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  • Variations quotidiennes

    Les jours d’une semaine

    S’écoulent doucement

    En une multitude

    De petits phénomènes

    Ou grands événements

    Prenant de l’altitude

     

    Ou de la profondeur

    Au sommet du bonheur

    Bien des jours se reposent

    Libérés des laideurs

    Ils goûtent aux honneurs

    Des merveilleuses choses

     

    Les jours mettent du temps

    A parcourir les peines

    Qui s’étendent le long

    D’un destin déroutant

    Les jours tristes s’égrènent

    Ils sont à nos talons

     

    Alors tant de douleurs

    Enfouissent les jours

    Dans les abîmes sombres

    Où s’emplissent les pleurs

    De ces tristes séjours

    Qui nous ont fait de l’ombre

     

    Mais la félicité

    Repêche les journées

    Du fond d’un désespoir

    Elles sont aux côtés

    Des joies abandonnées

    Elles brillent de gloire

     

    Mais hélas elles filent

    Vers l’empyrée gardien

    De nos réjouissances

    Ici-bas aucun fil

    Ne noue le quotidien

    A l’un de nos cinq sens

    David Frenkel (Publié également sur le site De Plume en Plume sous le pseudonyme Benadel)

  • Là-bas... (suite au naufrage d’un bateau de migrants en Italie)

    Là-bas, dans une contrée lointaine, les gorges gargouillent de ventres creux ; des corps criant famine à l'orée de la mort, se noient dans l'ornière médiatique, les voix de pauvres hères s'égrènent aux oreilles repues d’informations.

    Alors, là-bas sur les rives du Styx, bien des cœurs se dilatent d'espoir quand le baratin s'enrobe de miel, quand la fourberie se recouvre de mots doux ; le cupide remplit son escarcelle  avec l'oseille pleuvant des mains de ceux qui rêvent de joyeux lendemains. Les miséreux à bord de fragiles nacelles empruntent la voie de la camarde ; et les larmes salées des naufragés se posent sur l'écume de la faim projetée par le dédain déferlant sur un continent relégué dans l'oubli, sur les ventres crevant à l'ombre de l'humain.

    Là-bas, la mitraille crépite sur les bougres haineux ; l'enchevêtrement de croyances animant maintes âmes, l'enracinement des religions dans les têtes qui fourmillent de traditions, sont pour certains des pépites d'or ; et les aboiements des cadors ameutant la gent crédule, se débarrassant de leur pécule pour s'embarquer sur un sinistre véhicule, soulèvent la houle de mépris sur des batelets où les gueux vont expirer.

    Mais là-bas, les enflés enfouissent leur bouille dans une veulerie fataliste ; nimbés d'une auréole d'innocence, leur sang grouille des microbes du crime.

    David Frenkel

  • Assis ou debout devant un zinc

    La fumée s’élève onduleusement ;

    Elle se tortille à débarrasser

    Le café de ses tourments ;

    La tension s’évacue au travers les cigares ;

    On renifle l’odeur âcre des peines ;

    Les corps inspirent la fin,

    Mais les têtes respirent enfin ;

    On dépose son fardeau

    Dans les brumes d’un bistrot.

     

    La rumeur de la foule soûle la réalité ;

    Elle titube dans les cerveaux humains

    Et vient choir sur un quotidien revu

    Dans la griserie d’un estaminet.

    Méchante humeur passez, muscade ;

    La convivialité sucre l’orangeade ;

    Le meilleur et le pire offrent leur part

    Dans la promiscuité des bars.

     

    Le savoir s’invite dans un salon de thé ;

    Le génie s’approche d’un tabouret ;

    Ils parlent à l’étudiant,

    Ils prennent la main de l’écrivain.

    Le mystère se dévoile soudain,

    Au plus fort d’un charivari

    Quand le vin coule dans une brasserie.

     

    Lorsque les verres s’entrechoquent,

    Les idées les plus loufoques

    Heurtent de plein fouet les idées arrêtées ;

    Chacun sème sa graine de folie

    Quand on a bu la coupe jusqu’à la lie

    Ou lorsqu’on a goûté aux plaisirs de la vie.

    Les espoirs et les souhaits se déversent

    Dans les troquets élevant en vase clos

    Les hommes brillants et les quidams falots.

     

    Les carnotzets aux relents prononcés,

    Les estaminets aux émanations fétides,

    Se rient des conventions,

    Dérident la gent gourmée ;

    Assis ou debout devant un zinc,

    L’individu s’envole sur l’air d’un bastringue.

    David Frenkel (Publié également sur le site De Plume en Plume sous le pseudonyme Benadel)