Antisionisme égale antisémitisme
J'aimerais d’abord dire ceci en préambule à ce qui va suivre : critiquer le gouvernement israélien n'est pas de l’antisionisme. Ce n’est pas, par exemple, parce que l’on critique le gouvernement suisse que l’on est anti-Suisse, dans le sens de dénier au peuple suisse le droit d’avoir un État indépendant. On est donc pas antisioniste --- pour autant que l'on appelle sioniste celui qui défend le gouvernement israélien, ce qui est absolument faux comme je vais vous le démontrer--- quand on s’insurge contre le gouvernance de l’État hébreu.
Cela étant précisé : voici la définition de l’antisémitisme selon le Larousse : « Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires ». Et voici la définition du sionisme, toujours selon le Larousse : « Mouvement dont l'objet fut la constitution, en Palestine, d'un État juif. » Par conséquent, refuser aux juifs d’avoir un État comme les autres peuples, c’est être antisioniste dans le sens de la définition du sionisme, et donc, dénier aux juifs d'avoir un État, comme ces derniers . Ce qui revient à promulguer contre eux des mesures discriminatoires qui entrent dans la définition de l’antisémitisme.
Au vu de ce qui vient d'être écrit, le sionisme n'est pas un projet politique, mais bien plus : une sauvegarde contre cet antisémitisme qui sévit partout dans le monde depuis plus de 2000 ans, et donc le point culminant a été la Shoah. La preuve en est que le sionisme est né après l’affaire Dreyfus. Herzl constata alors qu’aussi loin que les juifs aient désiré s’assimiler dans leur pays de résidence, ils avaient toujours été considérés comme un corps étranger qui tourne en bouc émissaire lorsque les choses vont mal. Par conséquent, le sionisme, c’est avoir un État où les juifs n’auraient pas à subir les discriminations, voir les exactions à leur encontre. Être antisioniste c’est donc leur refuser cette protection et laisser qu’ils subissent l’hostilité de quiconque. Quoi donc de plus antisémite que cela, surtout à l’heure où la judéophobie est mondialement exponentiel.
Et je tiens aussi à mettre l'accent sur ceci : Les juifs en s’étant établi dans ce qui fut à l'époque la Palestine mandataire n’ont volé la terre de personne. A ce propos, je vous livre ci-après un large extrait d'un article de Joseph Farah, journaliste americano-arabe (Traduction française de Norbert Lipszyc). Mais avant, j'ajouterais que si le territoire israélien s’est agrandi depuis 1948, ce n'est aucunement parce qu'il avait des visées colonialiste, mais parce qu’il est sorti vainqueur de cinq guerres que les arabes lui ont déclaré. Et encore Israël a-t-il rendu le Sinai à l’Egypte et donné Gaza à une autorité palestinienne. Je rappelle à ce propos que le Hamas, groupe terroriste, dont la charte prône l’anéantissement d'Israël, s’en est emparée deux ans après en ayant provoqué un grand bain de sang. Je cite donc Mr Farah :
...Permettez-moi d'affirmer clairement et simplement ceci: les Juifs en Israël n'ont pris la terre de personne.
Quand Mark Twain visita la Terre Sainte au XIXe siècle, il fut très déçu. Il ne vit pratiquement personne. Il la décrivit comme une vaste terre de désolation. Le pays que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'Israël était pratiquement désert [1]. Au début du XXe siècle cela commença à changer. Des Juifs venus du monde entier se mirent à revenir dans leur patrie ancestrale, la Terre Promise que Moïse et Josué avaient conquise, des millénaires auparavant, ainsi que le croient Chrétiens et Juifs, sous les ordres directs de Dieu. Cela ne veut pas dire qu'il n’y ait pas toujours eu une forte présence juive sur cette terre, en particulier dans et autour de Jérusalem. En 1854, selon le compte-rendu publié dans le New York Tribune, les Juifs représentaient les deux tiers de la population de cette ville sainte. Quelle est la source de cette statistique ? Un journaliste, envoyé spécial au Moyen-Orient pour le Tribune. Il s'appelait Karl Marx, oui ce Karl Marx là.
