dfrenkel

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • L'oiseau, le quiproquo

          Comme beaucoup de ses concitoyens, Madame Antunes avait quitté le Portugal. Elle s’était installée à Genève et y vivait depuis deux mois. Elle n'avait eu aucune peine à trouver le poste qui lui convenait. De plus, un ami portugais qui avait ses entrées dans une importante régie de la place, lui avait trouvé un petit appartement. Afin de parfaire un français balbutiant, elle avait répondu à une annonce proposant des cours particuliers. Il s'était trouvé que l'annonceuse était sa voisine de pallier, Madame Chappuis. Un matin, Madame Antunes tomba sur celle-ci, elle avait l'air soucieuse et se pressait à l'étage.

     ‒ Bonjour Madame Chappuis, où courez-vous comme ça ?

      Je vais récupérer l'oiseau.

     ‒ Ah bon ! Je ne savais pas que vous possédiez un oiseau.

     ‒ Eh oui, et un oiseau de nuit en plus.

     ‒ Ça existe ?

     ‒ Bien sûr, il n'y a qu'à se promener dans certains quartiers chauds, et vous en verrez plein. Puis elle la planta là.

           Madame Antunes resta clouée sur place, tant les propos de sa voisine l'avaient surprise. Pourquoi l'oiseau n'avait-il pas été en cage ? Et où avait-il bien pu se nicher ? Elle ne gardait quand même pas l'oiseau dans la salle de bain du studio ou dans les WC. Si oui, elle l'aurait entendu. Et c'est quoi les quartiers chauds ? se demandait-elle. La quinte de toux d'un vieillard se traînant vers l’ascenseur interrompit brusquement le cours de ses réflexions. Elle descendit avec lui et se rendit au troquet du coin pour avaler, comme chaque matin, son petit noir et lire les journaux. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, empruntant le chemin du retour, elle croisa Madame Chappuis flanquée d'un homme parfait sous toutes les coutures. Le front bombé, les yeux bleu ciel, la bouche fine au lèvres bien dessinées et la taille diablement bien proportionnée répondaient aux canons de beauté masculine qui faisaient florès en ce début du XXIème siècle. Madame Antunes, dont le visage sillonné des rides de la quarantaine reflétait une profonde personnalité, ne pouvait faire abstraction des rivalités entre femmes. Elle ne pu s'empêcher de pointer dédaigneusement ses petits carreaux sur sa voisine. La vénusté de celle-ci devenait pour elle transparente. Elle ne vit pas les cheveux d'or tombant gracieusement sur les épaules ; elle ne fut pas ébloui par les mirettes qui lançaient des éclairs de soleil à travers ce bistrot borgne et elle n'observa non plus la bouche coquine aux lèvres boudeuses qui semblait narguer les clients la regardant avec concupiscence.

      Alors, Madame Chappuis, avez vous retrouvé l'oiseau ?

      Oui, oui, répondit-elle évasivement.

      Allez ! Montrez-moi, le petit oiseau !

      Mais, je vous en prie, Madame, lui répondit le jeune homme, d'un air offusqué.

           Un brin embarrassée, Madame Chappuis, pour se donner contenance, tira le jeune homme par le bras et dit d'une voix pressante : « Excusez-nous, le vieux hibou nous attend, nous devons l'emmener chez le médecin, on vous laisse. »

           Interloquée, Madame Antunes se demandait si un esprit malin ne l'avait pas transportée dans un monde de fou. Elle regagna sa demeure en se traînant comme un zombie. Arrivée au bas de l'immeuble, elle trébucha sur une des marches de l'escalier menant à la porte d'entrée ; le concierge, qui était aussi d’origine portugaise, passait justement à côté d'elle avec l'aspirateur à main. Il la rattrapa avant qu'elle chute.

     Dites donc, qu'est ce qui vous arrive ? Vous me paraissez bien perturbée.

     Depuis ce matin, on ne me parle que d'oiseaux, c'est à se demander s'ils sont tous devenus, comme par magie, des hommes-oiseaux.

     – Cela m'étonnerait car cela demande beaucoup d'entraînement, lui répondit pensivement le concierge.

     – Alors, Madame Chappuis, elle s'est moquée de moi ?

     – Non, non, c'est simplement une drôle de poule.

     – Comment ça, une drôle de poule ? Mais, qu'est ce qui m'arrive ? se demanda Madame Antunes en se mettant la main sur le front avant de tourner les talons.

