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  • Ode aux fleurs

    Quand la noirceur m’effleure,

    Je cours au jardin des fleurs ;

    De leurs merveilleux pétales,

    De bonnes odeurs s’exhalent ;

    Ces parfums capiteux

    M’enivrent tant soit peu ;

    Leur inflorescence

    Me met en présence

    De l’indicible nature

    Où le passé, le futur

    Se confondent avec le présent,

    Je n’ai plus la notion du temps.

     

    Lorsque les abeilles butinent,

    Le miel m’en lèche les babines ;

    Je pense à cette douceur

    Qui met du baume à mon cœur.

     

    Fleurs, quand je vous observe,

    Je retrouve ma verve ;

    Votre belle corolle

    Devient mon auréole ;

    Les papillons qui se posent

    Sur les tulipes et les roses

    Mouchettent le fleurage

    En décorant le village

    D’un superbe tableau

    M’immergeant dans les flots

    Tranquilles de l’espérance.

     

    Je repose ma souffrance

    Et je me délecte de l’idylle

    Entre l’étamine et le pistil ;

    Lorsque mon nez, sensible à ce phénomène,

    Se débarrasse bruyamment du pollen,

    Je ne cesse de méditer

    Sur cette immense faculté

    De l’intelligente nature

    Qui se reproduit à mesure

    Que les organismes se meurent.

    Je suis vivifié par les fleurs,

    Les fruits savoureux qui leur succèdent

    Me montrent que la mort n’est pas laide.

    David Frenkel

     

     

  • Le temps, cette immensité

    L’infatigable tic tac des horloges

    S’égrène sur le tapis du destin.

    Les pas du temps qui passe

    S’ébruitent à nos oreilles.

    Les étapes de l’existence

    Irréversiblement s’alignent

    Sur le galop des secondes,

    Irrévocablement se règlent

    D’après le trot des minutes,

    Irrémédiablement s’ordonnent

    Selon la marche des heures

    Qui parcourent nos journées.

    Dans la foulée du temps qui passe,

    Se multiplient les semaines,

    Se reproduisent les années

    Qui marquent de leurs empreintes

    L’imagination de l’univers.

    Les images du monde s’essoufflent

    En parcourant les bornes du temps ;

    Les représentations du divin

    S’évanouissent aux distances du temps.

     

    Le temps compose en musique

    L’existence des vivants :

    Les aubades printanières

    Déroulent les aurores du cœur;

    Les sérénades estivaux

    Déploient les sommets de l’âge ;

    Les concertos automnales

    Étalent les années du corps ;

    Les nocturnes hivernales

    Étendent la camarde éternelle.

     

    Le temps, cette immensité,

    Se conjugue éternellement

    Au passé et au futur ;

    Le présent provisoirement

    Se conjugue aux fuyant moments.

    David Frenkel

     

     

     

  • Les joies du portable... Insupportable

    Oui, halo ! Je suis dans le bus
    Dit-elle avec un accent russe ;
    Sa voix un peu enrouée mais enjouée
    Détendait grandement les personnes nouées.
    Une mélodie extraite de « Carmen »
    Fit tressaillir et bondir un énergumène
    Qui se jeta sur son portable dernier cri
    En dévisageant les autres avec mépris.
    Un air célèbre d’une chanson à la mode
    S’éleva du dessous d’une manche pagode,
    Un petit mobile s’en extrayait
    Le quidam qui parla avait l’air niais.
    Une sonnerie vibrante
    Secoua l’humeur somnolente
    Des personnes mal réveillées
    Qui n’arrêtaient point de bailler.

    Des extraits de conversations,
    Des bribes de lamentations
    Tombaient dans le creux de mes oreilles
    Et meublaient mon trajet à merveille ;
    Des déboires amoureux,
    Des événements heureux
    Rendent compte d’une actualité
    Prenant racine dans l’intimité
    De ces inconnus qui deviennent volubiles
    Quand ils ont sur eux un téléphone mobile.

    Un voyageur retenant son interlocuteur
    Mit fin à son discours par un « À tout à l’heure » ;
    Un vieux, épanchant longuement ses avatars
    Cria dans son portable : « Eh bien, à plus tard ! » ;
    Un soupirant pleurant son amante en fuite
    Lâcha pour terminer : « Alors, à tout de suite ».
    Je trouvais tout cela comique
    Ils rendaient mon voyage épique.

    Le mobile est un puissant aimant
    Attirant les gens à tout moment
    Dans les méandres du bavardage
    Dans lesquels les besoins se partagent
    Il peut aussi transformer en billevesée
    Une attitude diablement empesée.
    Le portable est une douce drogue
    Et du pain béni pour les psychologues.

    David Frenkel