La langue que j'ai tant aimée...
Mes oreilles vous ont caressées
Langue de velours
Adjectifs sensuels mots d’amours
Mon ouïe s’est ébaudie à votre truculence
Verbes incisifs sujets jouissifs
Ne vous cachez pas dans les limbes
D’une tête chenue
Ô chaînes humaines
Ma bouche formait les voyelles
D’une divine expression
Mes lèvres embrassaient les consonnes
Lorsque la verve m’entourait
Ma langue se posait sur elles
Au plus fort d’une fantaisie
Mes dents les sifflaient
A l’appel d’une imagination
Las vous vous êtes raidis
Contre un corps en déliquescence
Je vous cherche sous mon esprit embrumé
Phrases enroulées expressions cinglantes
Mes paroles se réduisent au râle
D’un désespoir qui racle ma gorge
Lorsque votre indifférence humiliante
Me confond avec un muet
Je voguais majestueusement
Au fil d’un univers sonore
Je roulais sur les mots
Pour atteindre les rives d’autrui
Je frappais à l’aide de l’alphabet
Bien des méchancetés
Ma passion brûlait les lettres
Autour d’un feu oratoire
Je me morfonds au pays du silence
Ici nul ne vous connaît
Mais la langue que j‘ai tant aimée
Fleurit auprès des vivants
David Frenkel (Publié aussi sur le site De Plume en Plume)