           Elle monta chez elle en courant, se rua dans sa chambre, se jeta sur son lit, les mains à ses tempes et la tête enfouie dans un coussin. Soudain, elle sursauta, un moineau apeuré, qui était entré par la fenêtre ouverte, volait en tous sens en se cognant contre les murs et le plafond. Affolée, elle se précipita sur le pallier et cria : « Oiseau dans ma chambre ». Le concierge, qui s'apprêtait à passer l'aspirateur, la calma en lui disant. « C'est bon, je m'en occupe ». En moins de temps qu'il ne faut pour le dire,il guida l'oiseau avec un balai vers la sortie.

     – Allez, Madame vous pouvez rentrer, le vilain moineau est parti.

     – Je n'ai pas dit qu'il était vilain, mais il me faisait peur, renchérit-elle toute confuse. Je dois vous paraître folle, mais depuis ce matin, comme je vous l'ai dit, on ne me parle que d'oiseaux.

     – J'espère que personne ne vous a donné des noms d'oiseaux, ne vous a insulté.

     – « Insultar » ? Oh non, mais moi pas comprendre,vous me parlez d'une drôle de poule, Madame Chappuis cherche un oiseau de nuit et elle revient avec un beau jeune homme ; je lui demande de me montrer son petit oiseau, le jeune homme se fâche ; puis elle me dit qu'elle doit partir visiter un vieux hibou, et voici qu'un moineau arrive dans ma chambre ! Il y a de quoi devenir « tarès ». Le concierge se tenait les côtes. Il retrouva son rieux que lorsque Madame Antunes éclata en sanglot, pensant qu'il se gaussait d'elle. Il l'entoura affectueusement de ses bras et lui dit :

     – Vous savez, j'ai des yeux et des oreilles qui traînent dans l'intimité des locataires. Madame Chappuis est une drôle de poule, une mère qui protège beaucoup son enfant, elle s'inquiète s'il ne rentre pas à l'heure et qu'elle ne peut l'atteindre sur son téléphone portable. Le prénommé Robert travaille la nuit ; il fait partie du Groupe Sida Genève ; il circule en bus dans les rues où les gens vendent leur corps.Il les accueille et les aide à se protéger contre la maladie. Souvent, après le travail, il se rend chez un ami. La maman appelle son fils « mon oiseau », c'est un « termo afectivo ». Chaque matin, les deux rendent visite à leur cher vieux hibou, un monsieur qui a maintenant quatre-vingt-deux ans et est immobilisé dans une chaise roulante. Ils lui font ses commissions et lui servent parfois de chauffeur. Ils l'appellent ainsi parce que, lorsqu'il était plus jeune, il se tenait toujours à l'écart des autres personnes. La maman et le fils sont vraiment inséparables.

     – Je comprends la maman, mais le fils, n'a-t-il pas une copine ?

     – Il est de l'autre bord, comme on dit aussi en portugais « gay » il est gai comme un pinson lorsqu'il s'envole vers le joli merle.

           Madame Antunes ne comprit pas la signification du mot pinson. Mais cela ne lui importait guère, car elle était agitée par un trouble exquis. Les bras qui l'avaient entourée avaient aussi ceint son cœur. Aussi l'invita-t-elle à prendre un café chez elle. Au fil du temps et de fils en aiguilles, gazouillant passionnément dans leurs demeures, le rossignol de Cupidon leur construisit un nid d'amour. Et les deux, transformés en tourtereaux se promenèrent le long de lendemains qui chantaient.

    David Frenkel (Nouvelle publié également sur le site De Plume en Plume sous le pseudonyme Benadel)

     

     

  • Un hiver divin

    69047d309937fb19aa54cf67fdc3a4400b314d82.jpg

    Le froid hiver qui somnole

    Dans les arbres défeuillés

    Les couvre des auréoles

    D’un ciel de blanc émaillé

    Mais quand les arbres en sang

    Feront couler leur vigueur

    Les flocons évanescents

    Feront place à la langueur

     

    L’hivernage enveloppant

    Des horizons asséchées

    Imprégnant de pluie des pans

    De territoires tachés

    De sécheresse chronique

    Désaltère avec le vin

    Des nues la terre tonique

    Savourant l’hiver divin

     

    La blanche saison s’enterre

    Dans un monde printanier

    L’Ellébore solitaire

    Fleur qui n’est pas au panier

    Éclaire de couleurs vives

    La pâleur du dieu soleil

    Son exhalaison ravive

    L’être sous le froid vermeil

     

    L’habit lilial de l’hiver

    Couvre les déclivités

    Elle habille les devers

    De blanche frivolité

    Tant et tant d’amusements

    Résonnent dans les descentes

    Sur les ors du firmament

    Les joies sont effervescentes

     

    C’est durant l’hibernation

    De la créativité

    D’un printemps en gestation

    Que la Sainte Humanité

    C’est aux hommes révélée

    Dans un univers glacé

    Se suspend l’âme étoilée

    Que Noël vient enlacer

    David Frenkel (Publié également sur le site De Plume en Plume sous le pseudonyme Benadel, et qui a fait l'illustration)

  • Que l'on se le dise !

