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UN PEU DE TOUT - Page 10

  • Le français mourant

    Le français c’est un velours qui habille le balbutiement des pensées. L’harmonie des mots bien ordonnés vêt d’élégance la parole. La symphonie des phrases bien écrites habille de poésie la langue. Œuvre retouchée durant des siècles, sa mélodie s’invite dans toutes les bouches.

    Français, tu te meurs ; on te coupe, on te défigure. Tes belles expressions sont tailladées ; le verbe dépérit faute de génie. Le pataquès a été porté au pinacle ; la médiocrité est à la page.

    Une marée de néologismes, les vagues de l’anglicisme, submergent un passé plein de richesse, mettent au rebut les belles envolées. L’écume d’un verbiage plat jette aux foules la balourdise ; la bave d’une langue agonisante coule dans un désert de culture.

    Les cités répandent leur amertume sur les arcanes de la langue française ; foin de grammaire, place au vocable vulgaire. On jette aux orties l’expression savante ; trop de maux entourent les villes. La solitude citadine entame les mots ; rien ne rappelle l’aisance d’une langue lorsque des vies sont exsangues.

    Ne vous essoufflez pas langue de Molière dans les courses de la rue ; ne vous éteignez pas fanal d’un peuple dans les bras de la verte génération ; ne vous en allez pas belles-lettres au musée des langues mortes ; survivez dans le tumulte du commun.

    Et voici pour terminer quelques tics de langage modernes

    Le pronom “On”

    De nos jours, le pronom personnel « je » est souvent remplacé par le pronom impersonnel « on » surtout lorsqu’il est sujet du verbe téléphoner. Ainsi, dans l’expression « on se téléphone », suivant les personnes, il sous entend :

    a) Un de nous deux.
    b) Moi.
    c) Toi.
    d) A voir.
    e) Se téléphoner, un moindre mal.
    f) Je n’ai plus rien à te dire.
    g) Tais-toi, je suis pressé.
    h) Jamais.
    i) Rien.

    Hélas, bien des interlocuteurs ignorent à quelle catégorie ils appartiennent…

    Un tic qui est toujours dans le coup

    C’est un mot passe-partout utilisé à tout bout de champ, comme s’il collait à la bouche de nombreux individus, et surtout à mauvais escient. On dirait que les adverbes alors, donc, par conséquent, de ce fait, à la suite de quoi, se perdent dans le brouillard d’un coup. Tendez l’oreille aux bavardages de la rue et l’expression « du coup » revient sans coup férir sur bien des langues. A force d’entendre cette redondance à la mode populaire cela en devient un tic à l’air de l’uniformisation orale. Foin de langage varié, seul fait florès ce tic qui est toujours dans le coup.

    Le « e » peut devenir un autre tic lorsqu’on le fait entendre alors qu’il devrait rester muet. Que de fois cette voyelle se rappelle-t-elle à notre bon souvenir à la fin d’un mot. Pourtant, elle devrait se faire discrète dans la bouche d’aucuns. Les «bonjoure» pullulent lors d’un accueil, lors d’un salut dans les rues ou encore résonne de manière agaçante quand l’aide soignante ou l’aide soignant nous rend visite. Et en parlant de ces derniers, les hop par ci, hop par là, peuvent nous donner envie de déguerpir et rejoindre le pire.

    Bien d’autres tics de langage peuvent taper sur les nerfs lorsque prononcés à satiété, il peuvent dénoter cette paresse verbale que l’on trimbale.

    David Frenkel

  • Lâchons-nous

    Pendons le masque de nos souffrances,

    Accrochons les habits de nos peines,

    Au crochet d’un jour morne !

    Enfilons un costume de fête,

    Passons le manteau de l’insouciance,

    Sur nos larges et délicates épaules !

    Octroyons-nous une plage de repos

    Autour d’une tablée conviviale !

     

    La calembredaine côtoie la fredaine,

    Le rire gras oint les anicroches,

    Les vieilles histoires ressortant des tiroirs,

    On les saupoudre de hâbleries

    Pour épater la galerie.

    La foucade fait oublier la rebuffade.

    Autour d’un verre, le chant grivois

    Fait balancer les hommes aux bras enlacés.

     

    Dansez âmes solitaires

    Sur l’humeur joyeuse des ginguettes !

    Venez manœuvres des basses besognes,

    Gambillez au milieu des ivrognes !

    La foule en ivresse distille sa tendresse.

    Hommes harassés, courrez le guilledou !

    Reposez-vous sur les lustres d’une chimère !

    Amants éconduits, joignez-vous à la romance

    D’un chœur qui émoustille l’amour !

    On perçoit le charivari des déboires

    A travers le bastringue des chansons à boire.

     

    Un plaisir savouré loin des performances,

    Un vin dégusté dans de bonnes circonstances,

    Des peines épanchées de façon spontanée,

    Des joies renforçant la connivence,

    Confinent les rancunes dans l’agitation,

    Relèguent la rancœur dans les malentendus.

     

    Les hommes et les femmes en goguette

    Font valser leurs soucis

    Sur la piste d’un cercle d’amis.

    David Frenkel

  • Allez... Musique

    Elève-toi, chant de la terre ;

    Elle soigne sa vieille mère.

    Résonnez psaumes mélodieux ;

    Il prend jour et nuit soin du vieux.

     

    Hautbois, fais jaillir l’allégresse ;

    La fille est pleine de caresses

    Quand sa maman crie sa détresse.

     

    Violon, flatte par la sonate

    La bonté d’un fils écarlate

    Quand la folie du père éclate.

     

    Célébrez, voix de violoncelle

    L’abnégation de la pucelle ;

    Sa magnanimité ruisselle

    Sur la vieillesse maternelle.

     

    Saint homme, sonne le clairon ;

    Le fiston brise le ronron

    De son papa le vieux barbon

    Qui sourit à son beau fleuron.

     

    Pianiste, mets tout ton talent

    Au service du mouvement lent.

    Chante le garçon plein d’allant

    Qui choyait le père indolent.

    Dédie-lui ton art insolent.

     

    Avance-toi, ballet classique ;

    Fait danser la grande musique

    Aux yeux de cette fille unique

    Dorlotant sa maman cynique.

    Son grand cœur rend l’art magnifique.

     

    Prêtez vos oreilles aux hymnes

    Glorifiant les bontés divines.

    Symphonie, réjouis l’enfant

    Qui se consacre à son parent. 

     

    David Frenkel