S'aimer autrement
Aux brumes d’un désespoir il se souvient
Dans un brouillard de misère elle se rappelle
Il enlace son sourire
Elle caresse sa sympathie
Mais la passion ne les effleure pas
Il ne perçoit pas sa plastique
Elle ne saisit pas sa beauté
La volupté s’épanche des yeux de la belle
Un air lascif enrobe la voix du bonhomme
Les deux cheminent dans la tendresse
L’homme et la femme promènent l’affection
Au grand dam de l’amour
Le corps garde ses distances
L’esprit érige ses barrières
Le malheur unit l’homme et la femme
Ils se complaisent dans leurs misères
La clabauderie les soude
Les cancans engourdissent leurs peines
Le babillage les entraîne
Au pays du futile ils deviennent complices
L’art les emmène
L’esthétique les transporte
La grâce s’accorde à leur amitié
Mais le désir ne s’invitera pas
Ses narines vibrent d’émotion
Ses joues rougissent de plaisir
Les deux décorent un estaminet
Ils fleurissent une rue
Leur entente est une rose sans épines
Leur bonne intelligence est un fruit sans pépin
Mais ils n’ont l’un pour l’autre aucun béguin
Il lui ouvre ses portes intimes
Elle lui dévoile son secret
Les deux jettent leur masque
Leur âme nue se couvre de sentiments
Ensemble ils s’élèvent et se rient de l’éphémère
Leurs jours heureux plein de soleil
Leurs quotidiens gris où pleut l’ennui
Se mélangent et forment un bel arc-en ciel
Qui ne disparaîtra qu’à la nuit éternelle
David Frenkel
(Illustration De Plume en Plume)