Le printemps d'un vieil Andalou... Le poétique virus ne nous fait pâlir, il nous fait jouir (XLIV)
Les pétales de banane se déploient
Autour d’un amas de myrtilles
Renflant dans l’esprit d’un vieillard.
Il salive près de la fleur d’Andalousie,
Près de la bannière du printemps.
Il goûte la femme, la corolle d’antan,
Trônant comme une friandise
Dans la bouche du barbon
Qui, même rongé par les vers,
Savourera à jamais le doux souvenir.
L’écume florale s’écoule du vieux ;
Elle tachette les langues vertes
D’un ancien tronc andalou
Résistant aux malheurs glaciaux.
Les fruits ovales de la plante stoïque
Entourent le corps décharné du vieillard ;
Le corps en poussière s’enduira de son jus ;
L’olive verdira la nuit éternelle
Aux aubes des éternels printemps.
La fauvette andalouse redresse sa queue ;
Le fourré peut entamer son chant.
Sur les ailes nuptiales, la noirceur s’envole
Vers l’allégresse des coloris.
La grisaille du vieux se couvre de bleu,
Son cœur s’emplit d’harmonie printanière
Se riant de sa demeure dernière.
Le pourpre enveloppe des corps de déesses ;
Les volants des costumes se soulèvent
Aux rythmes des flamencos,
Le printemps leur fait écho.
Il se déhanche avec le zéphyr amoureux
Sur la mer andalouse peinte en camaïeux,
Sur le bleu des tons merveilleux.
L’âme du vieux vibre aux sons des castagnettes ;
Le claquement des mains à la nuit du tombeau
Transforme en chant le croassement des corbeaux.