"Une opération spéciale" qui dure
Le 24 août marque le 31ème anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine après la chute de l'Union Soviétique, et cela, six mois jour pour jour après l’invasion de l’Ukraine que le sieur Poutine nomma, rappelons-nous, « Une opération spéciale ». Après avoir défendu bec et ongles Kiev, sa capitale, le pays eu raison des assauts russes dans plusieurs régions. Ceci nonobstant tout pronostic sur l’issue des combats très largement en faveur de la Russie.
Beaucoup commettent une erreur en ayant à l’esprit que le mérite de la résistance revient au président ukrainien Volodymyr Zelensky qui va à l’encontre des désidératas du peuple. Or, il en est rien. Mis à part son étonnante aptitude à se faire internationalement le chantre de la fermeté vis-à vis d’un Kremlin à la solde d'un despote, Zelensky porte bien la voix des citoyens ukrainiens. Alors, penser qu'il va irrémédiablement capituler devant les exigences de Vladimir Poutine, c'est faire fi de la révolte que cela susciterait au sein de la population. En effet, la grande majorité de celle-ci n’adhérerait pas à un compromis sous forme de reddition de territoires.
D’ailleurs, et par degré des crimes commis par la soldatesque russe, l’attitude intraitable progresse parmi les Ukrainiens ; un nombre important de ceux-ci allant même jusqu’à exiger la rétrocession de la Crimée et d’autres territoires saisis par l’ogre russe avant l’invasion.
On vient d’apprendre qu’au moins 15 personnes ont été tuées et 50 blessées aujourd’hui, 24 août dans une frappe russe ayant touché une gare ferroviaire dans le centre de l'Ukraine. Alors que l'essentiel des combats se déroule dans l'est et dans le sud de l'Ukraine, où aucun des deux camps ne semble progresser, la Russie frappe régulièrement les villes ukrainiennes avec des missiles à longue portée, selon Kiev. C’est monstrueux et pervers de la part d’un sanguinaire en proie à la gloire désuète de l’ancienne U.R.S.S.
De plus, bien des gens en Ukraine sont persuadés qu'un traité de paix avec le pays ne serait pour l'autocrate qu’une étape lui permettant de renforcer l'armée en vue d’une nouvelle confrontation.
Poutine a été surpris. Partant de l’idée que nombre d’Ukrainiens de langue et de culture russes souscriraient à l’invasion, il doit à présent constater que l’inimitié envers la Russie ne fait que progresser chez eux.
La leçon de ce conflit est la suivante : les prévisions ont été déjouées ; l’Ukraine vouée à être conquise par sont puissant voisin comme une bouchée de pain déconcerte au plus haut point.
Un mot encore pour terminer : ceux qui ne cessent de pleurnicher sur la neutralité perdue de la Suisse lors du conflit russo-ukrainien, ne comprennent pas qu’à l’heure où les guerres s’internationalisent, rester neutre tient de la gageure désuète. Par ailleurs, on a guère entendu de protestations lorsque la Helvétie s'est ralliée aux votes onusiens condamnant maints pays. Aussi a-t-elle sans honte bue rejoint la meute anti-israélienne en votant le 1er décembre dernier la résolution onusienne qui nie tout lien juif avec le mont du Temple et désigne le lieu le plus saint du judaïsme uniquement par son nom musulman "Al-Haram al-Sharif". Depuis la deuxième guerre mondiale, la Confédération helvétique met par touches sa neutralité au rancart.
David Frenkel