Vaillantes attitudes
Il ne payait pas de mine
Et travaillait à l’usine
On ne le remarquait guère
Il ne cherchait pas à plaire
Tout ce qui lui importait
C’était un travail bien fait
On ne l’a jamais promu
Car quand il était ému
Il souffrait de bégaiement
Qui les gênait grandement
Il s’était fait affecter
Dans la comptabilité
Après avoir travaillé
Dans l’insalubre atelier
Où l’on repeint des voitures
Aux délétères teintures
Cela faisait trente années
Que l’homme avait donné
Le meilleur de sa personne
Avant que la crise tonne
Le patron de l’entreprise
Voulant préserver sa mise
Convoqua cet homme preux
Et lui dit oui c’est affreux
Mais je dois vous licencier
Ou réduire de moitié
Votre rémunération
Je n’ai que ces solutions
Votre vieillesse me peine
Car vous restez à la traîne
C’est alors qu’une collègue
Prit en sympathie le bègue
Elle alla trouver son chef
Son franc parler était bref
Qui sait peut-être qu’un jour
Cela sera votre tour
Le supérieur tout en nage
Fit preuve d’un grand courage
N’agissez point de la sorte
dit-il d’une voix qui porte
En s’adressant au patron
Ne faites pas un affront
A ce travailleur fidèle
S’emporta-t-il de plus belle
Son âge ne doit pas être
Le prétexte pour le mettre
Dans la charrette des exclus
Il ne s’en remettra plus
Gardez ce brave employé
Qui s’est longtemps fourvoyé
En votre reconnaissance
Renoncez à la licence
Des mœurs économiques
Cela serait magnifique
Ce discours fit impression
L’homme restait en fonction
Ô vaillantes attitudes
Vous longez la rectitude
D’un beau trait de caractère
Aboutissant aux critères
D’une noble aspiration
Sublime consécration
David Frenkel
(Publié aussi sur le site De Plume en Plume)