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Une sainte fille

Il était une fois une femme sublime

Au cœur, à l’âme, aux sentiments magnanimes.

Enfant, sa mère était à ses petits soins,

Lui donnait tout ce dont elle avait besoin

Mais elle ne se souciait aucunement

De son grand mal-être et de ses tourments ;

Sa fille s’enfermait dans sa chambre,

Se consolant avec des biscuits au gingembre ;

Elle étouffait sa douleur

En noyant ses yeux dans les pleurs.

Son père était occupé par son travail

Et n’était de toute manière pas de taille

A s’enquérir de sa fille dépressive ;

C’est ainsi qu’elle allait à la dérive.

Ses parents la mirent à l’asile

Car ses sanglots les rendaient fragiles.

Elle y séjourna jusqu’à l’âge adulte,

Quand on la libéra, elle était inculte.

Le manque d’amour parental

Était à cet enfant fatal ;

Son état affectif très endeuillé

La plongeait dans un rêve éveillé ;

Elle se figurait qu’elle était admirée

Pour son obligeance vraiment démesurée.

Cette pauvre devenait la vassale

Des gens qui n’avaient aucune morale ;

Cette femme, sans beauté, sans éclat, fluette,

Était considérée comme une simplette.

Le maire l’affectait aux latrines

Et aux opérations de cuisine

Appartenant à la commune ;

Elle ne faisait pas fortune.

Toutefois, lorsqu’on lui disait un mot gentil,

Elle se prenait pour la reine des nantis.

Grâce à son valorisant, jubilant phantasme,

Elle pouvait survivre à son marasme

Jusqu’au jour où sa génitrice solitaire,

Devint pour son grand malheur une grabataire.

Sa grandeur d’âme l’amenant vers sa mère,

Elle cessa de poursuivre des chimères ;

Comment pouvait-elle encore rêvasser

Quand les mauvais souvenirs venaient la casser ?

D’une part, sa bonté, sa magnanimité,

Lui commandait d’aider sa mère alitée,

D’autre part, sa rancune opiniâtre

La dressait vraiment contre sa marâtre ;

Ainsi, disputes et réconciliations

Exacerbaient et nourrissait les passions.

Sa fille se désespérait de l’existence,

Les rêves n’avaient pour elle plus aucun sens.

Son attitude hautement débonnaire

Envers sa parente valétudinaire

N’était de loin pas récompensée,

Elle se faisait souvent tancer

Pour des peccadilles,

Cette simple fille.

Mais malgré tout, la progéniture

N’écoutait que sa bonne nature

Et se rendait très souvent

Au chevet de sa maman.

Elle avait une plus jeune sœur

De nature égoïste, sans cœur ;

La cadette était hautaine, arrogante,

Elle visitait sa mère en dilettante.

Jeune, on la prenait pour une aliénée,

Devenue adulte, tout reposait sur l’aînée.

Dotée d’une rude écorce,

Elle présumait de ses forces.

La malade gémissait jour et nuit

À cause de ses très graves ennuis,

Mais les précieux médicaments,

Elle les recrachait par moments ;

Avec l’âge, ses manières devenaient viles,

L’infirme était devenue un peu sénile.

La mer de souffrance

Avait un goût de rance.

Un jour de grande désespérance,

La mère et la fille entrèrent en transe ;

La mère s’époumona : « Ciel atroce »,

La fille cria : « Nature féroce » ;

Elles éclataient en longs sanglots,

Leurs chaudes larmes coulaient à flots ;

Épuisées, elles gisaient inertes,

Et, quand par leur fenêtre ouverte,

Une musique émouvante, envoûtante,

Magnifia ces deux existences éprouvantes,

Le Requiem du divin Mozart,

Passa par là comme par hasard.

 

Sainte fille, tu t’es sacrifiée pour ta mère,

Attachée à son esprit, tu fleuris la terre.

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