Rouge et variations... Le poétique virus ne nous fait pâlir, il nous fait jouir (XVI)
L'étoffe rouge enrage les taureaux ;
Les drapeaux galvanisent les humains ;
Servant leur pays, ils sont des héros,
Pourtant l’infamie coule entre leurs mains.
Les fous endoctrinés ont le béguin
De ces vierges immaculées de sang
Les recouvrant de rouge, de sanguin,
Dans un paradis qui tue l'innocent.
L'âme vaurienne rouge de vergogne
Se morfond sous la chape des remords ;
Aux peines des martyrs elle se cogne ;
Les sanglots la hantent jusqu'à la mort.
La couleur rouge de maintes passions
Scintille dans l'antre de la folie ;
La haine flamboie dans l'aberration ;
L'amour rallume la chair ramollie.
Rougit par le désir, il court la gueuse ;
Lorsqu'il l'aperçoit, son âme frémit ;
Félicité suprême ou passion nargueuse,
Aux brumes du matin, l'amant gémit.
Le fil rouge du défavorisé
Entoure la révolte ensemencée
Dans les joies qui se sont vaporisées
En de vertes chimères insensées.
Elles ont été marquées au fer rouge ;
Sous l'horrible cagnard, les femmes pleurent,
La faim tenaille l'homme dans un bouge ;
Jour après jour, des milliers d'enfants meurent.
L'homme repu manquant de fantaisie
Se noie dans un vin rouge capiteux ;
Les malheurs du monde s'anesthésient,
Ailleurs, on entend hurler les miteux.
A l'aube de la nuit, l'astre rougit ;
En colère devant la destinée,
Il éclaire la chance qui surgit
Dans les infortunes abandonnées.
David Frenkel