Un guide de la Palestine et de la Syrie, publié en 1906 par Karl Baedeker, illustre ce fait : alors même que l'Empire Ottoman musulman régnait sur la région, la population musulmane de Jérusalem était minime. Ce livre estime la population totale de la ville à 60.000 habitants, dont 7.000 Musulmans, 13.000 Chrétiens et 40.000 Juifs. "Le nombre de Juifs s'est considérablement accru durant les dernières décennies, malgré l'interdiction d'immigrer ou de posséder des terres qui leur est faite", déclare ce livre. Bien que les Juifs y soient persécutés, ils venaient quand même à Jérusalem et y représentaient la vaste majorité de la population, déjà en 1906. Et bien que les Musulmans proclament aujourd'hui Jérusalem comme la troisième ville sainte de l'Islam, quand la ville était sous régime musulman, ils ne lui manifestaient que très peu d'intérêt.
Lorsque les Juifs vinrent, drainant les marécages et faisant fleurir les déserts, un phénomène intéressant se produisit. Les Arabes suivirent. Je ne les en blâme point. Ils avaient de bonnes raisons de venir. Ils y trouvaient des emplois. Ils venaient pour la prospérité. Ils venaient pour la liberté. Et ils vinrent nombreux.
Winston Churchill observa en 1939: "Ainsi, loin d'y être persécutés, les Arabes sont arrivés en masse dans ce pays, s'y sont multipliés jusqu'à ce que leur population augmente même plus que les communautés juives de par le monde n'avaient pu mobiliser de Juifs." Puis arriva 1948 et la grande partition. Les Nations Unies proposèrent la création de deux États dans la région, l'un juif, l'autre arabe. Les Juifs l'acceptèrent avec gratitude. Les Arabes la rejetèrent férocement et déclarèrent la guerre.
Les leaders arabes demandèrent aux Arabes de quitter la zone pour ne pas être pris dans les échanges de tirs. Ils pourraient revenir dans leurs maisons, leur dit-on, après qu'Israël soit écrasé et les Juifs détruits. Le résultat ne fut pas celui qu'ils escomptaient. Selon les estimations les plus courantes, plusieurs centaines de milliers d'Arabes furent déplacés du fait de cette guerre, mais non par une agression israélienne, non par un accaparement des propriétés foncières par les Juifs, non par un expansionnisme israélien. En réalité, il existe de nombreux documents historiques montrant que les Juifs ont instamment demandé aux Arabes de rester et de vivre avec eux en paix. Mais, tragiquement, ces derniers choisirent de partir.
...Telle est la véritable histoire moderne du conflit arabo-israélien. Jamais les Juifs n'ont arraché les familles arabes de leurs foyers. Quand la terre avait un détenteur, ils en achetaient les titres de propriété largement excessifs, pour pouvoir avoir un lieu où vivre à l’abri des persécutions qu’ils avaient subies partout dans le monde.
Dire que les Israéliens ont déplacé qui que ce soit est un énorme et flagrant mensonge dans d'une longue série de mensonges et de mythes qui ont amené le monde au point où il est prêt à commettre, encore une fois, une autre grande injustice envers les Juifs.
-----------------------
[1] "La terre d'Israël (baptisée 'Palestina' par l'Empire romain et rebaptisée 'Palestine' par ses descendants anglo-saxons) était quasiment vide et désolée avant les grands mouvements migratoires de la fin du XIXe siècle, comme en témoignèrent tous les archéologues et écrivains qui la visitèrent à l'époque. Thomas Shaw, Constantin Volney, Alexander Keith, J.S. Buckingham, Alphonse de Lamartine, Mark Twain et Arthur Stanley s'accordent tous sur le fait que la 'Palestine' était un désert parsemé de rares bourgades". (Limor Livnat, ministre israélienne de l'éducation nationale, "Israël : ma part de vérité", Le Monde, 21 décembre 2001.
"Jérusalem est un charnier entouré de murailles. Tout y pourrit, les chiens morts dans les rues, les religions dans les églises. Il y a quantité de merdes et de ruines. Le juif polonais avec son bonnet de renard glisse en silence le long des murs délabrés, à l’ombre desquels le soldat turc engourdi roule, tout en fumant, son chapelet musulman…" Gustave Flaubert, Correspondance (http://expositions.bnf.fr/veo/cabinet/citation.htm)