Que celui qui n'a jamais menti se lève !
Étant donné que le temps est aux mensonges, définissons sa spécificité. On ment soit pour des raisons personnelles sans pour autant léser autrui, soit pour s’octroyer un avantage au détriment de l’autre ou des autres, soit encore par haine envers ses semblables, et qui fait tant de mal. Entrent dans la première catégorie, les fanfarons qui mettent en avant leur ego, les mythomanes qui croient à ce qu’ils racontent, les complexés, en mal avec leur personnalité et les victimes, dans le sens complet du terme1). Font partie de la deuxième catégorie, les cupides, attirés par l’argent facile, les dominateurs désirant mettre le monde à leurs pieds, les chefs d’État pour lesquels le mensonge est politique. Quant à la troisième catégorie, elle est constituée de personnes atteintes de racisme ou d'antisémitisme, ou de radicalisme aussi bien inné qu’enseigné.
De tous les mensonges préjudiciables, seuls sont punissables, en tant qu’actes considérés pour eux-mêmes, ceux qui sont sous forme de faux témoignage, de parjure, de paroles diffamatoires. Les autres mensonges, ne sont répréhensibles que pour les conséquences qu’ils ont entraînées. L’escroquerie en est un exemple frappant. On est pas puni parce que l’on a menti, mais au motif que le mensonge a eu comme effet de léser matériellement quiconque.
Pour en venir à l'affaire Pierre Maudet, je déplore que la Juge dans ses considérations ait relevé que le prévenu a menti (sur son voyage à Abu Dhabi). Cela ne peut être considéré comme un délit. En effet, victime de son acte, il a cherché à se disculper, et cela sans avoir porté préjudice à l’État de Genève. Sa condamnation ne porte que sur un seul point : l'acceptation d'un gros avantage sous forme d'invitation du prince héritier de l’Émirat à venir assister tous frais payé à un grand prix de formule 1, et il n'a pu être prouvé que cette invitation servait à octroyer un avantage à l’inviteur. De grâce donc, que d'autres cessent aussi d'affubler Pierre Maudet d’un défaut propre à chacun. Mesdames, Messieurs, que celui qui n’a jamais menti se lève !
David Frenkel
1) selon la définition, est aussi considéré comme victime : personne qui subit les conséquences fâcheuses de ses actes, de sa propre nature ou de ses propres passions.