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Les persécutions des juifs en Allemagne III (tiré de wikipedia)

En 1914, l'Union centrale et l'Association des Juifs allemands appellent leurs membres « à consacrer toutes leurs forces à leur patrie au-delà de ce qu'impose le devoir ». Même l'Union sioniste pour l'Allemagne tient un discours patriotique89. 10 000 Juifs sont volontaires dès 1914. Ludwig Frank, député au Reichstag, est un des premiers engagés. Il meurt dans les premiers combats, lors de la bataille de Lunéville. Un poète juif allemand, Ernst Lissauer, compose même un Chant de haine contre l'Angleterre pour lequel il obtient une décoration de Guillaume II.

 
Willi Ermann de Saarbruck, jeune soldat juif de la Première guerre mondiale, 1915
 
Affiche publiée en 1920 par les anciens combattants juifs allemands en réponse aux accusations de manque de patriotisme des Juifs : « 12 000 soldats juifs sont morts sur le champ d'honneur pour la patrie. »

En tout, plus de cent mille Juifs combattent pour l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale dont 77 000 sur les différents fronts. 12 000 périssent au champ d'honneur51. 19 000 sont promus officiers, mais aucun ne devient général, contrairement à ce qui se passe en Autriche-Hongrie. 30 000 reçoivent des décorations. Après la guerre, les anciens combattants juifs se regroupent dans le Reichsbund Jüdischer Frontsoldaten présidé par Leo Lowenstein.

À partir de 1915, l'antisémitisme grandit de nouveau parmi les officiers. Les soldats juifs sont régulièrement humiliés et traités de lâches.

 
Carte postale illustrant la légende du coup de poignard dans le dos, 1919

Lorsqu'il devient évident que la guerre va durer longtemps, la rumeur se répand qu'il faut en incomber la faute aux marchands d'armes juifs qui n'ont pas encore gagné assez d'argent à leur goût. En réalité, « les profiteurs de guerre sont plutôt à chercher du côté des grands patrons allemands de l'industrie d'armement et de la métallurgie. »90

Les Juifs passent aussi pour des planqués qui obtiennent des postes à l'arrière dans les services administratifs de l'armée. En 1916, Le ministre de la guerre de l'État de Prusse ordonne le recensement des Juifs (le Judenzählung) au front pour voir si leur pourcentage est le même que celui des non-juifs par rapport à leur nombre total dans la population64. Ce recensement sème le trouble parmi les soldats, d'autant plus que le ministère refuse d'en publier les résultats comme le demandaient les organisations juives, et a comme conséquence le développement de l'antisémitisme parmi eux. Lorsque les résultats démontrent que les Juifs sont souvent volontaires pour se porter en première ligne, ils sont tout simplement consignés.

Les Juifs subissent de plus en plus la diffamation et la ségrégation de la part de leurs frères d'armes. Quand la guerre tourne à la catastrophe nationale, l'extrême droite allemande met en accusation la prédominance des Juifs dans l'économie et la politique comme explication de la défaite46. C'est le mythe du « coup de poignard dans le dos »(de : Dolchstoßlegende, en : Stab-in-the-Back), d'une alliance contre l'Allemagne des Juifs bolcheviques et des Juifs capitalistes21.

A suivre

21) Esther Benbassa, « Antisémitisme », Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007

46) Michael Berger, « Iron cross and star of David, the jews in the german armies » [archive], sur trafoberlin.de (consulté le 5 avril 2008)

51) Les cahiers de la Shoah, n°1, « Juifs et Allemands : une "symbiose" problématique » [archive], sur anti-rev.org (consulté le 23 mars 2008)

64) Gordon A. Craig, « The Pity of It All: A History of Jews in Germany, 1743-1933, Review essay » [archive], sur site.www.umb.edu (consulté le 6 avril 2008)

89) Helmut Berding, p. 154

90) Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen Âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 141.

 

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