Ô béatitude insaisissable !
Le bonheur coule de nos vicissitudes
Et inonde d’autres existences ;
Notre soif ne peut le retenir.
Il s’échappe comme une anguille
Pour grandir dans les douces attitudes
Et se reproduire en mer de sagesse.
Le bonheur s’étouffe sous la gloire,
Il se meurt sur l’ambition
Et trépasse aux côtés de la vanité ;
La poussière du bonheur nous interroge.
Le ravissement s’empare d’un homme ;
Il le transporte vers les instants magiques
Transformant son bas-monde en empyrée
D’où l’œil évanescent lui sourit,
Où la disgrâce se pâme au fil de l’amour.
L’homme entrevoit la céleste harmonie
A travers les barreaux de sa destinée ;
Sa félicité n’a pas de mots
Quand la dilection suinte du commun.
La mystique ondulation parcoure la scène ;
Elle saisit l’individu par le cœur
Et l’aspire dans un tourbillon d’extase ;
Dans une frénésie jubilatoire,
L’individu tourne comme une toupie
Sur la toile d’un ange musicien,
Sur un tissu de notes entrelacées
Autour de la complainte d’un désir étrange.
La musique agite la vague aspiration
D’un individu confronté à l’ordinaire ;
La larme perlant sur sa joue se cristallise
En se dissolvant dans une mélodie ;
Elle donne du corps à la perfection.
Ô béatitude insaisissable !
Légère comme une éponge,
Poreuse à souhait,
Induite d’un fluide séraphique,
Tu glisses sur nos têtes
A la faveur d’un battement de grâce.
David Frenkel
(Publié aussi sur le sire De Plume en Plume)