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  • Des vies anonymes

    L’amitié se vautre

    Dans le cœur de l’autre ;

    L’œil indifférent,

    Comme un blanc écran,

    Absorbe l’image

    D’un voisin d’étage.

    Un bonjour muet

    Met l’homme fluet

    Dans le vil oubli

    Qui fera le lit

    De vaines tristesses

    Qu’aucun ne caresse.

    L’autre en sentinelle

    Tourne la prunelle

    Vers la sombre impasse 

    Quand le voisin passe.

    Le dédain s’arrête

    Dans la fière tête.

    La fraternité

    Habite à côté,

    Mais l’autre n’en a cure,

    Il rase les murs,

    Craignant l’amitié,

    Cette belle moitié

    Partageant en deux

    Les instants joyeux ;

    La douleur entière,

    Las fera litière

    D’un homme incommode.

    Le sourire est le code

    De la bonne entente ;

    La langue avenante

    Rattache les hommes ;

    La sympathie gomme

    Bien des différences,

    Et bien des souffrances.

    David Frenkel