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Moi, la pomme

Je suis une pomme
J’ai perverti l’homme
Le paradis perdu
C’est à moi que c’est dû
Je déforme bien des cous
Vous ne m’aimez pas beaucoup
Lorsque la discorde est dans le coin
On dit que la pomme n’est pas loin

Pourtant multiplié par trois
Le petit se mesure à moi
Je suis tombé sur Newton
Depuis plus rien ne l’étonne
Les personnes qui tournent de l’œil
Je les gratifie d’un bel accueil
Épineuse ou pomme de merveille
Je soulage et n’ai pas ma pareille

Fruit du pin je préserve
La graine ma réserve
Cultivée pour mes tubercules
Sous terre je croîs j’accumule

On se réfère à mon teint vert
Quand il est vif et assez clair

Même si l’on compare certains vieux
A la pomme ridée frappant les yeux
Au cœur d’une laitue
Je suis de blanc vêtue
Sous l’aspect d’un arbre tropical
Mes noix de cajou sont un régal
L’expression « aux pommes » convient
Quand on veut dire c’est très bien

Mon nom à particule me flatte
L’amour vous rappelle la tomate

Je peux être une poire
Lorsque je me mets à croire
Flanquée sur un arrosoir
Je deviens un aspersoir
Je suis surtout la tête
D’une espèce à facettes

David Frenkel

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