Un nationalisme dépassé
Ainsi la Nati est éliminée. Au risque de paraître gonflant, je tiens à formuler mon agacement face au délire qui s’est accaparé d’un bon nombre de citoyens lorsque l’équipe suisse de football a éliminé l’équipe de France. On aurait dit que le dieu du football suisse s’est emparé de maints citoyens qui ont trouvé dans onze bonhommes leur déité. Les chirurgiens qui sauvent des vies en donnant le meilleur d’eux-même, le personnel qui en toute discrétion donne de son énergie pour alléger les souffrances des malades, et pour ne citer que ces travailleurs de l’ombre, n’ont pas droit au concert de louanges dithyrambiques dont bénéficient onze types tapant dans un ballon. Lorsque l’on sait que la chance influe une bonne part sur la victoire, il est saugrenu de porter aux nues des footballeurs qui sont grassement payés alors que l’on tait les mérites professionnels de ceux qui améliorent la qualité de nos vies. Il est en outre triste de constater que la devise «Du pain et des jeux» s’ouvre encore trop souvent à la dimension d'un nationalisme dépassé. A l’heure de la mondialisation politique et économique, se parer d’un quelconque drapeau ou d’un maillot auxquels on s’identifie devient désuet, et cela d’autant plus que les équipes de football sont de plus en plus constituées de populations immigrées. Heureusement pour la paix universelle, la Suisse, comme nombre d’autres pays, devient lentement mais sûrement, un creuset dans lequel le nationalisme n’a plus sa place. Louons donc un sportif, une équipe sportive, pour leur performance, et individuellement, et non pour leur appartenance à telle ou telle nation. C'est Granit Xhaka et compagnie qui ont gagné ou perdu, mais non l'équipe de Suisse.
Je sais que mon billet, provocateur, fera mousser bon nombre de gens, mais tant pis, j'assumerai.
David Frenkel