     

    L’intifada médiatique contre Israël

    Par Israël 24/7

    5 janvier 2023

    L’intifada médiatique contre Israël

    Le nouveau livre de mon ami, l’historien Richard Landes, rédigé en anglais, montre comment une guerre menée avec des mensonges et avec le langage, met en danger non seulement l’Etat juif, mais aussi l’Occident lui-même.

    A partir du moment où Yasser Arafat a lancé sa deuxième intifada contre Israël en 2000, qui était prévue de longue date, les mensonges les plus éhontés sur les Juifs et Israël ont été racontés de manière implacable, et ils ont été largement crus, « parce qu’ils sont tombés dans des oreilles bienveillantes et sur un terreau fertile », pour reprendre l’expression de Bat’Ye or. Pendant des années, les maîtres propagandistes du cyberespace, des médias occidentaux et de la science ont réussi à déformer la réalité de manière diabolique. Le monde entier a cru à un récit totalement faux.

    Le nouvel ouvrage de Richard Landes Can the Whole World Be Wrong ? documente cette histoire de manière minutieuse, implacable et brillante.

    Landes est historien. Il étudie les mouvements apocalyptiques. Il est l’auteur de huit livres et d’innombrables articles. Il gère un site internet, The Augean Stables. C’est lui qui a inventé le terme « Pallywood » (contraction de Hollywood et Palestinien) pour décrire la tactique des Arabes consistant à fabriquer des fausses images que les médias les reprennent, et alimenter la propagande anti-israélienne déguisée en informations. Vous pouvez découvrir leurs exploits sur le site Pallywood.com.

    Mort iconique de Mohammed al-Dura

    Dans son livre, Landes traite une à une les « légendes de meurtres rituels » modernes, en commençant évidemment par la mort emblématique de Mohammed al-Dura, un enfant de la bande de Gaza qui aurait été assassiné intentionnellement par de cruels soldats israéliens. Sa mort ayant été filmée et immédiatement attribuée à Israël, bien que la vidéo ne prouvât rien de tel, al-Dura est devenu le garçon dont l’image orne des milliers de tasses et de T-shirts, a mis le monde entier en émoi et a donné lieu à d’innombrables atrocités musulmanes, notamment des attentats-suicides, des fusillades, des attaques au couteau et des attaques à la voiture-bélier contre des civils israéliens.

    Philippe Karsenty a été poursuivi en justice pendant plusieurs années par France Télévision pour avoir publiquement dénoncé le mensonge al-Dura. Le gouvernement israélien a fini par déclencher une enquête qui montra qu’il s’agissait d’une falsification orchestrée par le journaliste communiste franco-israélien Charles Enderlin, qui refusa d’enquêter et de respecter les règles les plus élémentaires du journalisme.

    Comme le note Landes, la couverture médiatique initiale de l’incident était malveillante et incendiaire :

    « Le film (partiel) et le récit qui l’accompagnait sont immédiatement devenus viraux et sont ensuite devenus mythiques. Le matériel filmé était spectaculaire, émotionnellement aussi fort que les chiens qui attaquaient les manifestants noirs à Birmingham (1963) ou la jeune vietnamienne apeurée qui courait dans la rue, nue et enflammée par le napalm (1972). … Malgré de gros problèmes avec le matériel cinématographique … les journalistes se sont précipités sur l’histoire. … Elle est devenue l’icône de la haine au 21e siècle. On ne peut pas surestimer son impact ».

    « Le rôle d’al-Dura en tant qu’agitateur est clair », écrit Landes, « et si les dégâts ont été moins importants que lors des anciens pogroms européens, c’est uniquement parce que les Israéliens ont pu se défendre, ce que les Juifs de Kichinev n’ont pas pu faire ».

    Landes nous rappellent également qu’Oussama ben Laden a utilisé al-Dura dans une vidéo de recrutement pour le djihad mondial et que les premiers kamikazes arabes ont montré al-Dura dans les vidéos qu’ils ont laissées derrière eux.

    « La honte de l’holocauste n’existe plus ! »

    Ils ont eu des collaborateurs enthousiastes dans les médias. Landes note :

    « La présentatrice du journal télévisé Catherine Nay (Europe News, Decryptage, 2003) a commenté : « Avec la force symbolique de cette photo, la mort de Mohammed annule, efface la mort du garçon aux mains levées devant les SS dans le ghetto de Varsovie ».

