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Une autre image de Gaza

En lisant l’excellent article que je vous reproduis ci-dessous en son intégralité, on est en droit de se poser ces questions : Israël est-il obligé de soutenir économiquement un régime terroriste dont la charte prône son annihilation ? voir à ce propos https://lphinfo.com/hamas-colloque-sur-lapres-israel/.

Par ailleurs, n’incomberait-il pas plutôt à l’Autorité palestinienne de soutenir l’économie de l’enclave Gazaoui ? voir https://www.lemondedudroit.fr/decryptages/73428-saisine-cour-comptes-europeenne-suspension-aide-financiere-autorite-palestinienne.html et https://cqvc.online/lautorite-palestinienne-a-vole-des-milliards-daides-a-leurope-entre-2008-et-2012/

Mais ce serait trop demander à une gouvernance (comme d'ailleurs à celle du Hamas) dont le seul souci est de s’en mettre plein les poches grâce à l’aide internationale.

David Frenkel

L’ESPOIR RENAÎT À GAZA QUI VEUT INVESTIR DANS L’HÉBREU

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Kamil Abu Rokon

L’espoir renaît à Gaza car ses habitants voient le bout du tunnel avec le calme revenu. Le chômage, avec pour conséquence la misère qui en découle, va progressivement diminuer grâce à la bonne volonté des Israéliens, encouragés à lâcher du lest par les Égyptiens qui souhaitent que leur frontière soit pacifiée. Le général druze, Kamil Abu Rokon, chef du COGAT (Administration Civile israélienne dans les Territoires palestiniens) a annoncé avoir délivré 3.000 permis de travail supplémentaires à des Gazaouis portant le total des permis à 10.000. C’est une grande avancée alors qu’il y a quelques mois encore Gaza était totalement verrouillée : «La décision d’augmenter le quota de commerçants a été prise par l’échelon politique à la suite d’une évaluation de la sécurité sur la question. Les autorisations sont conditionnelles à la préservation continue de la stabilité de la sécurité de la région à long terme». La dénomination de «commerçant» est une figure de style pour ne pas avouer qu’il s’agit de simples ouvriers interdits d’entrer en Israël.

Des Gazaouis de Jabalia se rassemblent pour demander un permis de travail en Israël

Depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, les restrictions de mouvement, combinées à de multiples guerres avec Israël, ont dévasté l’économie de Gaza et laissé une majorité de la population du territoire sans eau potable, électricité ou système d’égouts approprié. Gaza avait préféré investir dans des fusées et des roquettes plutôt que dans le bien-être de ses citoyens. Israël et le Hamas ont depuis tenu des pourparlers indirects facilités par l’Égypte visant à renforcer le fragile cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités. Benny Gantz a voulu faciliter ce qu’il qualifie de «geste humanitaire» en assouplissant les restrictions sur les biens et les matériaux entrant de la bande de Gaza et a élargir la zone de pêche de Gaza. Du donnant donnant. Il a par ailleurs normalisé la résidence en Cisjordanie de plus de 4.000 Palestiniens sans papiers, dont beaucoup avaient quitté Gaza pour échapper au Hamas.

Alors, face à la forte demande de demandes de visas de «commerçants», certains Gazaouis veulent augmenter leurs chances de l’obtenir en apprenant l’hébreu. Nous sommes cependant loin de la situation qui prévalait avant que le Hamas ne prenne le contrôle de la bande de Gaza en 2007 car 120.000 travailleurs traversaient la frontière. Travailler en Israël est un rêve et un espoir pour des dizaines de milliers de chômeurs, qui depuis 2000 ne travaillent pas parce que l’Autorité palestinienne a cessé de fournir et de financer des emplois dans la bande de Gaza. Les images des files d’attente de chômeurs devant les Chambres de commerce choquent les dirigeants arabes mais ils n’ont rien fait pour créer des emplois pour un quart de million de citoyens. Le taux de chômage dans la bande de Gaza est de 65%, alors que le taux de pauvreté est d’environ 80%. Par ailleurs, des soupçons de corruption dans l’octroi des permis sont une certitude. L’oisiveté met la population à la merci des groupes terroristes qui trouvent ainsi un vivier de candidats au suicide pour quelques shekels de plus.

