Réflexions (IV) Tout dépend...
La qualité n’est pas toujours une vertu, et le défaut n’est pas toujours un vice. Je vous en donne quelques exemples. Être magnanime envers un malfrat relève de l’inconscience criminelle quand on connaît le risque de récidive de l’individu. la jalousie émanant d’un homme doté de grandeur morale devient émulation, elle peut engendrer de nobles choses. Il en est de même de la haine, elle peut être vilaine ou saine. Elle est vile lorsqu’elle est gratuite, qu’elle se déploie contre autrui sans que son auteur ait eu à pâtir de celui-ci. Le racisme se définit par la détestation arbitraire d’un non-moi perçu à travers la couleur d’une peau, la foi d’une croyance ou d’une nationalité, bref, par tout ce qui est perçu à travers le prisme des différences culturelles et physiques. Et il est du devoir de tout humaniste de honnir les prêcheurs de haine apposant leurs étiquettes discriminatoires sur certains. En revanche, s’élever avec véhémence contre ceux qui faillissent à leurs obligations n’est nullement haineux. Tout homme dont la fonction est de fournir ce qui est dû contractuellement peut être dénoncé abruptement par celui qui a été lésé. Aussi peut-on contester sans ménagement toute personne qui a été élue pour exercer une fonction au sein d’un État, et dont les décisions et les comportement ne nous siéent guère. Et ce n’est non plus faire preuve de haine que de stigmatiser une corporation dont les membres manquent de conscience professionnelle. De grâce, ne confondons pas l’objurgation avec la détestation. Ce n’est qu’en séparant le bon grain de l’ivraie que notre conduite sonnera vraie.