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Une 9ème symphonie de Ludwig Van Beethoven théâtralisée

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Peut-on faire part aux mélomanes des sentiments qu’inspire une œuvre musicale en les conviant à admirer les images ayant germé dans l’esprit d’un artiste ? Mr David Roux, metteur en scène, en a tenté le pari hier soir au Grand Théâtre de Morane. Il a étoffé la 9e symphonie de Beethoven avec des acteurs savamment choisis. Pour que le public puisse apprécier confortablement les divers tableaux, il a fait installer un petit écran vidéo au devant de chaque siège, et c’est à travers des plans filmés sur scène en direct qu'il a voulu transmettre ses sentiments aux spectateurs. Comme pour un opéra, l’orchestre joue depuis la fosse. Les expressions, les mimiques et les gestuels des acteurs sont très parlants. C’est aux opérateurs qu’incombe la lourde tâche de définir la durée des gros plans afin qu’ils épousent au mieux ce qui se passe sur la scène. Ils ont réussi le tour de force fusionner deux prises de vues, celle de l'orchestre et celle des acteurs, dans une image unique.

Ainsi a-t-on l’impression que chaque groupe d'instrumentistes campe un ou plusieurs personnages aux contours bien définis, et ayant un langage bien à eux.  La mise en scène développe quatre grands thèmes : la douleur dans le 1er mouvement qui est matérialisée par cinq miséreux vêtus de haillons et cinq enfants rachitiques pointant le doigt accusateur vers le ciel ; la révolte, sur arrière fond d’arbres abattus, de maisons en brique rouge suintant l’ennui d’une cité-dortoir, se marie bien avec le 2e mouvement. La grandeur d’âme des petites gens qui prodiguent une caresse, un sourire, à des gens aux visages marqués par la tristesse dans une rue où grouille l’anonymat berce le 3e mouvement. Enfin, la fraternité qui fusionne le bien avec le mal, la beauté avec la laideur, rayonne dans le 4e mouvement. Une sylphide descendant des hauteurs embrassant un sapajou lors du chant « Courez frères », dix paires d’yeux isolés, traduisant les principaux sentiments humains, filmés par la caméra lors du final de l’ « Ode à la joie », sont deux des moments forts de cette exécution musico-picturale. Il faut relever la performance exceptionnelle de tous les acteurs. Galvanisé par le grand chef Mr Jean Ramon ainsi que par les solistes, l’orchestre et le chœur ont fait forte impression. On peut s’interroger sur le bien-fondé d’une telle démarche. Beethoven n’a-t-il pas avant tout composé cette fameuse symphonie sur le thème de Schiller ?

La fraternité a sûrement inspiré Beethoven, mais de là à avoir la même perception que Mr Roux, c’est un pas que nul ne franchira. De plus, de quel droit celui-ci s’accapare-t-il d’une si belle musique à ses propres phantasmes ? Il a d’une certaine façon volé la sensibilité personnelle de chacun de nous.  Ne confondons pas une musique d'opéra destinée à être mise en scène avec une symphonie!

Toutefois, merci à ce grand Monsieur pour sa parfaite symbiose de la musique et du jeu théâtral.

N.B. Cette critique est pure fiction

David Frenkel

 

 

 

 

 

 

 

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