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De Gaulle et sa prophétie... Faites-moi donc rire

Qu'une personne me traite publiquement de mauvais blogueur (parce que j'ai exprimé mon opinion)  est déjà contraire à la courtoisie qui devrait régner ici, mais qu'elle nie le caractère antisémite de de la phrase de Charles de Gaulle « les Juifs, un peuple sûr de lui-même et dominateur » dépasse l’entendement. En prenant comme contexte le triomphe israélien lors de la guerre des six jours, cette personne justifie ici la phrase du Général. Or, elle se garde bien de rappeler au public les menaces incessantes d'Amal Gabdel Nasser de rayer Israel de la carte et de jeter tous les Juifs à la mer. De même oublie-t-elle que le blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l'Égypte le 23 mai 1967, valait casus belli. Aussi, lorsque cette personne affirme «... De Gaulle, une fois de plus prophétique, avait alors dessiné en termes politiques et géostratégiques, en une formule cinglante, ce qui allait se passer au Moyen-Orient. A savoir que Israël n’avait à l’époque, profitant des circonstances, réalisé que la première étape de son expansion territoriale au détriment des Palestiniens », me demandé-je comment une personne, dont la fonction demande d’analyser objectivement les faits, peut-elle ne pas être consciente que si la Jordanie et la Syrie en 1967 n’avaient pas attaqué Israël, la Judée Samarie et Jérusalem-Est seraient jordaniens, et le Golan  serait syrien, et cela encore aujourd'hui. Jusqu’à la victoire d’Israël en 1967, nul ne revendiquait la constitution d'un État palestinien !!!!

Pauvre Charles de Gaulle qui n'a pas su prophétiser qu’Israël, malgré sa victoire, allait rendre le Sinai à l’Egypte, se retirer d’un Gaza dont ce dernier ne voulait pas, signer un traité de paix avec la Jordanie qui renonça à la Judée Samarie et selon les accords d’Oslo, donner l’indépendance à une partie de ce territoire que l’État hébreu a conquis lors d’une guerre défensive.

Par ailleurs, « les Juifs, un peuple sûr de lui-même et dominateur » n’est pas une formule cinglante, comme le prétend la brave personne, mais est un appel à la haine raciale, et cela, non seulement pour les raisons expliquées dans mon précédent billet, mais aussi au motif que certains juifs s’opposent encore aujourd’hui au sionisme. De Gaulle en parlant d’un peuple juif dominateur ne fait donc qu’énoncer ce que l’on peut lire dans l’ouvrage antisémite « Les protocoles des sages de Sion », largement diffusé dans les milieux judéophobes. J'ajouterais que

Raymond Aron quant à lui, dans son ouvrage "De Gaulle, Israël et les Juifs, p. 15-18", écrit: tout en reconnaissant « que le général de Gaulle a voulu... repousser les accusations d'antisémitisme élevées contre lui  accusations que je n'ai pas prises à mon compte »8, a anticipé dans son article « Le temps du soupçon », publié dans Le Figaro du 6 décembre 1967, les effets de cette déclaration qui désignait « le peuple juif » et non les seuls Israéliens : « Définir un “peuple” par deux adjectifs... expliquer l'impérialisme israélien par la nature éternelle, l'instinct dominateur du peuple juif... Aucun homme d'État occidental n'avait parlé des Juifs dans ce style, ne les avait caractérisés comme “peuple” par deux adjectifs... les Juifs de France ou, pour mieux dire, du monde entier, ont immédiatement saisi la portée historique des quelques mots prononcés le 28 novembre 1967.Le général de Gaulle a, sciemment, volontairement, ouvert une nouvelle période de l'histoire juive et peut-être de l'antisémitisme. Tout redevient possible. Tout recommence. Pas question, certes, de persécution : seulement de “malveillance”. Pas le temps du mépris : le temps du soupçon. »

Et pour en revenir à la soit-disant annexion par Israël d’une partie de la Judée Samarie, la personne qui en parle ne sait-elle donc pas que cette souvraineté obéit à des motifs sécuritaires. La bande de Gaza a été unilatéralement abandonnée par l’État Hébreu au profit de l’Autorité palestinienne, mais le Hamas s’en est emparé quelques temps après et utilise ce territoire pour anéantir l’État juif, comme stipulé dans sa charte. Alors, imaginons le danger que courrait Israël si le Hamas prenait le pouvoir en zone C de la Judée Samarie et à Jérusalem-Est. Remémorons également aux oublieux de l'histoire qu'avant que la Syrie n'attaque en 1967 l’État hébreu, les soldats de ce pays tiraient régulièrement sur les pêcheurs et les agriculteurs israéliens de la plaine depuis le Golan.

Le fanatisme pour De Gaulle ne doit pas occulter le fait que ce dernier porte une très lourde responsabilité dans la persistance de nos jours de cet antisémitisme qui gangrène certains milieux en France, et dont l'un des points marquants y fut l'affaire Dreyfus de triste mémoire qui donna naissance au sionisme.

David Frenkel

 

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