Désert
Dans un désert de générosité,
Dans un désert d'humanité,
La nature étale sa faim ;
Elle ondule entre les sables en côtelettes,
Elle frise de désirs chaotiques
La disette des terres esseulées ;
Repue de soleil coi,
La nature a soif d'orages tumultueux,
Elle a faim d'éclairs d'amour,
De cette pluie vivante,
La langue des nuages
Qui lui parlent des cieux.
Dans un désert d'imagination,
Dans un désert d'hospitalité,
Le sable bourgeonne.
Maintes roches pétrifiées
Fleurissent la chape sablonneuse.
Les jambes s'empressent auprès d'elles,
Leur ombre les caresse.
Gavé de poussières arides,
Le regard capte l'éboulis de pinacles,
L’œil enveloppe le summum du génie.
Les œuvres millénaires
Reposent sur les sables nonchalants.
Dans un désert de tristesse,
Dans un désert de détresse,
La flaque blanche sur le baldaquin noir
Éclaire l'ennuyeuse étendue ;
Les menottes scintillant dans le sombre voile
Sourient aux dunes mystérieuses.
Mais quand les belliqueuses nues,
Poussées par le souffle des ténèbres,
Enténèbrent les lumières désertiques,
Emportent les bracelets du firmament,
La frayeur plane sur les sables infinis,
L'épouvante plombe la paix du désert.
David Frenkel (publié aussi sur le site De Plume)