Le poétique virus ne nous fait pâlir, il nous fait jouir (VI)
La plume est bien vivante
La lame des désirs endormis
Ondule sur la feuille vierge
Entre les larmes qui perlent le mirage
D'une opale montée en cœur,
Entre les sanglots qui dégoulinent de maux
Quand l'amour rampe sur la solitude.
La plume vogue après les vagues,
Turpitudes ballottées
Par l'aquilon et le zéphyr ;
elle s'étale sur le verbe,
Écoutant le ressac des sentiments
S'échouant sur les rives de la pensée
Qui s'apaisent en proses.
La plume éperdue frissonne.
Les mains de l'écrivain la bercent
Au son de ballades ensorceleuses
L’endormant dans un rêve :
La verve verbale coule
Du bec de la plume
En glouglous réguliers.
Vidée de toute son encre,
La plume trépasse rêveusement ;
Son âme s'est réincarnée
Dans la page cultivée.
La plume est bien vivante :
La sève de l'écrivain s'est épanchée
Au gré de la dextre,
Enveloppée dans l'écrin de l'aurore,
S'ouvrant à la brune déballée,
Dans les humeurs vagabondant
Sur les figures de l'imaginaire
Rejoignant la houle de l'écrivain
Hurlant d'impressions chaotiques.
La plume, la rame de l'écrivain,
Fend la tempête qui fait rage
Dans le purgatoire du silence.
David Frenkel