    Emmanuel Brenner (Naibed, 2007) a argumenté comme suit : « En réalité, ‘ces gens’ [les Juifs] se comportent aussi mal que nous. La honte de l’holocauste n’existe plus ! La mort de Mohammed a effacé le garçon du ghetto ».

    Le poète arabe Mahmoud Darwish est allé jusqu’à écrire une ode sur le « tireur de sang-froid », a décrit des scènes « devant la caméra » – qui n’existaient pas – et a évoqué « l’enfant Jésus ».

    Selon Landes, la manière dont les journalistes occidentaux ont traité l’histoire constitue « l’un des échecs les plus monumentaux du journalisme professionnel dans la longue et mouvementée histoire du journalisme de guerre ». En effet, une analyse balistique a révélé plus tard que les balles qui ont tué al-Dura n’ont pas pu être tirées par des soldats de Tsahal. Il n’est donc pas surprenant que les médias aient refusé d’en parler.

    Landes explique que cela n’a pas seulement eu des répercussions sur le conflit israélo-palestinien. Il affirme que le langage a été rendu « apte aux armes » et « dévalorisé » afin de « susciter l’indignation et la panique morale ». Il constate à juste titre

    qu' »Israël a été la première manifestation forte et globale de cette hystérie morale déclenchée par des récits, la première désorientation morale massive de ce siècle. Depuis, l’absence de contact avec la réalité sur laquelle elle se fonde n’a fait qu’accroître son ampleur. … Actuellement, nous essayons de penser avec un vocabulaire profondément corrompu, avec des termes qui ont été vidés de leur substance, même s’ils restent chargés d’émotion ».

    Existe-t-il un Dôme de fer contre les légendes de meurtres rituels ?

    Au début du 21e siècle, plusieurs départements de l’United Jewish Appeal se sont concentrés sur la restructuration de leur mission et ont gardé le silence sur l’antisémitisme. En revanche, la campagne de dons actuelle de l’UJA de New York se concentre fortement sur l’antisémitisme, tout comme les pages de dons de la Conference of Presidents et de l’ADL.

    Mais les organisations juives américaines ont-elles vraiment un plan pour ériger un Dôme de fer contre les légendes de meurtres rituels ?

    Landes a-t-il des suggestions ? Il m’avait proposé, il y a quelques années, ainsi qu’à quelques intellectuels francophones, de créer un groupe de réflexion et de lutte contre le biais et les mensonges antisémites dans les médias. Il affirme que nous devons relire l’intifada médiatique qui a commencé avec al-Dura pour comprendre comment les faits et la réalité ont été échangés par la gauche et les médias contre des mensonges, et que cela a conduit à la représentation dominante d’Israël comme une puissance intrinsèquement mauvaise et des Arabes comme des victimes éternelles.

    Choisis la vie, même si elle est difficile

    « Une relecture du début des années 2000 peut donc amorcer un processus de réorientation morale et cognitive, un alignement sur un credo progressiste davantage fondé sur la réalité et donc plus efficace à long terme », affirme-t-il.

    Landes propose également le « courage », la volonté d’accepter la « honte » publique et même les dommages physiques au nom de la vérité, comme seul moyen de résister à la barbarie anti-occidentale.

    « Nous sommes dans le combat de notre vie », dit-il, « un combat pour la civilisation qui a rendu possible la vision de Blake d’un monde de querelles spirituelles et non de massacres charnels. Nous nous battons contre ceux qui croient que la vérité et l’honneur sont basés sur les cadavres et la domination ».

    Landes nous invitent à préférer la vie à la mort :

    « Embrasser la vie, c’est accepter la vulnérabilité, mais c’est aussi demander la réciprocité. … S’engager ouvertement et sans protection avec des personnes qui méprisent de tels principes et aspirent à la domination, tout en s’opposant à ceux qui s’y sont consacrés depuis près de quatre millénaires, définit la folie et incarne une étonnante stupidité. Si l’on s’engage dans la vie, les récompenses sont à la hauteur des exigences. Choisis la vie, aussi difficile soit-elle ».

    Ce livre est une leçon d’histoire importante, surtout pour ceux qui n’étaient pas encore nés lorsque les nouvelles légendes de meurtres rituels ont commencé, mais qui sont maintenant confrontés à la haine métastasée des Juifs sur les campus et dans les rues.

    Cet article est largement repris et inspiré dune critique publiée dans le Jewish News Syndicate.