce qui va l’encontre de la liberté de la foi et de conscience garanti par le texte fondateur » Puis, enfonce-t-il le clou, « Nous ne voulons pas d’une théocratie... ».
Je lui rétorque ceci :
°L’interdiction de la Burqa n’interdit en aucune façon le déisme, comme le théisme, dont certains s'en prévalent aujourd'hui encore. On peut très bien croire en l’existence de Dieu sans pour autant pratiquer une quelconque religion.
°la Création se définit comme l'Univers entier, considéré comme une création divine. Par conséquent, en appeler à Dieu n'entraîne aucunement le qualificatif "chrétien". Les juifs et les musulmans en appelle également au Tout-Puissant.
°La référence à Dieu n’exclut donc d’aucune manière les personnes de confession non-chrétienne et les non-croyants, car primo le préambule à la constitution n’a pas force de loi, et n’engage donc que celui ou ceux qui l’ont rédigé. Secundo, il n’est écrit nulle part dans la constitution suisse que la religion officielle du pays est chrétienne.
Je dirais donc plutôt que la constitution s’alliant aux valeurs qui y sont citées est religieusement humaine et universelle. Liberté, démocratie, indépendance, paix, solidarité, et tout ce qui y est encore mentionné, et pouvant améliorer ce bas-monde sont les qualités nécessaires au bonheur des citoyens.
Dommage que Fabien Molina s’en soit pris à un texte écrit en préambule à la constitution suisse tout en acceptant le ridicule de interdiction constitutionnelle de la tenue vestimentaire musulmane, C’est ce qui s’appelle une tempête dans un verre d’eau.
David Frenkel