Cours d'hébreu à Gaza

Israël ne peut être tenu pour responsable des images des files d’attente de jeunes, exprimant leur véritable souffrance alors que les autorités au pouvoir, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, font tout pour rester à leurs postes et pour dilapider à leur profit les aides internationales. Ils feignent de ne pas réaliser que la population exige de la nourriture, de la sécurité et de la stabilité et qu’elle n’a d’autres aspirations que de gagner sa vie face à des dirigeants incapables de leur fournir un minimum de vie décente. Israël a compris qu’il fallait rompre le lien de la population avec ses dirigeants corrompus et égoïstes, en rendant les conditions économiques moins difficiles.

affluence à Gaza devant les chambres de commerce

C’est le seul moyen d’affaiblir le Hamas qui dispose pourtant de nombreuses recettes locales provenant des impôts et des droits de douane, dont une grande partie part en fumée dans les missiles au lieu d’être utilisée dans des projets stratégiques pour réduire le chômage et la pauvreté. La population a enfin compris que la politique désastreuse du Hamas les a écartés de leur rêve, simpliste pour certains, obtenir un emploi et ne pas dépendre d’une aide humanitaire saisonnière. Ce n’est pas pour autant qu’elle approuve l’inertie de l’Autorité palestinienne. Depuis le début de 2021, les familles pauvres n’ont reçu qu’un seul paiement incomplet de 750 shekels (230$).  

Ahmed El-Falet

Mais les milliers de Gazaouis, qui demandent des permis de travail, sont aujourd’hui conscients de leur handicap parce qu’ils ne parlent pas l’hébreu non enseigné dans le programme palestinien. Alors pour augmenter leurs chances d’être choisis, ils cherchent maintenant à apprendre l’hébreu dans des centres privés de formation de la langue enseignée par d’anciens prisonniers qui l’ont apprise dans les geôles israéliennes. Ainsi un directeur de l’un des centres, Ahmed al-Falet, ancien prisonnier libéré dans le cadre de l’accord d’échange Shalit de 2011, est convaincu qu’il est important que les travailleurs maîtrisent la langue hébraïque pour faciliter la communication. Il organise des cours de six mois avec cinq niveaux. 60 étudiants ont été inscrits dès le premier jour de l’ouverture des cours de conversation.  Aujourd’hui il a délivré des diplômes à plus de 3.000 étudiants.

Usine de confection à Gaza

Les coûts exorbitants des transports maritimes ouvrent des perspectives aux Gazaouis qui peuvent se substituer aux importations asiatiques. Ils envisagent de rouvrir les usines de confection en sous-traitance pour les Israéliens, fermées après la guerre. Or il est important pour ces petites PME de communiquer avec leurs donneurs d’ordre en Israël.  Certaines ont obtenu le droit d’importer et d’exporter leur production. Alors il y a une ruée cers l’Eldorado israélien avec le drame de nombreux universitaires de Gaza au chômage, prêts à être ouvriers du bâtiment en Israël. Ils sont les premiers à apprendre l’hébreu pourvu qu’ils puissent avoir un travail et vivre décemment.

Des garçons palestiniens apprennent l’hébreu dans une école

Les Israéliens, de leur côté, ont misé sur la paix par l’économie et espèrent abattre le régime du Hamas en lui enlevant tous les soutiens de la population qui semble vouloir jouer le jeu pour bénéficier des mêmes aides économiques distribuées aux villages arabes israéliens que vient de décider la coalition.  Mais pour cela, il faut que la paix règne et que les missiles cessent d’être envoyés vers le sud du pays. Même si le Hamas sait que l’amélioration de la situation économique à Gaza lui fera certainement perdre le pouvoir, il est acculé sur le plan économique et même politique. Là est tout le dilemme.

 

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