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Là-bas... (suite au naufrage d’un bateau de migrants en Italie)

Là-bas, dans une contrée lointaine, les gorges gargouillent de ventres creux ; des corps criant famine à l'orée de la mort, se noient dans l'ornière médiatique, les voix de pauvres hères s'égrènent aux oreilles repues d’informations.

Alors, là-bas sur les rives du Styx, bien des cœurs se dilatent d'espoir quand le baratin s'enrobe de miel, quand la fourberie se recouvre de mots doux ; le cupide remplit son escarcelle  avec l'oseille pleuvant des mains de ceux qui rêvent de joyeux lendemains. Les miséreux à bord de fragiles nacelles empruntent la voie de la camarde ; et les larmes salées des naufragés se posent sur l'écume de la faim projetée par le dédain déferlant sur un continent relégué dans l'oubli, sur les ventres crevant à l'ombre de l'humain.

Là-bas, la mitraille crépite sur les bougres haineux ; l'enchevêtrement de croyances animant maintes âmes, l'enracinement des religions dans les têtes qui fourmillent de traditions, sont pour certains des pépites d'or ; et les aboiements des cadors ameutant la gent crédule, se débarrassant de leur pécule pour s'embarquer sur un sinistre véhicule, soulèvent la houle de mépris sur des batelets où les gueux vont expirer.

Mais là-bas, les enflés enfouissent leur bouille dans une veulerie fataliste ; nimbés d'une auréole d'innocence, leur sang grouille des microbes du crime.

David Frenkel

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