Ô solitude
Dans le creux de ma main,
Pose-toi solitude ;
Sous le gris ennuyeux
J'aperçois des demains
D'hostiles attitudes ;
Leurs mains sont pleins d'adieux.
Dans le creux de mes reins,
Je te sens solitude ;
L'amitié pétrifiée
Sur leur regard d'airain
Renvoie la turpitude
Des âmes tuméfiées.
Dans le creux de mon âme,
Sanglote solitude ;
Mon amour a passé.
Le crève-cœur infâme
Pleure la plénitude
D'un amour effacé.
Au creux de mon oreille,
Loge-toi, solitude.
Le luth, ma fantaisie,
A mon cœur s'appareille.
Douce béatitude,
Bienfaisante amnésie.
Dans le creux d'un dimanche
la vile solitude
S'étale sur l'ennui;
Je la prends par la manche
Et prends de l'altitude
En survolant mes nuits.
Dans le creux de la terre,
S'endort la solitude.
Dans les bras de Morphée,
L'esprit se désaltère
Aux flots de la quiétude
Des peines étouffées.
David Frenkel