Arrogances
L'arrogance, c'est le costume d’apparat du pouvoir, de la beauté, de la richesse intellectuelle ou matérielle. Certains privilégiés de la vie s’en revêtent lorsqu'ils se promènent le long des rives humaines. Mais gare à l'apparat qui brille parmi les haillons couvrant autrui ; il n'y peut que devenir ténébreux. Englouti par la noirceur de la vanité, l'autre se pétrifie alors d'impuissance. Le sourire de mépris fendu jusqu'aux oreilles, la pupille rieuse se dilatant d'orgueil, étalent l'arrogance sur un cœur sans défense. Et quand la langue immonde, l'aiguillon de l'exclusion, transperce nos valeurs, le venin saupoudré d'arrogance empoisonne maints esprits. Heureusement que les caciques d'un despotisme sanguinaire s'embourbent dans la fange guerrière jusqu'à sombrer dans l'arrogance suicidaire. Si celle-ci ne les avait pas engloutis, le monde se nourrirait encore de bêtes immondes. L'arrogance, c'est aussi le costume austère qui habille parfois les vassaux de Dame nature. Le temps s'écoulant dans les sillons de la création aborde avec arrrogance la frontière de l'existence. A l'automne de la vie, il se pare de feuilles grises tombant d'un arbre qui scintille dans la nuit éternelle. La maladie, l'éternelle envahisseuse, attifée de l'obscure nudité, s'introduit avec toute son arrogance dans l'intimité des corps. Elle s'y établit jusqu'à y chasser le résident. La catastrophe, qui gît dans les profondeurs terrestres, qui s'échauffe dans les cratères de l'enfer ou qui s'élève aux hauteurs des cieux, se couvre de noirceur méphistophélique afin de piétiner arrogamment une des plate-bande du cosmos. Accoutrée d'habits dantesques, l'arrogance s'entête à vouloir sévir. Pourtant, vêtue simplement, l'arrogance sous des couleurs voluptueuses s'abandonne. Habillée de vert pâle, elle se livre à la bonté, couverte de blanc, elle épouse le ravissant, et plaquée d'or, elle s'étale sur la charité. Réconfortante, passionnée, généreuse, l'arrogance est devenue la superbe vertueuse.