Derechef la bien-pensance anti Zelensky fait parler d’elle. Que ne lit-on pas et que n’entend-on pas sur le compte d’un chef d’État chargé de défendre son pays contre l’envahisseur ! D'ailleurs, il est ni pire ni meilleur que bien d'autres qui régissent notre planète. Et Poutine, le corrompu de la  nomenklatura, parlons-en : la guerre contre l’Ukraine est-elle dans l’intérêt de la Russie, — et quand on parle du peuple russe, cela inclut les peuples qui habitent sur le territoire de la Fédération de Russie — Bien sûr que non. Et, ces intérêts, quels sont-ils ? Il suffit de voir un peu la vie quotidienne, non pas dans les capitales, mais dans toutes les provinces, pour comprendre que le sujet principal, c’est celui de la survie, au jour le jour. À cause de la dégradation (voire de l’absence) des services publics, des hôpitaux, des routes, par l’absence, aussi, de perspective dans l’avenir — la dégradation de l’éducation, le manque de moyens pour tout. En un mot, le souci quotidien, c’est la misère, et, d’une façon ou d’une autre, la lutte pour la survie. — Et on ne parle pas de l’alcoolisme et du racket systématique contre les petites entreprises, qui décourage, depuis des années et des années, l’initiative privée, et fait que la Russie doit importer de plus en plus de biens de consommation. D’où l’importance des sanctions — qui sont une arme ravageuse, même si, par nature, leur effet ne se fait sentir que sur la durée (source: André Markowicz).

On dénigre l’Otan et les États-Unis, l’ensemble du monde libre qui défend encore certaines valeurs démocratiques et pacifiques contre un pays dont le caractère impérialiste s’est moult fois avéré. Cette bien bien-pensance rabâche, par exemple, à longueur d’articles et de discours que les États-Unis ont envahi l’Irak, sous Saddam Hussein. Mais doit-on rappeler que cet autocrate absolu avait, entre autres, bombardé Israël en 1991 en y causant la mort de 74 civils et on y faisant plus de 230 blessés ? Quant à l’envahissement des États-Unis du Sud Viêt Nam, que ladite bien-pensance, met également régulièrement en avant, cela fait suite, remémorons-nous, à l’insurrection du Viêt Công, soutenu par le Nord Viêt Nam. Et on ferait bien de se souvenir que depuis la seconde guerre mondiale où l’Oncle Sam, souvenons-nous en également, est intervenu pour combattre le nazisme, dans toutes les guerres menées par celui-ci, aucun pays n’a eu à déplorer autant d’immondicités et d’atrocités que l’Ukraine. La guerre en Irak était faite par une coalition comprenant des pays, "respectueux des droits de l'homme" tels que la Syrie... Si les morts de civils avaient été à déplorer, celles-ci variaient largement selon les sources, aucun bilan global n'avait d'ailleurs été donné officiellement par le gouvernement irakien. En outre, les victimes collatérales ne pouvaient donc être uniquement imputées aux États-Unis. De plus, leurs gravités ne sont en rien comparables avec les crimes contre l'humanité délibérés commis, selon les aveux de soldats russes, en Ukraine.

Aussi nous-bassine-t-on que les Occidentaux ont humilié la Russie, d’où sa décision d’envahir l’Ukraine. Alors là, je ne vois aucun rapport entre la mise à sac d’un pays souverain et une humiliation. Si chaque individu qui se trouvait humilié envahirait la maison de son voisin, le monde ne serait plus monde.

Ah, mais nous dira-t-on, Vladimir Poutine a justifié sa guerre d'agression par la "dénazification" de l'Ukraine, et là s’offusque-t-on comment quelqu’un, dont on prend un malin plaisir à rappeler qu’il est d’ascendance juive, peut-il être complice avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne. Alors, puisse cette bien-pensance savoir que selon le Service fédéral de renseignement, en allemand, Bundesnachrichtendienst, ce sont justement les troupes de Moscou qui intègrent des groupes nazis combattant en Ukraine selon le magazine Der Spiegel1)

Aussi, puisse ladite bien-pensance avoir les faits suivants à l’esprit :

1) l'Ukraine n'a jamais menacé d'envahir la Russie, et à fortiori, ni les USA ni l'OTAN.

2) Un diplomate russe, Boris Bondarev, a démissionné, submergé par la « honte ». "Durant les 20 ans de ma carrière diplomatique j'ai vu différents tournants dans notre politique étrangère mais jamais je n'ai eu autant honte de mon pays que le 24 février de cette année quand la Russie a envahi l'Ukraine", a écrit M. Bondarev (Courrier international).

3) Des millions d'Ukrainiens ont dû prendre la route de l'exil par crainte d'être massacrés.

4) Des villes entières ont été détruites en Ukraine par l'armée russe.

Puis, hélas, cerise sur le gâteau :

Poutine, il y a un mois, a nommé le général Alexander Dvornikov commandant suprême en Ukraine, à la place du général Valéry Guerassimov (probablement limogé par le despote). Le général Dvornikov s’était déjà distingué en Tchétchénie, où il avait utilisé des bombes à sous-munitions, massacrant des milliers de civils. On le surnomma « le boucher ». Affecté comme commandant en chef en Syrie, il a utilisé les mêmes méthodes plus les barils explosifs, spécialité de l’armée d’Assad, dont les effets ont accéléré l’issue de la guerre. Le baril explosif est généralement largué d’un hélicoptère, et chaque hélicoptère peut transporter deux de ces bombes. Elles sont surtout utilisées contres des quartiers civils. Leur imprécision provoque, dans des zones peuplées, de lourdes pertes humaines. Chaque baril pèse environ 600 kg et lorsqu’il explose, il entraîne de lourds dégâts à plusieurs centaines de mètres du point d’impact. Pour donner un ordre de grandeur aux lecteurs de leur efficacité monstrueuse, pendant la guerre en Syrie, l’armée de l’air syrienne a largué 82 000 de barils explosifs, tuant 11 087 personnes, dont 1 821 enfants (source Mabatim Info).

Que la bien-pensance anti Zelensky revoit donc ses classiques.

David Frenkel

1) https://www.spiegel.de/politik/deutschland/ukraine-krieg-organisierte-neonazi-gruppen-kaempfen-fuer-russland-geheimdienstbericht-a-f1632333-6801-47b3-99b9-650d85a51a52